culte
- 1Honneur qu'on rend à la divinité. Le culte du vrai Dieu. Le culte divin. Les théologiens distinguent trois sortes de culte : celui de latrie qui n'appartient qu'au souverain être ; celui de dulie, qui se rend aux saints ; et celui d'hyperdulie qu'on doit à la sainte Vierge.
La réponse des Juifs était aisée : Les illusions des magiciens n'ont jamais un effet durable, ni ne tendent à établir, comme a fait Moïse, le culte du Dieu véritable et la sainteté de vie
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Quel est cet aveuglement dans une âme chrétienne, et qui le pourrait comprendre, d'être incapable de manquer aux hommes et de ne craindre pas de manquer à Dieu ; comme si le culte de Dieu ne tenait aucun rang parmi les devoirs
. [Bossuet, Oraisons funèbres] - 2Dans les religions polythéistiques, honneurs qu'on rend aux dieux. Le culte des idoles, des faux dieux. Les Chinois rendent à leurs ancêtres une espèce de culte.
Qui oserait raconter les cérémonies des dieux immortels et leurs mystères impurs ? Leurs amours, leurs cruautés, leurs jalousies et tous leurs autres excès étaient le sujet de leurs fêtes, de leurs sacrifices, des hymnes qu'on leur chantait, et des peintures que l'on consacrait dans leurs temples ; ainsi le crime était adoré et reconnu nécessaire au culte des dieux
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Platon, qui voyait la Grèce et tous les pays du monde remplis d'un culte insensé et scandaleux, ne laisse pas de poser comme un fondement de sa république, qu'il ne faut jamais rien changer dans la religion qu'on trouve établie et que c'est avoir perdu le sens que d'y penser
. [Bossuet, ib.]Ces enseignes étaient aux soldats un objet de culte
. [Bossuet, ib. II, 9]Il se mêlait de la politique dans les honneurs qu'ils [les païens] rendaient à Jésus-Christ : ils prétendaient qu'à la fin les religions s'uniraient et que les dieux de toutes les sectes deviendraient communs ; les chrétiens ne connaissaient pas ce culte mêlé et ne méprisèrent pas moins les condescendances que les rigueurs de la politique romaine
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Ne descendez-vous pas de ces fameux lévites Qui, lorsqu'au dieu du Nil le volage Israël Rendit dans le désert un culte criminel....
[Racine, Athalie]Fig. Se vouer au culte des muses, s'adonner à la poésie, aux arts libéraux.
- 3Religion considérée dans ses manifestations extérieures. Interdire, abolir, rétablir un culte. La liberté des cultes.
Après avoir marqué que les Romains avaient honoré les dieux sans statues pendant plus de 170 ans, Varron ajoute que, si l'on avait conservé cette coutume, le culte des dieux en serait plus pur et plus saint
. [Rollin, Histoire ancienne]Moins un culte est raisonnable, plus on cherche à l'établir par la force
. [Rousseau, Correspondance]Ne confondons point le cérémonial de la religion ; le culte que Dieu demande est celui du coeur, et celui-là, quand il est sincère, est toujours uniforme
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Je lui dirai le culte où mon coeur est lié
. [Voltaire, Zaïre]Pour un de ces tyrans que notre culte abhorre
. [Voltaire, Tancrède]Le culte extérieur, les cérémonies qui se pratiquent au dehors des temples.
La religion des Natchez se bornait à l'adoration du soleil ; mais cette croyance était accompagnée de beaucoup de culte, et, par conséquent, suivie de mauvais effets
. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]Le culte domestique, les prières, les lectures pieuses, etc. qui se font en commun dans la famille.
- 4 Par extension, vénération profonde. Ils rendaient à sa mémoire une sorte de culte.
Impatient des cultes qu'on rend à la fortune d'un ministre
. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]Fagon aimait en tout la médecine jusqu'au culte
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Oui, j'eus pour Scipion Ce culte qu'il est doux d'accorder au génie
. [Chénier M. J. Gracques, II, 3]Eh ! qui pourrait compter tous les cultes divers Qui font de l'intérêt le dieu de l'univers ?
[Delille, L'imagination]
REMARQUE
Vaugelas observe que culte est fort nouveau dans la langue ; que Coeffeteau n'en a jamais usé, le rejetant à cause de sa rudesse et de la mauvaise équivoque, et que plusieurs personnes de la cour, hommes et femmes, le condamnent et ne le peuvent souffrir ; mais pourtant qu'il est employé par les meilleurs écrivains, Bossuet, Bourdaloue, Fléchier, etc. Culte a heureusement triomphé de tous ces obstacles.
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