fat
- 1Sot, niais.
Mais suis-je pas bien fat de vouloir raisonner Où de droit absolu j'ai pouvoir d'ordonner ?
[Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]Substantivement.
Monsieur, sortons aussi, ne faisons point les fats ; Ces deux messieurs pourraient revenir sur leurs pas
. [Hauteroche, le Souper, 23]Me voilà pris comme un fat, et, sans un peu d'effronterie, j'aurai peine à sortir d'intrigue
. [Dancourt, Été des coquettes, sc. 21]Autrefois sur l'honneur on était délicat ; Un mari qui s'en pique à présent est un fat
. [Destouches, Irrésolu, I, 7]Ce sens, qui est le sens propre, a vieilli.
- 2Qui est à la fois sans jugement et plein de complaisance pour lui-même.
Qu'importe d'être fat ou de ne l'être pas ? On croit toujours ne le pas être
. [De Cailli, dans RICHELET]Il se dit quelquefois des choses.
Il y a peut-être je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille
. [Voltaire, Correspondance]Substantivement.
Mais je ne puis souffrir qu'un fat, dont la mollesse N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse, Se pare insolemment du mérite d'autrui
. [Boileau, Satires]....Voyant un fat s'applaudir d'un ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page
. [Boileau, ib. IX]Écoutez tout le monde, assidu consultant ; Un fat quelquefois ouvre un avis important
. [Boileau, L'art poétique]Quelle horrible peine à un homme.... qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation.... de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
[La Bruyère, II]On écarte tout cet attirail qui t'est étranger pour pénétrer jusqu'à toi qui n'es qu'un fat
. [La Bruyère, ib.]Tout le monde dit d'un fat qu'il est fat, personne n'ose le lui dire à lui-même
. [La Bruyère, XI]Un fat est celui que les sots croient un homme de mérite
. [La Bruyère, XII]Le fat est entre l'impertinent et le sot, il est composé de l'un et de l'autre
. [La Bruyère, ib.]Si le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère
. [La Bruyère, ib.]Plus il voulut faire le fat, plus il prouvait qu'il n'était qu'un sot
. [Duclos, Acajou, Oeuvres, t. VIII, p. 361, dans POUGENS]Molière et Boileau l'ont employé comme simple terme de mépris.
Il faut que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots
. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]Je sors de chez un fat qui, pour m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner
. [Boileau, Satires] - 3Il se dit de celui qui a des prétentions auprès des femmes, ou dont la parure est très recherchée.
Silvia : Volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué. - Lisette : Oh ! il a tort d'être fat, mais il a raison d'être beau
. [Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard]Va, ma pauvre enfant, les mots de fat et de coquette ont été inventés par l'envie pour dénigrer les hommes aimables et les jolies femmes
. [Saurin, Moeurs du temps, sc. 14]Il devient entreprenant sans désirs, et fat par mauvaise honte
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Substantivement.
Il ne serait plus rien s'il cessait d'être un fat
. [La Chaussée, Retour imprévu I, 2]Quoi ! le peu qui lui restait, Frétillon a pu le vendre Pour un fat qui la battait
. [Béranger, Frétillon.]
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- REM. L'Académie dit que fat n'est usité qu'au masculin. Voici un exemple du féminin : Cette émigration fate [les émigrés à Bruxelles, en 1792] m'était odieuse
. [Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe] Rien n'empêche d'imiter Chateaubriand.
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