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fat

adj. qui n'est usité qu'au masculin (d'après l'Académie, le t se prononce ; au XVIIe siècle, Chifflet, Gramm. p. 217, note aussi que le t se prononce même devant une consonne ; pourtant plusieurs aussi ne le prononcent pas, et il n'y a aucune raison pour ne pas prononcer fat, comme rat, plat, etc. ; le t se lie : un fa-t insupportable ; au pluriel, l's se lie : des fa-z insupportables ; fats rime avec pas, tas, etc.)
  • 1Sot, niais. Mais suis-je pas bien fat de vouloir raisonner Où de droit absolu j'ai pouvoir d'ordonner ? [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]

    Substantivement. Monsieur, sortons aussi, ne faisons point les fats ; Ces deux messieurs pourraient revenir sur leurs pas. [Hauteroche, le Souper, 23] Me voilà pris comme un fat, et, sans un peu d'effronterie, j'aurai peine à sortir d'intrigue. [Dancourt, Été des coquettes, sc. 21] Autrefois sur l'honneur on était délicat ; Un mari qui s'en pique à présent est un fat. [Destouches, Irrésolu, I, 7]

    Ce sens, qui est le sens propre, a vieilli.

  • 2Qui est à la fois sans jugement et plein de complaisance pour lui-même. Qu'importe d'être fat ou de ne l'être pas ? On croit toujours ne le pas être. [De Cailli, dans RICHELET]

    Il se dit quelquefois des choses. Il y a peut-être je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille. [Voltaire, Correspondance]

    Substantivement. Mais je ne puis souffrir qu'un fat, dont la mollesse N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse, Se pare insolemment du mérite d'autrui. [Boileau, Satires] ....Voyant un fat s'applaudir d'un ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page. [Boileau, ib. IX] Écoutez tout le monde, assidu consultant ; Un fat quelquefois ouvre un avis important. [Boileau, L'art poétique] Quelle horrible peine à un homme.... qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation.... de venir au niveau d'un fat qui est en crédit ! [La Bruyère, II] On écarte tout cet attirail qui t'est étranger pour pénétrer jusqu'à toi qui n'es qu'un fat. [La Bruyère, ib.] Tout le monde dit d'un fat qu'il est fat, personne n'ose le lui dire à lui-même. [La Bruyère, XI] Un fat est celui que les sots croient un homme de mérite. [La Bruyère, XII] Le fat est entre l'impertinent et le sot, il est composé de l'un et de l'autre. [La Bruyère, ib.] Si le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère. [La Bruyère, ib.] Plus il voulut faire le fat, plus il prouvait qu'il n'était qu'un sot. [Duclos, Acajou, Oeuvres, t. VIII, p. 361, dans POUGENS]

    Molière et Boileau l'ont employé comme simple terme de mépris. Il faut que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Je sors de chez un fat qui, pour m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé de dîner. [Boileau, Satires]

  • 3Il se dit de celui qui a des prétentions auprès des femmes, ou dont la parure est très recherchée. Silvia : Volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué. - Lisette : Oh ! il a tort d'être fat, mais il a raison d'être beau. [Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard] Va, ma pauvre enfant, les mots de fat et de coquette ont été inventés par l'envie pour dénigrer les hommes aimables et les jolies femmes. [Saurin, Moeurs du temps, sc. 14] Il devient entreprenant sans désirs, et fat par mauvaise honte. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Substantivement. Il ne serait plus rien s'il cessait d'être un fat. [La Chaussée, Retour imprévu I, 2] Quoi ! le peu qui lui restait, Frétillon a pu le vendre Pour un fat qui la battait. [Béranger, Frétillon.]

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- REM. L'Académie dit que fat n'est usité qu'au masculin. Voici un exemple du féminin : Cette émigration fate [les émigrés à Bruxelles, en 1792] m'était odieuse. [Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe] Rien n'empêche d'imiter Chateaubriand.

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