crouler

• 1S'affaisser avec fracas, en parlant de masses solides qui tombent. N'est-ce que quand la maison croule Qu'on permet de crier au feu ? [Béranger, Chansons] Ses greniers crouleront sous leur charge pesante. [Segrais, Géorg. I] Ces gigantesques monts crouleront à leur tour. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses] L'illusion n'est plus, et son temple a croulé. [Bernis, Relig. vengée, III] Tes greniers crouleront sous tes grains entassés. [Delille, Les Géorgiques, traduction de Virgile] À demi renversé croule un antique mont Avec les vieux sapins qui couronnent son front. [Id. Parad. perdu, VI] Et sur son frêle appui le colosse a croulé. [Id. Trois règnes, I]
• 2 Fig. Je vois crouler sur moi le fatal édifice Que mes mains élevaient avec tant d'artifice. [Voltaire, Marianne, II, 1] Tous leurs systèmes [à ceux-ci ou à ceux-là] croulent par quelque endroit. [Voltaire, Eléments de la philosophie de Newton mis à la portée de tout le monde] Ce point une fois manqué, Il est aisé de voir que tout le système de M. l'abbé Dubos croule de fond en comble. [Montesquieu, L'esprit des lois] L'ouvrage de la sagesse n'est pas éternel, mais celui de la folie s'ébranle sans cesse et ne tarde pas à crouler. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
• 3 vt Agiter, secouer. En ce sens il a vieilli, mais il reste très usité comme terme provincial. Je les compare à ces ambitieux Qui, monts sur monts, déclarèrent la guerre Aux immortels ; Jupin, croulant la terre, Les abîma sous des rochers affreux. [La Fontaine, Ballade au roi, 1684, Poésies mêlées, LVII]

  Terme de marine. Lancer à la mer. Crouler un vaisseau.

  Terme de vénerie. Crouler la queue, remuer la queue, en parlant d'une bête qui s'effraye.