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estimer

vt (è-sti-mé)
  • 1Déterminer la valeur, le prix de quelque chose. On estime ce cheval mille francs. Combien estimez-vous cette maison ? En quelque contrée de l'univers que vous alliez, vous y trouverez l'homme aussi fin que vous ; et il ne vous donnera jamais que ce qu'il estime le moins pour ce qu'il estime le plus. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Fig. Permettez, madame, que j'estime La grandeur de l'amour par la grandeur du crime. [Corneille, Sertorius]

  • 2Faire cas, avoir de la considération pour. J'honore sa vertu, j'estime sa personne. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Je vous estime trop pour vouloir rien farder. [Corneille, Nicomède] ... Il [Annibal] m'a surtout laissé ferme en ce point D'estimer beaucoup Rome et ne la craindre point. [Corneille, ib. II, 3] Son monsieur Trissotin me chagrine et m'assomme, Et j'enrage de voir qu'elle estime un tel homme. [Molière, Les femmes savantes] Sur quelque préférence une estime se fonde ; Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde. [Molière, Le misanthrope] J'estimai ces bons pères de l'excellence de leur politique. [Pascal, Les provinciales] Cet homme [Retz] si fidèle aux particuliers, si redoutable à l'État, d'un caractère si haut qu'on ne pouvait ni l'estimer, ni le craindre, ni l'aimer, ni le haïr à demi. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il y a deux choses qu'ils [les hommes] estiment beaucoup.... la vie et l'argent. [La Bruyère, XI] J'ai remis votre lettre au roi, il vous estime autant qu'il peut estimer un hérétique. [Maintenon, Lettres]
  • 3Croire, réputer, présumer. Si quelqu'un les regarde.... Estime, mon ami, que c'est un grand miracle. [Régnier, Satires] Ils répondirent qu'ils estimaient la place imprenable. [Vaugelas, Q. C. liv. III, dans RICHELET] Et j'estime Que ce peu que j'ai dit est l'avis de Maxime. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Quoi que vous estimiez de ma civilité, Je ne me pique point d'insensibilité. [Corneille, Suiv. II, 3] Tu m'estimes bien lâche, imprudente rivale. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Je n'estime pas que l'homme soit capable de former un projet.... [La Bruyère, Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle] Le plus sûr, c'est d'estimer celle [la forme de gouvernement] où l'on est né la meilleure de toutes. [La Bruyère, X.] Le roi Louis XIII expliqua pendant un quart d'heure l'avis qu'il estimait devoir être suivi. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]
  • 4 Terme de marine. Faire une estime.
  • 5S'estimer, vpron Avoir de l'estime pour soi-même. Je m'estimais trop peu pour un honneur si grand. [Corneille, Horace] À l'égard de ceux qui s'estiment à propos de rien, qui sont glorieux de leur rang ou de leurs richesses, gens insupportables et qui fâchent tout le monde... [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***] Ces peuples s'estimaient sans mépriser les autres nations. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] Qui ne s'estime pas perd ses droits à l'estime. [Delille, Paradis perdu]

    S'estimer son prix, avoir de soi la juste opinion qu'on doit en avoir.

    Avoir une estime réciproque. Nous nous estimons l'un et l'autre.

  • 6Déterminer sa propre valeur. Glocester : Moi, je paie ; à présent tu ne t'appartiens plus. - Tyrrel : Jamais on n'eut sur moi de droit si légitime ; Vous m'avez acheté plus que je ne m'estime. [Delavigne, Enf. d'Éd. II, 3]
  • 7Se croire, se réputer. Leur brutale vertu veut qu'on s'estime heureux. [Corneille, Horace] Avant que de combattre, ils s'estiment perdus. [Corneille, Le Cid] Roxane s'estimait assez récompensée. [Racine, Bajazet]
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