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estime

nf (è-sti-m')
  • 1Sentiment qui attache du prix à quelqu'un ou à quelque chose. Nous avons une si grande idée de l'âme de l'homme que nous ne pouvons souffrir d'en être méprisés, et de n'être pas dans l'estime d'une âme ; et toute la félicité des hommes consiste dans cette estime. [Pascal, Pensées] Il est important de se conserver dans l'estime de son confesseur. [Pascal, Les provinciales] Qu'un voisin malicieux à vous ruiner s'apprête, Ou menace votre tête Par des crimes supposés, L'estime a les bras croisés ; Qu'il vous faille pour ressource Un prompt secours de sa bourse Dans quelque péril urgent, L'estime n'a point d'argent. [Pellisson, Recueil de pièces galantes, dans RICHELET] Elle n'en parle pas avec beaucoup d'estime. [Sévigné, 44] Quel spectacle de voir et d'étudier ces deux hommes [Condé et Turenne], et d'apprendre de chacun d'eux l'estime que méritait l'autre ! [Bossuet, Oraisons funèbres] Tous les métiers étaient en estime. [Sévigné, Hist. III, 3] Sait-il en sa faveur jusqu'où va votre estime ? [Racine, Mithridate] Vous devez avoir une haute estime pour Idoménée. [Fénelon, Télémaque] La véritable estime est celle qui est distribuée par des hommes dignes d'être estimés eux-mêmes. [D'alembert, Ess. sur la soc. des g. de lett. Oeuvres, t. III, p. 102, dans POUGENS.] L'estime est un sentiment tranquille et personnel. [Marmontel, Fragm. philos. mor. gloire]

    Estime de soi-même, la juste opinion de soi que donne une bonne conscience. La source de toutes ses consolations est dans l'estime de lui-même. L'estime de soi-même est le plus grand mobile des âmes fières ; l'amour-propre fertile en illusions se déguise et se fait prendre pour cette estime. [Rousseau, Les rêveries d'un promeneur solitaire]

    Faire estime, estimer, faire cas. Et faire les choses sans art Est l'art dont ils font plus d'estime. [Malherbe, VI, 10] Vous méprisez trop Rome, et vous devriez faire Plus d'estime d'un roi qui vous tient lieu de père. [Corneille, Nicomède] Et quelle estime, mon père, voulez-vous que nous fassions du procédé irrégulier de ces gens-là ? [Molière, Les précieuses ridicules] Certes de Spartacus c'est faire grande estime Que d'oser en mon camp vous commettre à ma foi. [Saurin, Spart. III, 4]

    Voltaire a critiqué cette locution ; mais elle est suffisamment justifiée par l'usage et par l'analogie (comparez FAIRE CAS).

    Être perdu d'estime et de réputation, passer pour un homme sans probité et sans honneur.

    Être en grande estime, jouir d'une grande réputation.

  • 2Estime au sens passif, pour l'estime qu'on inspire, bonne réputation, gloire. Mon estime ne dépend point de vous. [Vaugelas, Observ.] Ainsi vous me rendrez l'innocence et l'estime, Lorsque vous punirez la cause de mon crime. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Il faut le délivrer du péril et du crime, Assurer sa puissance et sauver son estime. [Corneille, La mort de Pompée] ....Pour éviter le crime D'employer à te peindre un pinceau sans estime. [Corneille, Remerc.] au roi, en 1663, La grande estime que vos bonnes qualités vous ont donnée a déjà fait le coup le plus important de cette affaire. [Retz, La conjuration du comte Jean-Louis de Fiesque] Et qu'il eût mieux valu pour moi, pour mon estime, Suivre les mouvements d'une peur légitime. [Molière, Le dépit amoureux] L'estime de modération qu'il avait même parmi les nôtres. [Bossuet, Réfut. du cat. de Ferry.] Son estime ne sait que trop bien éclater ; Sa gloire va si loin qu'elle est à redouter. [Quinault, Bellér. I, 3]

    Mettre en estime, mettre en réputation, rendre digne d'estime. Par quels faits valeureux N'as-tu mis ta gloire en estime ? [Malherbe, IV, 5] Et pense auprès de vous se mettre en haute estime. [Corneille, La mort de Pompée] J'y vois la haute estime où sont vos grands exploits. [Corneille, Don Sanche] La guerre en quelque estime avait mis mon courage. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Voltaire a critiqué cet emploi d'estime ; sa critique, qui n'est pas valable contre le XVIIe siècle, prouve facilement qu'au XVIIIe cet emploi était en désuétude. Mais, à présent, rien n'empêche d'utiliser cette acception, qui, du reste, appartient aussi au XVIe siècle.

  • 3Opinion, jugement, appréciation. J'ai mal connu César ; mais puisqu'en son estime Un si rare service est un énorme crime.... [Corneille, La mort de Pompée] C'est de mon jugement avoir mauvaise estime, Que douter si j'approuve un choix si légitime. [Molière, L'école des femmes] Un médisant ne peut réussir, s'il n'est en estime d'abhorrer la médisance. [Pascal, Les provinciales] En quelle estime est-il, mon frère, auprès de vous ? - D'homme d'honneur, d'esprit, de coeur et de conduite. [Molière, Les femmes savantes] Voyons ce que c'est ; suivant l'espèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence. [Marivaux, La surprise de l'amour]
  • 4Évaluation approximative, surtout en termes de mer. Le tailleur [un homme dont on avait démoli la maison pendant son absence] les suit [les arbres] à l'estime, puis croise et ne trouve plus sa maison. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Les déterminations astronomiques de plusieurs points qui n'étaient connus auparavant que par des estimes. [Condorcet, Maurepas.] La géographie est bien éloignée de ce degré de perfection : la position d'une grande partie des villes, le cours des fleuves, la forme des côtes, tous ces objets ne sont connus souvent que par des observations grossières, des estimes de voyageurs, des détails d'itinéraires, des comptes inexacts. [Condorcet, d'Anville.]
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