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conte

nm (kon-t')
  • 1Récit, rapport, et, particulièrement, récit de quelque anecdote, de quelque aventure. Un bon conte. Il sait des contes de toute sorte. Il fait un conte mieux qu'homme du monde. Tu fais après cela des contes superflus. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] J'ai une démangeaison naturelle à faire part des contes que je sais. [Molière, Les fourberies de Scapin] J'étais toute remplie du conte et je brûlais de le redire. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Des personnes qui disent de sots contes. [Pascal, J. C. 43] Dans la conversation, ce qu'on appelle conte est le récit bref et rapide de quelque chose de plaisant. [Marmontel, Éléments de littérature] On en fit le conte à la reine. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] De grâce n'allez pas divulguer un tel conte. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] À cause des contes perpétuels qu'ils nous en font. [Sévigné, 243] Il nous fit l'autre jour un fort plaisant conte. [Sévigné, 504] Ses ennemis [de Bion] avaient fait des contes au roi Antigonus, au sujet de sa naissance ignominieuse. [Fénelon, Bion.] On aura fait quelque conte, Et de dépit transportés Peut-être ils règlent le compte De leurs infidélités. [Béranger, Bon ménage.]

    Familièrement. Quel conte me faites-vous avec vos dépenses ? c'est-à-dire, que me parlez-vous de dépenses ? c'est-à-dire encore, vous me parlez de dépenses qui ne sont pas réelles ou auxquelles je ne veux pas prendre part.

  • 2Récit d'aventures merveilleuses ou autres, fait en vue d'amuser. Les contes de fées. Les contes de Perrault. On fait en Italie un conte assez plaisant. [Régnier, Satires] Boccace en fait certain conte pour rire. [La Fontaine, Mazet.] Maudit censeur, te tairas-tu ? Ne saurai-je achever mon conte ? [La Fontaine, Fables] Une morale nue apporte de l'ennui ; Le conte fait passer le précepte avec lui. [La Fontaine, ib. VI, 1] Le conte est du bon temps, non du temps où nous sommes. [La Fontaine, ib. X, 10] Jamais ce qu'on appelle un bon conte ne passe d'une main à l'autre sans recevoir quelque embellissement. [La Fontaine, Contes, Préf. du tome II] Les aises de la vie, l'abondance, le calme d'une grande prospérité font que les princes ont de la joie de reste pour rire d'un nain, d'un singe, d'un imbécile et d'un mauvais conte. [La Bruyère, IX.] Qui croirait que le ménestrel Rutebeuf, Hébert et d'autres auteurs aussi inconnus et en apparence aussi méprisables, fussent les originaux des meilleurs contes de Bocace ? [Fontenelle, Eloge des académiciens] C'est à qui trouvera les meilleures chansons, à qui fera les meilleurs contes. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Contes bleus, contes de fées et autres récits de ce genre, ainsi dits parce qu'ils étaient d'ordinaire couverts d'un papier bleu ; et par extension, récits imaginaires, raisons sans fondement, billevesées. Les pères, les maris me prendront aux cheveux, Pour dix ou douze contes bleus ! [La Fontaine, Oies.] Voilà les contes bleus qu'il vous faut pour vous plaire. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Nargue des vertus ! On n'en sait que faire ; Aux sots revêtus Le tout est de plaire ; De ses contes bleus L'honneur nous assomme. [Béranger, Scand.]

