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dispenser

vt (di-span-sé)
  • 1Départir, distribuer. Et qu'à bien dispenser les choses, Il faut mêler, pour un guerrier, à peu de myrte et peu de roses, Force palme et force lauriers. [Malherbe, IV, 5] L'autorité de l'homme est de peu d'importance, Et passe en un moment ; Mais cette vérité que le ciel nous dispense Dure éternellement. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Les siens qu'il agrandit, les grâces qu'il dispense. [Rotrou, Venceslas] Au point que la nuit semble effacer les couleurs, Dispense le sommeil et charme les douleurs. [Brébeuf, Phars. II] Il est besoin d'une grande sagesse pour dispenser la connaissance de la vérité. [Arnauld, Fréquente communion, Préface] Quant à son temps, bien sut le dispenser : Deux parts en fit, dont il soulait passer L'une à dormir et l'autre à ne rien faire. [La Fontaine, Son épitaphe faite par lui-même] Qui dispense la réputation ? [Pascal, dans COUSIN] La sagesse qui dispense les grâces. [Bossuet, Oraisons funèbres] Dieu qui dispense les maux selon les forces. [Fléchier, Oraisons funèbres] Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits. [Racine, Athalie] Elle dispensa de grandes louanges à l'éducation qu'on donnait à Saint-Cyr. [Maintenon, Lettres] Gouverner les celliers et dispenser le vin. [Rollin, Histoire ancienne] Il [le soleil] dispense les jours, les saisons et les ans à des mondes divers autour de lui flottants. [Voltaire, La Henriade]
  • 2 Terme de pharmacie. Préparer. Vieux en ce sens. Dispenser la thériaque. Les statuts des épiciers portent que les aspirants à la maîtrise dispenseront leurs chefs-d'oeuvre en présence de tous les maîtres. [Furetière]
  • 3Au sens positif, qui dérive directement du sens de distribuer, mais qui a vieilli. Dispenser à, autoriser, permettre de faire quelque chose qui est défendu. Quoi ! s'il aimait ailleurs, serais-je dispensée à suivre à son exemple une ardeur insensée ? [Corneille, Polyeucte]
  • 4Au sens négatif qui est seul usité aujourd'hui. Dispenser de, permettre à quelqu'un de ne pas faire quelque chose qui est ordonné. Dispenser du jeûne. Dispenser de faire maigre. Le grand âge dispense d'aller à la guerre. Seigneur, c'est me ranger plus que vous ne pensez Sous ces austères lois dont vous me dispensez. [Racine, Phèdre]

    Fig. Et le soin de sa gloire à présent la dispense De se porter pour vous à cette violence. [Corneille, Nicomède] Dispense ma valeur d'un combat inégal. [Corneille, Le Cid] Il [Pilate] se contente de demander qu'on le délivre, ou qu'on le dispense de le condamner [Jésus-Christ]. [Massillon, Car. Pass.] Il en était de ces dîners comme de beaucoup d'autres où la société, jouissant d'ellemême, dispense l'hôte d'être aimable, pourvu qu'il la dispense de s'occuper de lui. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants] Votre bras, votre gloire ont combattu pour vous, Et dispensent d'aïeux un guerrier comme vous. [Ducis, Othello ou le more de Venise]

    Absolument. L'occasion convie, aide, engage, dispense. [Corneille, Le menteur]

  • 5Dispenser, sans régime indirect, absoudre ou relever d'une faute commise. Le pape seul peut dispenser en cas de simonie. Il faut qu'on soit dispensé pour obtenir deux bénéfices.
  • 6Il se dit en termes de civilité à l'impératif, pour demander la permission de ne pas faire quelque acte de politesse. Dispensez-moi de vous reconduire. Dispensez-moi de vous aller voir si souvent. Il faut que tes conseils m'aident à repousser.... Madame, au nom des dieux, veuillez m'en dispenser. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Adieu, dispensez-moi de parler là-dessus. [Corneille, Sertorius]

    Il se dit, aux autres modes, pour décharger, d'une façon polie, du soin de faire, de dire. Je l'ai dispensé de m'accompagner. Je vous dispense d'en dire davantage.

  • 7Se dispenser, vpron Être départi. Les honneurs se dispensent quelquefois au hasard.
  • 8Se dispenser à, prendre la permission de faire. Quand je me dispensais à lui mal obéir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Ma curiosité pour ce demi-quart d'heure S'osera dispenser.... [Corneille, Mélite] Et c'est aussi pourquoi ma bouche se dispense à vous ouvrir mon coeur avec plus d'assurance. [Molière, Le dépit amoureux] Je finis, mon très cher monsieur, en vous demandant pardon de ma longueur, mais surtout de ce que je me dispense si familièrement à m'écarter de mon sujet avec vous, qui avez l'esprit si juste et si délicat. [Bayle, Lett. à Minutoli, 31 janv. 1673]

    On a dit, dans le même sens, se dispenser de. On passe aisément d'un degré à l'autre ; ce qui s'est fait par une nécessité invincible, on prend droit, on se dispense de le faire sans nécessité. [Patru, Plaid. 6]

    Se dispenser avec à ou de, en ce sens, a vieilli.

  • 9S'exempter de, prendre la permission de ne pas faire. Il s'est dispensé d'aller à son bureau. C'étaient des superstitions respectables par leur ancienneté, autorisées par les lois de l'Empire et par le consentement de presque tous les peuples, dont il fallait se dispenser. [Massillon, Car. Immut. de la loi.]

    S'excuser de faire, s'abstenir. Comme assez près des murs il avait son escorte, Je me suis dispensé de le mettre plus loin. [Corneille, Sertorius] Dans les visites qui sont faites Le renard se dispense et se tient clos et coi. [La Fontaine, Fables]

REMARQUE

On notera dispenser à, se dispenser à, dans Corneille et dans Molière. Dispenser à, c'est permettre de ; dispenser de, c'est exempter de. Au reste, dispenser à a vieilli, et la signification s'en est obscurcie.

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