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doux, douce

adj. (do-, dou-s' ; l'x se lie : dou-z et poli)
  • 1Dont la saveur est agréable, qui n'a rien de rude. Amande, orange douce. Pomme douce. Contre la maxime de médecine, que toutes les choses douces se tournent en bile. [Voiture, Lettres]

    Sauce douce, sauce faite avec du sucre et du vinaigre.

    Mets trop doux, mets trop sucré.

    Vin doux, jus de raisin qui n'a pas encore fermenté, et qui est doux au goût.

    Qui manque d'assaisonnement. Une sauce trop douce.

    Qui n'est pas salé. Eau douce, celle des lacs et des rivières, par opposition à celle de la mer.

    Familièrement. Marin d'eau douce, se dit par raillerie d'un homme qui n'a navigué que sur les rivières ou qui a peu navigué.

    Un médecin d'eau douce, s'est dit pour mauvais médecin et qui ne sait que prescrire de l'eau claire.

  • 2 Par extension, qui fait sur les sens une impression agréable. Une chose douce au toucher. Un poil doux comme la soie. Une douce odeur. Doux parfum. Doux accents. Doux murmure. Un doux zéphyr. Air doux. Temps doux. Un doux sommeil. Une contrée fertile, douce, aimable, riante.... [Massillon, Car. Salut.] Ainsi, dans les dangers qui nous suivent en croupe, Le doux parler ne nuit de rien. [La Fontaine, Fables] Oh ! que j'aime bien mieux cet auteur plein d'adresse Qui, sans faire d'abord de si haute promesse, Me dit d'un ton aisé, doux, simple, harmonieux.... [Boileau, L'art poétique] Chantez le saule et sa douce verdure. [Ducis, Othello ou le more de Venise] Il a des vêtements plus doux, un asile mieux défendu contre l'injure des saisons. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] Il fait doux [c'est-à-dire la température de l'air est douce, tiède]. [Sévigné, 605]

    Une douce influence, une influence lente et salutaire.

    Un doux sommeil, un sommeil tranquille.

  • 3Qui n'a rien de difficile, de fatigant. Un escalier doux. Pente douce.

    Voiture douce, voiture qui, bien suspendue, ne secoue pas ceux qui sont dedans.

    Pluie douce, pluie menue, qui n'est pas froide, avec un temps calme.

    Lime douce, lime dont les aspérités sont fines et peu saillantes.

    Vue douce, vue où il y a d'agréables repos, tels que des prés, de petits bois, etc.

    Terme de peinture. L'effet d'un tableau est doux, quand il présente une juste gradation des clairs aux ombres, des couleurs brillantes aux couleurs graves. Doux en ce sens s'oppose à dur.

    Purgation douce, purgatif doux, purgation, purgatif qui agit sans tranchées.

    Chaleur douce, chaleur modérée.

    Feu doux, feu qui, dans les opérations de cuisson, n'est pas poussé vivement.

    Il se dit de certains métaux purs et peu cassants. Cuivre doux. Le fer doux, par opposition au fer aigre qui est cassant.

    Terme de gravure. Se dit d'un métal que le burin coupe aisément et nettement.

    Gravure en taille-douce, ou, simplement, taille-douce, gravure qui se fait avec le burin ou l'eau-forte sur des planches de cuivre, l'art de faire cette gravure.

    Taille-douce, voir TAILLE.

  • 4 Terme de grammaire. Les consonnes douces sont b, g et d, par opposition aux consonnes fortes qui sont p, k, t.

    Terme de grammaire grecque. Esprit doux, signe en forme de virgule, qui se met sur les voyelles initiales qui ne doivent pas être aspirées.

