graisser

• 1Frotter, oindre de graisse ou d'un corps gras. Graisser un essieu. Graisser ses souliers. Un limier boiteux.... Qu'on avait d'huile chaude et de soufre graissé. [Régnier, Satires]

  Familièrement. Graisser ses bottes, faire ses préparatifs de départ ; et fig. se préparer à la mort.

  Fig. et populairement. Graisser les bottes à quelqu'un, lui donner l'extrême-onction. Le vicaire du Temple était venu lui administrer [à un malade hydropique] l'extrême-onction : ah ! monsieur l'abbé, lui dit-il, vous venez me graisser les bottes ; cela est inutile, car je m'en vais par eau. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]

  Fig. et populairement. Graisser le couteau, manger de la viande à déjeuner ou à goûter.

  Fig. et familièrement. Graisser la patte à quelqu'un, le gagner par de l'argent. Vous serez pleinement contentés de vos soins ; Mais ne vous laissez pas graisser la patte au moins. [Molière, L'école des maris] D'autant plus que son souvenir continuel et de Grignan, et de Toulon, et de Rome d'où il m'écrit du 4, fait sur mon coeur comme s'il me graissait la patte. [Sévigné, 590] Il disait qu'un plaideur dont l'affaire allait mal Avait graissé la patte à ce pauvre animal [un coq qui n'avait pas chanté pour réveiller]. [Racine, Les plaideurs]

  Fig. Graisser le marteau, donner de l'argent au portier pour être admis. On n'entrait point chez nous sans graisser le marteau. [Racine, Les plaideurs]

  Fig. et populairement. Graisser les épaules à quelqu'un, lui donner des coups de bâton.

• 2Tacher de graisse. Cela vous graissera les mains.

  Rendre sale et crasseux. Graisser son linge, ses habits.

• 3 vi Tourner à la graisse, en parlant du vin qui contracte ce genre d'altération. Voilà du vin qui graisse.
• 4Se graisser, vpron Se tacher de graisse. Cet enfant s'est graissé dans la cuisine.

  PROVERBE

  Graissez les bottes d'un vilain, il dira qu'on les lui brûle, se dit de ceux qui payent d'ingratitude un service rendu.