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habiter

vt (a-bi-té)
  • 1Occuper comme demeure. Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujettis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la loi du pays que nous habitons. [Bossuet, Oraisons funèbres] Souffrez que pour jamais le tremblant Hippolyte Disparaisse des lieux que votre épouse habite. [Racine, Phèdre] Les déserts, autrefois peuplés de sénateurs, Ne sont plus habités que par leurs délateurs. [Racine, Britannicus] Abandonnez ce temple aux prêtres qui l'habitent. [Racine, Athalie] Tout ce peuple nombreux dont il [le sérail] est habité, Assemblé par mon ordre, attend ma volonté. [Racine, Bajazet] Ils habitent des champs, des tentes et des chars. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] Rome est bien belle pendant le silence de la nuit ; il semble alors qu'elle n'est habitée que par ses illustres ombres. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    On le dit aussi des animaux et des végétaux. Le renne habite les contrées du Nord. Mille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres De ces murs [la tour de Monthléry] désertés habitent les ténèbres. [Boileau, Le lutrin] Chacun [végétal] a ses penchants, sa saison et sa place, Habite les lieux chauds, ou se plaît sous la glace. [Delille, Les trois règles de la Nature]

    Fig. La paix habite ce séjour. Smyrne qu'habite encor le souvenir d'Homère. [Chénier, Élégies]

    Familièrement. Ne pas bouger de. Il habite toujours son canapé, son fauteuil.

  • 2 vi Faire sa demeure. Habiter à la campagne. Parlez.... sur son tombeau voulez-vous habiter ? [Voltaire, Les Scythes] Cicéron, Hortensius, les Gracques habitaient sur ce mont Palatin qui suffit à peine, lors de la décadence de Rome, à la demeure d'un seul homme [Néron]. [Staël, Corinne, ou l'Italie] L'homme vit sur mille points où il n'habite pas, dans mille moments qui ne sont pas encore ; et, si ce développement de sa vie lui est retranché...., la vie sociale est mutilée, la société n'est plus. [Guizot, Hist. de la civil. en France, 8e leçon.]

    Il se dit des animaux et des plantes. On a vu, avec des lunettes, de très petites gouttes d'eau de pluie ou de vinaigre ou d'autres liqueurs, remplies de petits poissons ou de petits serpents que l'on n'aurait jamais soupçonnés d'y habiter. [Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des Mondes]

    Fig. Ce n'est point sur ses bords [du Permesse] qu'habite la richesse. [Boileau, L'art poétique] Que la terreur habite aux portes du palais. [Voltaire, Zaïre] Mais vous qui m'assuriez, dans mes troubles cruels, Que la paix habitait au pied de ses autels. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] On concevait [dans l'antiquité] une hauteur de vertu plus qu'humaine qui se devait de ne jamais habiter avec la tyrannie. [Carrel, Oeuv. t. V, p. 311]

  • 3 En termes de dévotion, il se dit de l'impression sanctifiante que Dieu fait sur l'âme. Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'esprit de Dieu habite en vous ? [Sacy, St Paul, 1er épît. aux Corinth. III, 16] Nous savons que les corps saints sont habités par le Saint-Esprit jusqu'à la résurrection, qui se fera par la vertu de cet esprit qui réside en eux pour cet effet. [Pascal, Lettres] Le Saint-Esprit revient habiter dans son âme. [Boileau, Epîtres] Dieu descend et revient habiter parmi nous. [Racine, Esther]

    En un sens contraire, il se dit de l'impression funeste du péché. Ce n'est plus moi qui fais cela ; mais c'est le péché qui habite en moi. [Sacy, Bible, St Paul, Épît. aux Rom. VII, 17]

  • 4Habiter charnellement avec une femme, ou, simplement, habiter avec une femme, avoir avec elle un commerce charnel. On dit qu'Apollon, épris de la beauté de sa mère Périctioné, habita avec elle, et que notre philosophe [Platon] dut le jour à ce Dieu. [Diderot, Opinions des anciens philosophes]
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