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embarrasser

vt (an-ba-ra-sé)
  • 1Obstruer par un embarras. Ces voitures, ces pierres embarrassent la rue. Ces moulins embarrassent le cours de la rivière.

    S'embarrasser, embarrasser à soi. Il s'embarrassa les jambes dans des cordes.

    Fig. Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées. [Boileau, L'art poétique]

  • 2Empêcher la liberté du mouvement. Votre manteau vous embarrasse, ôtez-le. Il eut à combattre un grand nombre de nations qui embarrassaient la navigation avec leurs canots, et qui, du rivage, l'accablaient de flèches. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] Son fils, ce faible enfant qu'il porte entre ses bras, D'un cher et doux obstacle embarrasse ses pas. [Ducis, Oscar]
  • 3Entortiller. On embarrasse le boeuf dans une corde. Dans ce piége sanglant je veux l'embarrasser. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée]
  • 4Mettre dans l'embarras, dans l'incertitude, dans l'hésitation. Oui, mais de cette nuit la suite m'embarrasse. [Corneille, Sertorius] Ce n'est pas en effet ce qui plus m'embarrasse. [Corneille, ib. V, 2] Vous croyez nous embarrasser par cette demande. [Bossuet, Rép.] Modérez des bontés dont l'excès m'embarrasse. [Racine, Phèdre] Un reproche secret embarrasse mon âme. [Racine, Esther] Quel prodige nouveau me trouble et m'embarrasse ? [Racine, Athalie]

    Absolument. Le passé fait trembler, l'avenir embarrasse. [Boursault, Ésope à la cour, III, 3] L'intention qu'on suppose embarrasse souvent plus que la vérité. [Genlis, Théd. d'éduc. le Portrait, I, 3]

  • 5Embarrasser une question, une affaire, la compliquer, l'embrouiller, y faire naître des difficultés. Puisque M. Jurieu, pour embarrasser la matière, veut nous parler du divorce, ayons la patience de l'entendre. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]
  • 6S'embarrasser, vpron S'entortiller, s'empêtrer. Le roi, qui était en bottes, selon sa coutume, s'embarrassa dans ses éperons et tomba. [Voltaire, Histoire de Charles XII] Sa tête et ses cornes s'embarrassent dans les festons de pampres. [Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 474, dans POUGENS]

    Fig. Je m'embarrasse en mes pensées. [Régnier, Épîtres] Comme en sa propre fourbe un menteur s'embarrasse. [Corneille, Le menteur] Ces personnages épisodiques [d'une pièce de théâtre] doivent s'embarrasser si bien avec les premiers, qu'une seule intrigue brouille les uns et les autres. [Corneille, Premier disc.] Et pour vos intérêts, que je voulais laisser, En de nouveaux périls [je] viens de m'embarrasser. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    S'embarrasser dans ses discours, perdre la suite de ce qu'on dit.

    Sa langue s'embarrasse, il ne fait que balbutier.

    Son esprit s'embarrasse, ses idées se troublent. De plus en plus cet esprit s'embarrasse. [Mairet, Sophonisbe]

  • 7Se causer une gêne à soi-même. L'âme, qui s'est éloignée de la source de son être, ne connaît plus ce qu'elle est ; elle s'est embarrassée, dit saint Augustin, dans toutes les choses qu'elle aime. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quant aux soldats, plusieurs s'étant embarrassés des fruits de leur pillage, devinrent moins lestes, moins insouciants. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Se causer une gêne réciproque. Ils s'embarrassent les uns les autres dans cette confusion. [Fénelon, Télémaque]

  • 8Devenir interdit. À la première question, il s'embarrasse.
  • 9Prendre souci de. Il ne fallait pas s'embarrasser de leurs fantaisies. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il ne s'embarrassait point de mes chagrins. [Fén, Tél. XII] De quel frivole soin mon esprit s'embarrasse ? [Racine, Iphigénie en Aulide]

    S'embarrasser de tout, se faire une grande affaire des moindres choses.

    C'est un homme qui ne s'embarrasse de rien, c'est-à-dire rien ne lui donne de l'inquiétude, du souci.

    Dans une formule de politesse, s'embarrasser de quelqu'un, se charger de lui. Est-ce que vous voulez vous embarrasser de moi ? Et si d'une offre en l'air votre âme encor frappée, Veut bien s'embarrasser de rebut de Pompée. [Corneille, Sertorius]

  • 10 Terme de médecine. La tête, la poitrine s'embarrasse, se dit d'un malade dont les idées se troublent, qui ressent de l'oppression. Sur les six heures du soir, sa tête s'est embarrassée, et insensiblement il est tombé dans le délire le plus effrayant. [Genlis, Adèle et Théod. t. III, lett. 67, p. 494, dans POUGENS.]
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