démentir
- 1Dire à quelqu'un ou de quelqu'un, qu'il n'a pas dit vrai.
À quoi bon se montrer et, comme un étourdi, Me venir démentir de tout ce que je di ?
[Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]Mon coeur ne prétend pas, seigneur, vous démentir ; Et je vous en croirai sur un simple soupir
. [Racine, Bérénice]Vous le craignez ; osez l'accuser la première Du crime dont il peut vous charger aujourd'hui ; Qui vous démentira ? tout parle contre lui
. [Racine, Phèdre]Josèphe voulut joindre à ses Antiquités l'histoire de sa vie, durant qu'il y avait encore plusieurs personnes qui pouvaient le démentir, s'il s'éloignait de la vérité
. [Rollin, Histoire ancienne]Sans cesse à l'excuser mon coeur ingénieux Trouvait quelque plaisir à démentir les dieux
. [Ducis, Hamlet]Ne pas croire, ne pas ajouter foi.
Lequel croire, Exupère, et lequel démentir ?
[Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]Protester contre la conduite de quelqu'un.
Il courut démentir une mère infidèle
. [Racine, Mithridate]Par extension, être la preuve que la vérité n'a pas été dite.
Son livre en paraissant dément tous les flatteurs
. [Boileau, Satires] - 2Nier la vérité, l'exactitude de quelque chose.
Démentir un acte
. [Patru, Plaidoyer 4, dans RICHELET]Eût-elle démenti ce billet de Maurice ?
[Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]Vous ne pouvez démentir l'Écriture sainte ni les conciles
. [Pascal, Les provinciales]Démentez donc, seigneur, ce bruit injurieux
. [Racine, Alexandre le grand]Tiens, perfide, regarde, et démens cet écrit
. [Racine, Bajazet]Et bientôt, démentant le faux bruit de sa mort, Mithridate lui-même arrive dans le port
. [Racine, Mithridate]Démentir sa promesse, ne pas la tenir.
Fig.
Si tu démens tes yeux, croiras-tu mon suffrage ?
[Corneille, Pertharite, roi des Lombards] - 3N'être pas conforme à, ne pas confirmer. C'est une chose que l'expérience dément tous les jours.
Ta mine ne dément point le lieu [la race] d'où j'apprends que tu es sorti
. [Vaugelas, Q. C. liv. IV, dans RICHELET]Beaucoup d'événements ont démenti leurs causes
. [Rotrou, Antigone]Et ne voyais-tu pas dans mes emportements Que mon coeur démentait ma bouche à tous moments ?
[Racine, Andromaque]Votre intention dément vos paroles
. [Bossuet, Char. frat. 3]L'événement n'a point démenti mon attente
. [Racine, Mithridate]Ses sentiments ne démentaient pas ses oeuvres publiques
. [Massillon, Oraisons funèbres et sermons]Son caractère ne démentait point sa physionomie
. [Rousseau, Les confessions]Ce qui se passait au Louvre ne démentait pas les fureurs de la ville
. [Anquet. Ligue, II, p. 43] - 4Faire des choses indignes de.
Tu m'as fait démentir l'honneur de ma naissance
. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Et je démens pour vous la voix de la nature
. [Corneille, Don Sanche]Je ne puis démentir cette horreur magnanime Qu'en recevant le jour je conçus pour le crime
. [Corneille, Tite et Bérénice]Incapable de démentir les maximes de ses premiers rois
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Au lieu de dire comme on dit communément : cet homme dément sa foi, je dirais presque : cet homme n'a plus absolument de foi
. [Bourdaloue, 3e dim. après l'Épiph. Dominic.]Il dément ses exploits et les rend superflus
. [Racine, Andromaque]Vous voulez que le roi s'abaisse et s'humilie ? Qu'il démente en un jour tout le cours sa vie ?
[Racine, Mithridate]Par antiphrase, en parlant des choses mauvaises, odieuses.
Oui vous êtes du sang d'Atrée et de Thyeste ; Vous ne démentez pas une race funeste
. [Racine, Iphigénie en Aulide]Je n'ai point de son sang démenti l'origine
. [Racine, Phèdre] - 5Être rebelle à.
Soit que je n'ose encor démentir le pouvoir De ces yeux où j'ai lu si longtemps mon devoir
. [Racine, Britannicus] - 6Se démentir, vpron Se donner un démenti, en parlant de deux personnes. Ils se sont démentis l'un l'autre.
- 7Se démentir, se contredire. Il se dément lui-même à tout propos.
Manquer à sa promesse. Vous nous avez promis votre appui ; n'allez pas vous démentir.
Être démenti.
Ce qu'il dit se dément soi-même
. [Bossuet, Préf.] - 8N'être pas conséquent avec soi-même, s'écarter de son caractère ; être en contradiction avec ses principes.
[Il] Fit ferme longtemps et puis se démentit
. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin]Tu te démens bientôt de tes bons sentiments
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]Notre personnage ne se dément point
. [Sévigné, 328]Non, tu ne te démens point, dit monsieur le prince, en l'ayant encore embrassé
. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]Titus n'a point pour moi paru se démentir
. [Racine, Bérénice]Et je sens qu'à l'instant, prompte à me démentir, Je fais des voeux secrets pour n'en jamais sortir
. [Voltaire, Zaïre]Il se dit des choses qui cessent d'être ce qu'elles étaient. Ses bontés pour moi ne se sont jamais démenties. Les caractères des personnages d'Homère ne se démentent jamais.
À considérer cette courtoisie si exacte et qui ne s'est jamais démentie
. [Voiture, Lettres]Que jusque-là ma gloire ose se démentir !
[Corneille, Polyeucte]Sa vertu jusqu'au bout ne s'est point démentie
. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]L'innocence qui ne s'est jamais démentie
. [Bossuet, 1, Nativ. 1]Tout se soutient dans cet homme, rien encore ne se dément dans cette grandeur qu'il a acquise, dont il ne doit rien, qu'il a payée
. [La Bruyère, VI]Une foi qui se dément dans les oeuvres
. [Massillon, Av. Disp.]Cette fierté qu'en nous soutient la modestie, Dans mon coeur à ce point ne s'est point démentie
. [Voltaire, Zaïre]Mais je connais le sort, il peut se démentir
. [Voltaire, La méroppe française] - 9 Terme de manége. Se démentir, se relâcher, changer, en parlant du cheval.
- 10 Terme de construction. Ne pas garder sa solidité, son arrangement. Ce bâtiment commence à se démentir. Cette cloison se dément.
Fig. par extension. Je me les représente tous ces globes qui sont en marche ; ils ne s'embarrassent point l'un l'autre.
ils ne se choquent point, ils ne se dérangent point : si le plus petit d'eux venait à se démentir et à rencontrer la terre, que deviendrait la terre ?
[La Bruyère, XVI]
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