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conscience

nf (kon-si-an-s')
  • 1Sentiment de soi-même ou mode de la sensibilité générale qui nous permet de juger de notre existence : c'est ce que les métaphysiciens nomment la conscience du moi. Sitôt que nous avons la conscience de nos sensations. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] C'est alors qu'il prend la conscience de lui-même. [Rousseau, ib. 2] La conscience est le sentiment intime, immédiat, constant de l'activité du moi dans chacun des phénomènes de sa vie morale. Dict. des sci. phil. Conscience] On pourrait définir la conscience le sentiment du moi dans tous les phénomènes de la vie morale. ib.]

    Double conscience, phénomène qui s'observe chez les somnambules, et qui consiste en ce qu'ils ont deux existences dont chacune ignore l'autre : dans la veille, ils ne se souviennent pas de ce qu'ils ont fait pendant leur sommeil somnambulique, et, pendant le somnambulisme, ils ne se souviennent pas de ce qu'ils ont fait pendant la veille, quoiqu'ils rattachent très bien ensemble tous les actes qui se passent respectivement dans chacun de ces deux états.

  • 2Témoignage ou jugement secret de l'âme, qui donne l'approbation aux actions bonnes et qui fait reproche des mauvaises ; ou, autrement, mode d'émotion de l'ensemble des instincts bienveillants et désintéressés, ensemble qui porte aussi le nom de sens moral. La voix de la conscience. Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence L'état de notre conscience. [La Fontaine, Fables] Il parle contre sa conscience. [Fénelon, Télémaque] Paul, patriarche de Constantinople, déclara sur la fin de sa vie qu'il avait combattu les images [qu'il avait été iconoclaste] contre sa conscience. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] À ce dernier moment la conscience presse. [Corneille, Nicomède] Elle lui pardonna son crime, le livrant pour tout supplice à sa conscience. [Bossuet, Oraisons funèbres] Selon divers besoins il est une science D'étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l'action Avec la pureté de notre intention. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] M. Bucquet réunissait toutes ces qualités ; il y joignait ce courage qui sait préférer le sentiment de la conscience à l'opinion de ceux même qu'on estime. [Condorcet, Bucquet.] Aucun des ministres déplacés ne fut exilé ; l'ambitieux est assez puni par la perte de son pouvoir ; l'homme vertueux jouit en paix, dans une retraite libre, de sa renommée et du témoignage de sa conscience. [Condorcet, Maurepas.] S'il est contraire à la morale d'agir contre sa conscience, il ne l'est pas moins de se faire une conscience d'après des principes faux et arbitraires ; l'obligation de faire sa conscience est antérieure à l'obligation de suivre sa conscience. [Mirabeau, Collection complète des travaux de M. Mirabeau l'aîné] Vous [les quakers] n'avez pas pris Dieu à témoin, mais vous avez attesté votre conscience, et une conscience pure n'est-elle pas aussi un ciel sans nuage ? [Mirabeau, ib. t. V, p. 364] Ordonnez, rien ne coûte à son obéissance, Et du soin de vous plaire il fait sa conscience. [Chénier M. J. Tibère, I, 4]

    Pénétrer dans la conscience, savoir ce qui est dans le coeur d'autrui. Les juges, qui ne pénètrent pas dans les consciences, ne jugent que par le dehors de l'action, au lieu que nous regardons principalement à l'intention. [Pascal, Les provinciales]

    Opprimer les consciences, empêcher par la force et l'intimidation la manifestation des sentiments religieux ou moraux. Les consciences hardies opprimèrent les consciences faibles, et l'époque de ce grand phénomène fut celle d'une grande servitude. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    La conscience publique, l'ensemble des opinions morales d'une société, d'un peuple, d'une époque, qui font approuver ou blâmer. Quelles que soient ces lois, il faut toujours les suivre et les regarder comme la conscience publique, à laquelle celle des particuliers doit se conformer toujours. [Montesquieu, Lettres persanes]

    Sur mon honneur et sur ma conscience, serment que prononce le chef du jury avant de lire le verdict.