    Récit où une aventure plus ou moins libre est racontée. J'avais résolu de ne consentir à l'impression de ces contes qu'après que j'y pourrais joindre ceux de Boccace qui sont le plus à mon goût. [La Fontaine, Contes, préface du tome I] On m'en peut faire deux principales [objections] : l'une que ce livre est licencieux, l'autre qu'il n'épargne pas assez le beau sexe ; quant à la première, je dis hardiment que la nature du conte le voulait ainsi, étant une loi indispensable selon Horace et selon la raison et le sens commun de se conformer aux choses dont on écrit. [La Fontaine, ib.] Ce principe une fois posé, ce n'est pas une faute de jugement que d'entretenir les gens d'aujourd'hui de contes un peu libres. [La Fontaine, ib.] Je ne pèche pas non plus en cela contre la morale ; s'il y a quelque chose dans nos écrits qui puisse faire impression sur les âmes, ce n'est nullement la gaieté de ces contes ; je craindrais plutôt une douce mélancolie où les romans les plus chastes et les plus modestes sont très capables de nous plonger. [La Fontaine, ib.]

    Conte gras, conte graveleux.

  • 3 Par extension, discours ou récit mensonger, peu vraisemblable et auquel on ne croit pas. Jugez par là combien ce conte est ridicule. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Certes, ma soeur, le conte est fait avec adresse. [Corneille, La mort de Pompée] Je le sers aussitôt d'un conte imaginaire Qui l'étonne lui-même et le force à se taire. [Corneille, Le menteur] C'est un conte à n'y rien connaître, Un conte extravagant, ridicule, importun ; Cela choque le sens commun ; Mais cela ne laisse pas d'être. [Molière, L'amphytrion] .... Je vois que d'un conte odieux Vous avez, comme moi, sali votre mémoire. [Boileau, Satires] Ils nous donnent encore, avec leurs lois sévères, De cent sots contes par le nez. [Molière, L'amphytrion]

    Faire des contes, dire des choses qui sont sans fondement. Ce sont apparemment mes ennemis, madame, qui vous ont fait ces contes ; ils vont criant que je suis mal en cour. [Voltaire, le Taureau blanc.]

    On dit en ce sens : conte de bonne femme, conte borgne, conte à dormir debout, conte de vieille, conte d'enfant, conte de ma mère l'oie, conte de ou à la cigogne, conte de peau d'âne. Dans ces diverses cosmogonies, on est placé entre des contes d'enfants et des abstractions de philosophes. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Conte en l'air, mensonge, duperie. Ce ne sont pas là des contes en l'air comme les vôtres. [Pascal, Les provinciales] Mais il prend mes avis pour des contes en l'air. [Molière, L'école des maris]

    Voilà un beau conte, de beaux contes ! se dit pour exprimer qu'on n'ajoute aucune foi aux récits, aux paroles de quelqu'un.

    Conte fait à plaisir, récit inventé de toute pièce. Ce privilége [de changer le récit] cessera-t-il à l'égard des contes faits à plaisir, et faudra-t-il dorénavant avoir plus de respect pour le mensonge que les anciens n'en ont eu pour la vérité ? [La Fontaine, Contes, préface du tome II]

SYNONYME

CONTE, FABLE, NOUVELLE, ROMAN. Il n'y a pas de différence fondamentale entre le conte et le roman ; l'un et l'autre sont des narrations mensongères ou regardées comme telles. Tout ce qu'on peut dire, c'est que conte est le terme générique puisqu'il s'applique à toutes les narrations fictives, depuis les plus courtes jusqu'aux plus longues. Le roman ne se dit que de celles-ci. Un conte de trois pages ne s'appellera jamais un roman, tandis qu'un roman est, dans toute la rigueur du terme, un conte suffisamment long. La nouvelle ne se distingue pas non plus au fond du conte ou du roman. Dans l'usage ordinaire, c'est un roman de petite dimension dont le sujet est présenté comme nouveau ou peu ancien, ou avec des détails inconnus jusqu'ici. La fable, dans le sens d'apologue, est le récit d'une petite scène entre des animaux ou des végétaux auxquels on prête les sentiments et le langage humains. Dans la conversation, quand après un récit entendu on dit : c'est un conte, ou c'est une fable, on entend que le récit n'est pas vrai. Quand on dit : c'est un roman, on veut dire que les aventures racontées sont extraordinaires ; elles peuvent néanmoins être vraies.

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