  • 5 Fig. Qui fait sur l'esprit ou le coeur une impression comparée à celle que font le miel et le sucre sur le goût. Il est doux de vivre en liberté. Vous dire, sans que tant de personnes l'entendent, ce que je sens pour vous, combien votre absence m'est insupportable et votre mémoire m'est douce. [Voiture, Lettres] Agréable colère ! Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! [Corneille, Le Cid] L'exemple est la plus douce et la plus forte loi. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] [Les religieux] Parlent peu, dorment peu, se lèvent du matin, Prolongent l'oraison, prolongent la lecture, Et sous ces dures lois font une douce fin. [Corneille, ib. I, 25] [devoirs] .... que vous êtes doux à mon coeur amoureux. [Corneille, Polyeucte] Les plus doux de mes voeux enfin sont exaucés. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Et ces grands coeurs, enflés du bruit de leurs combats, Souverains dans l'armée et parmi leurs soldats, Font du commandement une douce habitude. [Corneille, Nicomède] Porte, porte ce coeur à de plus douces chaînes. [Corneille, ib. V, 1] Tout ce qui naît de doux en l'amoureux empire. [La Fontaine, Adonis.] Cet espoir est bien doux à des coeurs offensés. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] C'est ainsi qu'une femme en doux amusements Sait du temps qui s'envole employer les moments. [Boileau, Satires] Vous trouverez ailleurs des entretiens plus doux. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Un bonheur si commun n'a pour moi rien de doux. [Racine, ib. V, 4] Et tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux De mourir avec lui, que de vivre avec vous. [Racine, Andromaque] J'y consens ; porte-lui cette douce nouvelle. [Racine, Britannicus] Ce port majestueux, cette douce présence.... [Racine, Bérénice] C'est une vengeance douce à celui qui aime beaucoup de faire, par tout son procédé, d'une personne ingrate une très ingrate. [La Bruyère, IV] S'il est doux et naturel de faire du mal à ce que l'on hait, l'est-il moins de faire du bien à ce que l'on aime ? [La Bruyère, Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle] Ô doux espoir à mon coeur éperdu. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] Doux bocage, adieu ; je succombe ; Tu m'avertis de mon destin ; De ma mort la feuille qui tombe Est le présage trop certain. [Millevoye, la Chute des feuilles.] Soleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor. [Béranger, Ad. à la camp.] Le 23, le quartier impérial était à Borowsk ; cette nuit fut douce pour l'empereur [qui se crut maître de la route de sa retraite hors de Moscou]. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812] Ils [les clairons] parlaient un langage Connu de mon oreille et doux à mon courage. [Delavigne, Le paria]

    Faire les doux yeux, ou les yeux doux, chercher à plaire. Ne fais point les doux yeux ; je veux être fâché. [Molière, Le dépit amoureux] A Colin toujours alerte, Ne faites pas les yeux doux. [Béranger, Mère aveugle.]

    Faire les doux yeux à une femme, chercher à gagner ses bonnes grâces.

    Billet doux, billet d'amour, de galanterie.

    Les doux propos, paroles de galanterie, d'amour.

    Familièrement. Entre doux et hagard, c'est-à-dire moitié rude et moitié doux ; et aussi ni bien ni mal, ou encore avec un mécontentement masqué sous une apparence de douceur. Comment l'a-t-il reçu ? entre doux et hagard.

  • 6Qui n'a rien de pénible, de rigoureux, de cruel. Une morale douce. Une douce raillerie. Le service est fort doux dans cette maison. Le supplice est trop doux, Et sans les voir d'un oeil trop sévère ou trop doux. [Corneille, Le Cid] ....Soit que l'issue en soit douce ou funeste. [Corneille, La mort de Pompée] Je n'ai donc pas besoin d'un visage plus doux. [Corneille, Nicomède] Que Rome a des conseils plus justes et plus doux. [Corneille, ib. V, 5] La remontrance est douce, obligeante, civile. [Corneille, La toison d'or] Durant tout ce temps et dans les tourments inouïs de sa dernière maladie oses maux s'augmentèrent jusqu'aux derniers excès, elle n'a eu à se repentir que d'avoir une seule fois souhaité une mort plus douce. [Bossuet, Oraisons funèbres] Enfin, tout ce qu'amour a de noeuds plus puissants, Doux reproches, transports sans cesse renaissants. [Racine, Bérénice] Seigneur, de mes malheurs ce sont là les plus doux. [Racine, Mithridate] Il ne faut jamais hasarder la plaisanterie, même la plus douce et la plus permise, qu'avec des gens polis ou qui ont de l'esprit. [La Bruyère, V] Dans la Lithuanie plus anciennement réunie, où une administration douce, des faveurs habilement distribuées et une plus longue habitude avaient fait oublier l'indépendance. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]
  • 7Qui a de la bénignité, de l'indulgence, de l'humanité. Un homme doux. Des moeurs douces. .... En ce grand bruit le sort nous est si doux Que nous n'avons encor rien à craindre pour vous. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Qu'il [le ciel] vous soit aussi doux que vous m'êtes barbare. [Rotrou, Antigone] Madame fut douce envers la mort, comme elle l'était envers tout le monde. [Bossuet, Oraisons funèbres] Le secours De quelque dieu plus doux qui veille sur ses jours. [Racine, Iphigénie en Aulide] Dieux plus doux, vous n'avez demandé que ma vie. [Racine, ib. V, 1] Hé ! qui jamais du ciel eut des regards plus doux ? [Racine, Esther] Les dieux me seraient-ils plus doux ? [Voltaire, Œdipe] Héros terrible et doux à tous tes ennemis. [Voltaire, Octave et le jeune Pompée, ou Le triumvirat] Vous qu'un astre plus doux semblait avoir formée. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin] Rendez-vous, je vous prie, un peu plus doux à vivre. [Boissy, Sage étourdi, II, 5]

