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emporté, ée

part. passé. (an-por-té, tée)
  • 1Ôté, enlevé d'un lieu. Les blessés emportés par leurs camarades. Des tableaux de haut prix emportés par le vainqueur.
  • 2Retranché. Il a eu le poignet emporté d'un coup de canon. [Sévigné, 468] Elle [une fleur] est nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées [à découpures]. [La Bruyère, XIII] Les rochers que nous gravissons depuis trois jours ont tellement usé et percé nos souliers que les semelles en sont presque entièrement emportées. [Genlis, Adèle et Théod. t. II, lett. 38, p. 312, dans POUGENS]
  • 3Pris de vive force. Le bastion emporté par les assaillants. Nos dehors emportés, nos remparts assaillis. [Mairet, Sophonisbe]
  • 4Retranché du nombre des vivants. Ce vieillard emporté par une pleurésie. Marie-Thérèse, aussitôt emportée que frappée par la maladie, se trouve toute vive et tout entière entre les bras de la mort, sans presque l'avoir envisagée. [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 5 Fig. Entraîné. Et son coeur emporté par l'erreur qui l'abuse Cherche partout la mort que chacun lui refuse. [Corneille, La mort de Pompée] Par quel trouble me vois-je emporté loin de moi ? [Racine, Phèdre] Nos sentiments, nos coeurs l'un vers l'autre emportés. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] Je vois d'un zèle faux nos prêtres emportés. [Voltaire, La Henriade] Il apprend qu'un régiment vient de s'emparer du village de Borodino et de son pont qu'il aurait dû rompre, mais qu'emporté par ce succès, il a franchi ce passage malgré les cris de son général. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]
  • 6Vif, qui se laisse aller. Cette ardeur d'un héros, ce courage emporté. [Voltaire, La méroppe française] Amours emportés. [Voltaire, Les Scythes]
  • 7Qui se laisse aller à des emportements de colère. Homme emporté. Caractère emporté. Il n'y avait point d'erreur si prodigieuse où l'ardeur de la dispute n'entraînât l'esprit emporté de Luther. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Mais un père à ce point doit-il être emporté ? [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis]

    Cheval emporté, cheval qu'on ne peut plus maintenir, qui a pris le mors aux dents.

    Il se dit aussi des choses. On est las de M. Jurieu et de ses discours emportés. [Bossuet, Déf. 1er disc, § 1]

    Substantivement. Celui, celle qui se laisse aller à la colère. C'est un emporté. C'est une folle, une emportée. Dieux ! que cet emporté me donne de tourment ! [Corneille, La veuve] Vous allez vous emporter ; retirez-vous, je vous prie, je n'aime pas les emportés. [Dufrény, Esprit de contrad. SC. 18]

    Celui qui se laisse aller à ses passions. Combien de maisons à demi éteintes voient tous les jours finir dans les débauches et dans la santé ruinée d'un emporté toute l'espérance de leur postérité et toute la gloire des titres qu'une longue suite de siècles avait amassés sur leur tête ! [Massillon, Serm. pour le vendredi de la 2e semaine de carême, 1]

    Celui qui va trop loin, qui exagère les conséquences. Les chefs de nos calvinistes n'en usèrent pas d'une autre sorte ; et encore que par honneur ils blâmassent ces emportés, nous ne voyons pas qu'on en fît aucune justice. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

SYNONYME

EMPORTÉ, VIOLENT ; EMPORTEMENT, VIOLENCE. Emporté et violent diffèrent comme emportement et violence. Or l'emportement se manifeste toujours au dehors par une explosion ; la violence peut être muette, sans geste, sans signe. De plus la violence implique que quelque acte violent a été commis ; l'emportement peut s'exhaler en simples paroles ou manifestations extérieures.

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