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gager

vt (ga-jé. Le g prend un e devant a et o : gageant, nous gageons)
  • 1S'engager à... par une sorte de gage. Vous voudriez qu'elle fût parfaite ; avait-elle gagé de l'être au sortir de son couvent ? [Sévigné, 522]
  • 2Convenir avec quelqu'un, sur une contestation, que celui des deux qui aura tort donnera à l'autre une somme ou quelque autre chose. Je gage cent pistoles que c'est toi. [Molière, L'impromptu de Versailles] Quand il y aurait une infinité de hasards, dont un seul serait pour vous, vous auriez encore raison de gager un pour avoir deux. [Pascal, Pensées]

    Absolument. Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point Sitôt que moi ce but. [La Fontaine, Fables] Et si tu veux, nous gagerons, et verrons qui a raison des deux. [Molière, L'impromptu de Versailles] Il gage que c'est moi ; et moi je gage que c'est lui. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Dans le palais hier Bilain Voulait gager contre Ménage Qu'il était faux que Saint-Sorlin Contre Arnauld eût fait un ouvrage. [Boileau, Épigr. v.]

    Gage que, ellipse familière pour : je gage que.... Gage qu'il se dédit. - Et moi gage que non. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Il se dit quelquefois comme simple affirmation. Et moi je gage qu'il ne saurait être approuvé d'aucune personne raisonnable. [Molière, L'avare] Comme vous avez les yeux rouges ! vous avez pleuré, je gage. [Genlis, Théât. d'éduc. la Lingère, I, 2]

  • 3Donner des gages, un salaire, des appointements à quelqu'un. Gager des domestiques. Elle [la royauté] fait subsister l'artisan de ses peines, Enrichit le marchand, gage le magistrat. [La Fontaine, Fables] Vous les voyez encore, amoureux et volages, Chercher, la bourse en main, de beautés en beautés La mort qui les attend au sein des voluptés ; De leurs biens prodigués pour d'infâmes caprices Enrichir nos Phrynés dont ils gagent les vices. [Gilbert, Le XVIIIe siècle]

REMARQUE

On a contesté que gager de suivi d'un infinitif dût se dire comme parier, sur cette raison que gager indique une chose dont on est à peu près sûr, et parier une chose dont on est moins sûr ; mais la synonymie de ces deux mots est trop voisine pour que l'emploi en soit différent. Quand on a blâmé la phrase de Mme de Sévigné citée plus haut, on n'a pas fait attention que gager y a le sens non de parier, mais de s'engager ; si on y mettait parier à la place de gager, on la rendrait ridicule.

SYNONYME

GAGER, PARIER. Dans gager est gage ; et dans parier est pair, égal. Celui qui gage expose donc gage contre gage ; et celui qui parie est but à but contre quelqu'un. Cela fait une différence pour l'image que les deux mots présentent à l'esprit, mais cela n'en fait point pour le sens qui s'est attaché à l'un et à l'autre. La synonymie en est complète.

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4Servir de gage à, garantir. Voilà les ressources de la ville de Paris, ces ressources gagent l'emprunt, elles donnent toute sécurité aux prêteurs. [Journal officiel]
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