    Doux comme un agneau, se dit d'une personne qui est pleine de bonté, de docilité. Avec Destin seul il était doux comme un agneau. [Scarron, Le Roman comique]

    On dit dans le même sens doux comme une fille, et même, avec quelque liberté dans le langage, doux comme une pucelle. Votre petit Allemand paraît extrêmement adroit au bon abbé ; il est beau comme un ange, et doux et honnête comme une pucelle. [Sévigné, Lett. 7 oct. 1676] Philosophe comme Spinosa, doux comme une fille. [Voltaire, Correspondance]

  • 8En parlant des animaux, qui n'est pas méchant. Un cheval doux. Ce chien est doux. Ni loups ni renards n'épiaient La douce et l'innocente proie. [La Fontaine, Fables]
  • 9Doux-amer s'est dit de ce qui a à la fois quelque chose de doux et quelque chose d'amer. Une satire, où d'un oeil doux-amer, Tout le monde s'y voit. [Régnier, Satires]
  • 10Doux, adv. Doucement. Vos paroles .... Résonnent doux à nos oreilles. [Régnier, Mac.] On va mieux quand on va doux. [La Fontaine, Cord.]

    Familièrement. Filer doux, demeurer dans la soumission ; ne rien répliquer à une injonction, à une réprimande. Monsieur, n'est-il pas temps ? Et moi de filer doux. [Régnier, Satires] Il fut contraint de filer doux. [Scarron, Le Roman comique] Ce moi qui le seul moi veut être, Ce moi qui m'a fait filer doux. [Molière, L'amphytrion] En vain tu files doux. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

    Il a avalé cela doux comme lait, se dit de celui qui ne s'est point ressenti d'un affront qu'on lui a fait ; et aussi d'une personne acceptant avec satisfaction les louanges qui lui sont données ; et, finalement, d'un homme simple à qui l'on fait croire ce qu'on veut.

  • 11Tout doux, loc. interj. familière, dont on se sert pour retenir quelqu'un qui s'emporte, qui s'oublie. Tout doux : et, s'il est vrai que ce soit chose faite, Voulez-vous l'approuver, cette chaîne secrète ? [Molière, Le dépit amoureux] Mon Dieu ! tout doux ; vous allez d'abord aux invectives ; est-ce que nous ne pouvons pas raisonner ensemble sans nous emporter ? [Molière, Le malade imaginaire] J'ai vu, dit-il, un chou plus grand qu'une maison ; Et moi, dit l'autre, un pot aussi grand qu'une église. Le premier se moquant, l'autre reprit : Tout doux ; On le fit pour cuire vos choux. [La Fontaine, Fables]
  • 12 nm Ce qui est doux. Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. [Boileau, L'art poétique] C'était la force et la sévérité qui sortait du doux et du clément. [Massillon, Oraisons funèbres et sermons] Il [le rossignol] saute du grave à l'aigu, du doux au fort. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Familièrement. Faire le doux, la douce, affecter une fausse douceur.

    A la douce, cri des rues de Paris annonçant des cerises douces à vendre.

    Populairement. A la douce, tout doucement, ni bien ni mal. Comment vous portez-vous ? - A la douce.

PROVERBES

Les douces paroles n'écorchent point la bouche, se dit pour reprocher à quelqu'un de ne s'être pas exprimé avec la douceur convenable.

Ce qui est amer à la bouche est doux au coeur, se dit pour inviter les gens à prendre une médecine désagréable ; et, figurément, se soumettre à quelque chose qui déplaît.

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