    Sur ma conscience, en ma conscience, en conscience, sorte de serment familier.

    Avoir une chose sur la conscience, se la reprocher. Vous ne pouviez les porter longtemps sur la conscience. [Massillon, Avent, Délai de la conv.]

    Familièrement. Avoir sur la conscience, répondre de. M. de la Garde aura sur la conscience tous ces mariages. [Sévigné, 314] Vous voulez donc que je mette sur ma conscience le paquet de cette femme ? [Sévigné, 62] Je mets sur votre conscience tout le bien que vous dites de moi. [Sévigné, 233]

    J'en ai la conscience nette, je n'ai point cela à me reprocher.

    Avoir les mains pures et la conscience nette, être irréprochable.

    Dire tout ce qu'on a sur la conscience, donner un libre cours à des plaintes qu'on croit fondées et qu'on retenait.

    Décharger sa conscience, soulager sa conscience, dire une pensée intime que l'on croit devoir dire.

    Avoir de la conscience, être homme de conscience, être incapable de forfaire à l'honneur, à la probité. Je serais assez lâche pour vous déshonorer ? Non, non, j'ai trop de conscience pour cela. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Quand ils sont gens de conscience. [Pascal, Les provinciales] Nous avons considéré, à l'égard des valets, la peine qu'ils ont, quand ils sont gens de conscience, à servir des maîtres débauchés. [Pascal, ib.]

    N'avoir point de conscience, être sans conscience, ne se faire scrupule de rien.

    Avoir la conscience large, avoir peu de scrupules. L'un et l'autre avaient la conscience assez large. [Scarron, Le Roman comique]

    Mariage de conscience, mariage que l'on fait pour satisfaire à sa conscience, pour régulariser une union irrégulière. Oh ! puisque c'est un mariage de conscience, je n'ai plus rien à vous dire. [Dancourt, Le chevalier à la mode]

    Faire conscience de, avoir conscience de, avoir scrupule de, ne pas vouloir. Et de m'ôter mon bien que l'on ait conscience. [Régnier, Satires] Je fais conscience de la regretter. [Voiture, Lettres] Qui n'a pas honte de manquer de parole aux hommes, ne fait pas conscience de tromper les dieux. [Vaug. Q. C. 424] Alix fit conscience De n'avoir pas mieux gagné son argent. [La Fontaine, Quipr.]

    On a dit aussi, avec la négation, ne pas faire de conscience. N'en faites point de conscience. [La Fontaine, Cord.]

    Dans le même sens, se faire une conscience. Vous vous feriez une conscience de faire payer ce que vous ne pouvez leur apprendre [à vos disciples]. [Fénelon, Socrate.]

    Se faire une affaire de conscience, regarder comme un devoir. Ils se font une affaire de conscience de souffrir toutes sortes de religions. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    C'est conscience de, il y a conscience à faire telle chose, c'est-à-dire on la ferait si la conscience ne s'y opposait, on serait coupable de la faire. Ton coeur.... tiendrait ses lâchetés à quelque conscience. [Régnier, Épîtres] Mais au moins, monsieur, ne m'allez pas tromper ; il y aurait de la conscience à vous, et vous voyez que j'y vais de bonne foi. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] C'est une conscience Que de vous laisser faire une telle alliance. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] C'est conscience à ceux [de tromper ceux] qui s'assurent en nous, Mais c'est pain bénit, certe, à des gens comme vous. [Molière, L'école des maris] Il y avait de la conscience à laisser tromper le pauvre Savoyard. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il fait trop cher mourir, ce serait conscience ; Jamais de mon vivant je n'aimai la dépense. [Regnard, Le légataire universel]

    En sûreté de conscience, à l'abri des reproches que peut faire la conscience. Les services qu'ils peuvent rendre en sûreté de conscience. [Pascal, Les provinciales]

