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importun, une

adj. (in-por-tun, tu-n' ; quant à la liaison du masculin devant une voyelle, la prononciation varie : les uns disent un in-por-tu-n ami ; les autres : un in-portun n-ami ; au pluriel, l's se lie : d'in-por-tun-z amis)
  • 1Qui est fâcheux d'une manière répétée, continue. Ainsi certaines gens faisant les empressés S'introduisent dans les affaires ; Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés. [La Fontaine, Fables] Je voudrais être en lieu d'où je pusse aisément Contempler la foule importune De ceux qui cherchent vainement Cette fille du sort [la fortune] de royaume en royaume. [La Fontaine, ib. VII, 12] Importun à tout autre, à soi-même incommode. [Boileau, Satires] Britannicus le gêne, Albine ; et chaque jour Je sens que je deviens importune à mon tour. [Racine, Britannicus] C'est le rôle d'un sot d'être importun. [La Bruyère, V] Il se croyait utile et n'était qu'importun. [Dorat, Feinte par amour, I, 1] La faim qui flétrit l'âme autant que le visage, Par qui l'homme souvent importun, odieux, Est contraint de rougir et de baisser les yeux. [Chénier, Idylles]

    Importun à soi-même, qui est pour soi-même une cause continuelle de fâcherie. Captive, toujours triste, importune à moi-même. [Racine, Andromaque]

    Substantivement. ....Qu'il [Dieu] nous garde, en ce bas monde ici, De faim, d'un importun, de froid et de souci. [Régnier, Satires] Pour renvoyer chez vous les voeux qu'on vient m'offrir, Et n'avoir plus chez moi d'importuns à souffrir. [Corneille, Pertharite, roi des Lombards] De combien d'importuns j'ai la tête étourdie ! [Rotrou, Véritable Saint Genest] C'est un vieux importun qui n'a pas l'esprit sain, Et pour qui j'ai toujours quelque défaite en main. [Molière, Les fâcheux] Fut-il jamais inaccessible, je ne dis pas à ses amis, je dis aux indiscrets et aux importuns ? [Fléchier, Oraisons funèbres] Vois-tu cet importun que tout le monde évite, Cet homme à toujours fuir, qui jamais ne vous quitte ? [Boileau, Epîtres] Ah ! que l'on porte ailleurs les honneurs qu'on envoie : Importune, peux-tu souhaiter qu'on me voie ? [Racine, Phèdre]

  • 2Il se dit aussi des choses. Viendrait-il de nouveau d'une audace importune Pour la centième fois éprouver la fortune ? [Mairet, Soliman] ôtez-nous de ces biens l'affluence importune, Dirent-ils l'un et l'autre. [La Fontaine, Fables] Par des voeux importuns nous fatiguons les dieux. [La Fontaine, Fables] Ne trouvez-vous pas qu'il y a bien longtemps que nous sommes séparées ? je suis frappée de cette douleur d'une manière tellement importune qu'elle me serait insupportable. [Sévigné, 12 fév. 1672] Ce sentiment importun des sens offensés, c'est ce qui s'appelle douleur. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même] Madame, je le sais, les soupçons importuns Sont d'un second hymen les fruits les plus communs. [Racine, Phèdre] Pardonnez à l'éclat d'une illustre fortune Ce reste de fierté qui craint d'être importune. [Racine, Andromaque] Laissons de leur amour la recherche importune. [Racine, Bajazet] ....Oubliez une gloire importune ; Ce triste abaissement convient à ma fortune. [Racine, Iphigénie en Aulide] Cesse, cesse et m'épargne un importun discours. [Racine, Phèdre] Sa présence [de Joas] à la fin pourrait être importune. [Racine, Athalie] Ah ! chassons cette importune idée. [Voltaire, Zaïre] Perdez-en pour jamais l'importune mémoire. [Voltaire, Sémiramis] Tous nos petits rimeurs, las d'un joug importun, Ont détrôné le dieu qui régnait au Parnasse. - Détrôné ? dites-vous ? qu'ont-ils mis à la place Du blond Phébus ? Phébus le brun. [Clément, Épigr. contre Lebrun.]

SYNONYME

IMPORTUN, FÂCHEUX. La différence qu'il y a entre ces deux mots, c'est que celui qui fâche ou ce qui fâche peut n'être fâcheux qu'une fois, tandis que celui qui importune ou ce qui importune est fâcheux d'une manière répétée, continue. Un importun vous assiége ; un fâcheux vous cause un ennui. Un souvenir importun vous poursuit ; un souvenir fâcheux vous cause de la peine.

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