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irriter

vt (i-rri-té)
  • 1Mettre en colère, en parlant des personnes qui irritent. Irriter un taureau, un lion. Ne dites pas à ce zélé magistrat qu'il travaille plus que son grand âge ne le peut souffrir ; vous irritez le plus patient de tous les hommes. [Bossuet, Oraisons funèbres] A-t-il craint d'irriter les puissants, quand il a pu secourir les faibles ? [Fléchier, Oraisons funèbres] On n'avait qu'à l'irriter : alors, fougueux et hors de lui-même, il éclatait par des menaces. [Fénelon, Télémaque] Eurymaque n'avait qu'à le contredire ; en l'irritant, il découvrait tout. [Fénelon, ib.]

    Fig. Tout à coup une noire tempête enveloppa le ciel, et irrita toutes les ondes de la mer. [Fénelon, Télémaque]

    Absolument. Je veux me faire craindre, et ne fais qu'irriter. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]

    Mettre en colère, en parlant des choses qui irritent. Ta fortune est bien haut, tu peux ce que tu veux : Mais tu ferais pitié même à ceux qu'elle irrite.... [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Ici tous les objets vous blessent, vous irritent. [Racine, Athalie] Les moindres retardements irritaient son naturel ardent. [Fénelon, Télémaque] La honte irrite enfin le plus faible courage. [Voltaire, La Henriade]

  • 2Rendre plus vif, plus ardent, en parlant des personnes. Quel démon vous irrite et vous porte à médire ? [Boileau, Satires] Mais de faire fléchir un courage inflexible, .... D'enchaîner un captif de ses fers étonné, ....C'est là ce que je veux, c'est là ce qui m'irrite. [Racine, Phèdre]
  • 3Rendre plus vif, plus violent, en parlant des choses. Irriter le mal. Irriter la fièvre. Enfin épargnez-moi ces tristes entretiens Qui ne font qu'irriter vos tourments et les miens. [Corneille, Polyeucte] Sévère craint ma vue, elle irrite sa flamme. [Corneille, ib. II, 5] Que n'a pas fait ce Sauveur miséricordieux [Jésus] pour prévenir les malheurs de ses citoyens ? fidèle au prince comme à son pays, il n'a pas craint d'irriter l'envie des pharisiens en défendant les droits de César. [Bossuet, Oraisons funèbres] Pour ne pas irriter la haine publique déclarée contre le ministère. [Bossuet, ib.] Pourquoi veux-tu, cruelle, irriter mes ennuis ? [Racine, Andromaque] Et c'est cette vertu si nouvelle à la cour Dont la persévérance irrite mon amour. [Racine, Britannicus] Je vois que mon silence irrite vos dédains. [Racine, ib. III, 3] La possession des richesses ne fait qu'en irriter la soif. [Fénelon, t. XVIII, p. 54] Les sciences irritent sa curiosité au lieu de la satisfaire. [Massillon, Car. Avenir.] La mollesse De leur goût dédaigneux irritait la paresse. [Voltaire, La Henriade] Comment irriter, par degrés, la curiosité du spectateur ? [Voltaire, Correspondance] Et tous ses ennemis irritent ma colère. [Voltaire, Tancrède] Me voir rappeler incessamment tant de doux souvenirs, c'était irriter le sentiment de mes pertes. [Rousseau, Les confessions] Il faudrait s'attacher principalement à irriter l'appétit. [Diderot, Interprét. de la nat. n° 39]
  • 4Causer une excitation sur les membranes et sui les nerfs. Irriter la membrane pituitaire par des sternutatoires. Cela m'irrite les nerfs.
  • 5 Terme de médecine. Exciter dans une partie une activité excessive, accompagnée d'ordinaire d'une sensation plus ou moins douloureuse. La fumée irrite l'oeil.
  • 6S'irriter, vpron Devenir irrité, se mettre en colère. Quels foudres [ô Dieux] lancez-vous quand vous vous irritez, Si même vos faveurs ont tant de cruautés ? [Corneille, Horace] Mais ce n'est pas assez, amis, de s'irriter, Il faut voir quels moyens on a d'exécuter. [Corneille, La mort de Pompée] Faible, et qui s'irritait contre un trépas si lent. [Racine, Mithridate] Qu'un jeune homme ne s'irrite jamais contre un vieillard, qu'il ne le menace jamais. [Diderot, Opinions des anciens philosophes]

    S'irriter que, s'irriter de ce que. Sa bonté [de Dieu] s'irrite que vous lui fassiez demander des grâces pour autrui, tandis que vous vous réservez le privilége de pouvoir l'outrager encore vous-même. [Massillon, Carême, Véritable culte.]

    Par extension, devenir impatient. Plus l'obstacle qu'on trouve à ses grandeurs paraît faible, plus l'ambition s'irrite de ne pas le vaincre. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte]

    Fig. La mer s'irrite, commence à s'irriter, la mer s'agite, commence à s'agiter.

  • 7Devenir plus vif, en parlant des choses. Les haines s'irritaient en secret. Ta fureur s'irritant soi-même dans son cours. [Racine, Britannicus] Ce feu, longtemps caché, qui vient de nous surprendre, Dans Vérone allumé, s'irritait sous la cendre. [Ducis, Othello ou le more de Venise]
  • 8 Terme de médecine. Contracter une irritation. Sa gorge s'irrite à force de parler.

    On a dit en un sens analogue : le sang s'irrite. Je pense à votre belle jeunesse, à votre santé.... comme vous en avez abusé, comme votre sang s'est irrité. [Sévigné, 11 mai 1680]

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