    En conscience, selon les lois de la probité, les règles de la conscience. Dites-moi en votre conscience. [Régnier, Satires] Relever ses cheveux, dire : en ma conscience. [Régnier, ib.] En conscience, quels desseins peut avoir un homme entre le sentiment du mal et l'appréhension de la mort ? [Guez de Balzac, Correspondance] Agissez en conscience dans le rapport que vous faites. [Bossuet, Lett. abb. 87] On ne peut pas se déclarer en conscience. [Bossuet, ib. 31] On ne peut pas en bonne conscience enseigner diversement. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Il dit que le pauvre peut voler le riche en conscience. [Pascal, Les provinciales] Vous êtes obligés, en conscience, de dire.... [Pascal, Les provinciales] Je ne crois pas que je doive croire en conscience ce que vous m'en dites. [Sévigné, 512]

    En bonne conscience signifie aussi avec franchise.

    Par acquit de conscience, proprement pour le seul effet d'acquitter la conscience, et, par suite, négligemment, sans intérêt. Il a fait cela par acquit de conscience.

  • 3 Terme de religion. Le sentiment des fautes commises. Faire son examen de conscience. Directeur de conscience. On ne les envoie à la mort qu'après leur avoir donné le moyen de pourvoir à leur conscience. [Pascal, Les provinciales] On se fait aisément de fausses consciences ; on étouffe tous les remords du péché. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 16] Ils [les jésuites] ont assez bonne opinion d'eux-mêmes pour croire qu'il est utile et comme nécessaire au bien de la religion, que leur crédit s'étende partout et qu'ils gouvernent toutes les consciences. [Pascal, Les provinciales] On est obligé de reprocher à ces peuples d'avoir été trop soumis, puisqu'ils ont mis sous le joug leur foi même et leur conscience. [Bossuet, Oraisons funèbres] Retirée à la campagne, séquestrée du monde, elle s'occupa trois ans entiers à régler sa conscience et ses affaires. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Cas de conscience, difficulté sur ce que la religion permet ou défend en certaines circonstances. Vous avez très bien résolu le cas de conscience. [Bossuet, Lett. abb. 22] Quand vous avez entrepris de décider les cas de conscience d'une manière favorable et accommodante. [Pascal, Les provinciales]

    Se faire un cas de conscience de quelque chose, s'en faire scrupule.

    Liberté de conscience, liberté de ne pas professer la religion dominante dans un pays et de suivre en secret celle à laquelle on appartient ; elle diffère de la liberté des cultes qui permet d'exercer le culte auquel on est attaché.

    Conseil de conscience, conseil qui était autrefois établi pour régler les affaires ecclésiastiques.

  • 4La région du coeur considéré comme le siége de la conscience ; ne s'emploie, en ce sens, que dans les locutions suivantes : Mettre la main sur la conscience, s'examiner de bonne foi. Mais, monsieur, mettez la main à la conscience, est-ce que vous êtes malade ? [Molière, Le malade imaginaire] Que chacun mette la main à la conscience. [Bossuet, Préf. rel.] Mets la main sur ta conscience. [Bossuet, Nécess. 1] Mettons la main sur nos consciences. [Bossuet, Soumiss. 2] Mettez la main à la conscience, n'ai-je pas plus de droits que lui [le duc de Chevreuse] ? [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Elliptiquement. La main sur la conscience, en toute sincérité. Dites-nous, la main sur la conscience, si vous avez quelque chose à vous reprocher.

    Familièrement. Se mettre quelque chose sur la conscience, mettre quelque chose dans son estomac, l'avaler. Mettez ce verre de vin sur votre conscience.

    Partie ronde que le serrurier applique contre sa poitrine, quand il fait tourner un outil muni d'une mèche.

  • 5En un sens restreint, soin minutieux. J'ai fait ce travail en conscience. J'y mets de la conscience.
  • 6 Terme d'imprimerie. Travail à la journée, sans autre mesure que la conscience de l'ouvrier. Mettre un compositeur en conscience.

    Les compositeurs qui travaillent en conscience. C'est ordinairement la conscience qui corrige les tierces.

    Le lieu où ils travaillent.

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