dépens
- 1Déboursés. Il n'est guère usité (hors de la locution : aux dépens) que dans cette phrase : Gagner ses dépens, qui se dit d'une personne dont les services compensent les dépenses qu'elle occasionne.
- 2Aux dépens, aux frais de.
Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute
. [La Fontaine, Fables]Il y fut nourri aux dépens de sa patrie
. [Fénelon, Télémaque]Mummius, en recommandant le soin de cet amas précieux à ceux à qui il le confiait, les menaça très sérieusement, si les statues et les tableaux venaient à se perdre, de les obliger à en fournir d'autres à leurs dépens
. [Rollin, Histoire ancienne]Fig.
Je fis ma cour à vos dépens
. [Sévigné, 110]Martine : Il me plaît d'être battue. - Robert : D'accord. - Martine : Ce n'est pas à vos dépens
. [Molière, Le médecin malgré lui]Quand j'ai vu qu'à toute force ils voulaient que je fusse médecin, je me suis résolu de l'être aux dépens de qui il appartiendra
. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]Au lieu qu'ordinairement ils [les princes] n'apprennent qu'aux dépens de leurs sujets et de leur propre gloire à juger des affaires dangereuses qui leur arrivent
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Ils se sont raccommodés à vos dépens
. [Fénelon, Télémaque]Rire aux dépens de quelqu'un, s'amuser à son sujet, en faire le but de ses plaisanteries.
Vous apprendrez, maroufle, à rire à nos dépens
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]Aux dépens de Japhet je veux me divertir
. [Scarron, Dom Japhet d'Arménie]J'ai bien à vos dépens jusqu'ici plaisanté
. [Piron, La métromanie, ou Le poète]Rire aux dépens d'autrui, quel talent, quel plaisir !
[Collin D'harleville, Malice pour mal. I, 1]Faire la guerre à ses dépens, avancer son argent sans profit, sans qu'il en soit tenu compte.
Qui est-ce qui va jamais à la guerre à ses dépens ? qui est-ce qui plante une vigne et n'en mange point du fruit ?
[Sacy, Bible, St Paul, 1re Ép. aux Cor. IX, 7]Faire la guerre à ses dépens signifie encore, faire, dans un emploi, dans une fonction, plus de dépenses qu'on ne reçoit d'argent en traitement.
Devenir sage à ses dépens, le devenir à la suite de quelque fâcheuse expérience.
Ayant à mes dépens appris cette sentence : Qui gai fait une erreur, la boit à repentance
. [Régnier, Satires][Rome] Savante à ses dépens de ce qu'il [Annibal] savait faire
. [Corneille, Nicomède]Aux dépens de Néarque il doit se rendre sage
. [Corneille, Polyeucte]On dit dans le même sens : je l'ai appris à mes dépens.
Par le sacrifice, la perte de. La basse-cour a été agrandie aux dépens des remises.
La paix allait se faire aux dépens de ma tête
. [Corneille, Médée]Il va vous obéir aux dépens de sa vie
. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Et n'accepte aucun bien aux dépens de l'honneur
. [Corneille, ib. III, 4]Aux dépens de sa propre vie
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Je défendrai sa vie aux dépens de mes jours
. [Racine, Andromaque]À vos plus chers amis j'ai disputé ce rang ; Je l'ai disputé même aux dépens de mon sang
. [Racine, Bérénice]Aux dépens du bon sens gardez de plaisanter
. [Boileau, L'art poétique] - 3 Terme de procédure. Frais que la partie qui perd doit payer à la partie qui gagne, par opposition aux frais proprement dits, lesquels sont dus par la partie à son avoué. Il a été condamné aux dépens. Il a payé les dépens.
Tous deux avec dépens veulent gagner leur cause
. [Boileau, Epîtres]Arrêt enfin ; je perds ma cause avec dépens
. [Racine, Les plaideurs]Dépens compensés, dépens mis à la charge de chacune des parties litigantes.
Distraction des dépens, droit qu'a l'avoué de se payer sur les dépens adjugés à la partie.
Fig.
Ce ne fut pas la première fois que je m'aperçus que l'on paye souvent les dépens de sa bonté
. [Retz, III, 115]
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