lequel
Au XVIe siècle, lequel devant une consonne était prononcé lequé. [Palsgr. p. 62] )LAQUELLE, (la-kè-l'), DUQUEL, DE LAQUELLE ; AUQUEL, à LAQUELLE ; pluriel, LESQUELS, LESQUELLES (lê-kèl, lê-kè-l'), DESQUELS, DESQUELLES, AUXQUELS, AUXQUELLES, pron. relatif synonyme de qui.
- 1Il s'emploie en parlant des personnes et des choses, et presque toujours comme complément.
Mais l'art d'en faire des couronnes N'est pas su de toutes personnes ; Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Savent donner une louange Qui demeure éternellement
. [Malherbe, III, 2]Et c'est assez, je crois, pour remettre ton coeur Dans l'état auquel il doit être
. [Molière, L'amphytrion]Ma bague est la marque choisie Sur laquelle au premier il doit livrer Clélie
. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]Le malheureux tison de ta flamme secrète, Le drôle avec lequel.... - avec lequel ? poursui
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]La surface de la terre.... est le fonds commun duquel l'homme et les animaux tirent leur subsistance
. [Buffon, Morceaux choisis, p. 30]Les Lapons danois ont un gros chat noir auquel ils confient tous leurs secrets, et qu'ils consultent dans leurs affaires
. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière]Qui, sujet, se disant aussi bien des choses que des personnes, mais ne se disant pas bien des choses au régime : il faut le remplacer en ce cas par lequel.
Voilà, mes pères, les principes du repos et de la sûreté publique, qui ont été reçus dans tous les temps et dans tous les lieux, et sur lesquels tous les législateurs du monde, sacrés et profanes, ont établi leurs lois
. [Pascal, Les provinciales] - 2Il s'emploie quelquefois comme sujet de la proposition qu'il joint à son antécédent, surtout lorsque l'emploi de qui pourrait produire une équivoque.
Aussitôt que je fus débarrassé des affaires de la cour, j'allai trouver l'homme qui m'avait parlé du mariage de Mme de Miramion, lequel me parut dans les mêmes sentiments
. [B. Rabutin.]Il n'a pas aperçu Jeannette, ma fillole, Laquelle a tout ouï, parole pour parole
. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]Pour la clarté et l'élégance on mettra encore lequel au lieu de qui, quand deux relatifs se suivent sans se rapporter au même sujet.
Les factieux qui craindront la punition de leurs attentats, lesquels ne leur paraissent jamais injustes....
[Pascal, Les provinciales] - 3Il s'emploie aussi comme sujet, en style de pratique et d'administration. On a entendu trois témoins, lesquels ont dit.... On a lu le mémoire de la réclamante, laquelle sollicite un dégrèvement.
Voici le fait : un chien vient dans une cuisine ; Il y trouve un chapon, lequel a bonne mine ; Or, celui pour lequel je parle, est affamé ; Celui contre lequel je parle, autem plumé ; Et celui pour lequel je suis, prend en cachette Celui contre lequel je parle
. [Racine, Les plaideurs] - 4Lequel, laquelle signifie quelquefois, au sens interrogatif, quel est celui, quelle est celle, etc.
Lequel aimez-vous le mieux de ces deux tableaux-là ? Lequel vous plaît le plus ? Duquel des deux voulez-vous vous défaire ? Ou pour mieux expliquer ma pensée et la vôtre, Lequel doit plaire plus d'un jaloux ou d'un autre ?
[Molière, Les fâcheux] - 5Lequel, laquelle signifie aussi, celui, celle qui, etc. Parmi ces étoffes, voyez laquelle vous plairait le plus.
La fièvre, et même assez forte, me rend si faible qu'il faut dans peu qu'elle s'en aille, ou que je m'en aille ; je ne puis pas vous dire encore lequel des deux
. [Rousseau, Correspondance] - 6On met quelquefois tous devant lesquels au pluriel.
Tous les professeurs de l'université de Grats ; tous les professeurs de l'université de Prague, de tous lesquels j'ai en main les approbations de mon opinion
. [Pascal, Les provinciales]Toutes lesquelles choses s'éxécutant par la liberté des hommes....
[Bossuet, Libre arb. 3]
REMARQUE
1. Dans le XVIIe siècle, on pouvait faire rapporter lequel, dans la phrase consécutive, à quelque incise de cette phrase consécutive, non au verbe principal. Des pensées inutiles de l'avenir, auxquelles bien loin d'être obligé de m'arrêter, je suis au contraire obligé de ne m'y point arrêter
. [Pascal, Lettres] Il y a partout la difficulté, à laquelle si on succombe, on périt
. [Bossuet, 2e avertiss. 10] Il ne me reste plus qu'à y ajouter l'évidence de la révélation divine, à laquelle ne désirant pas m'attacher quant à présent, je me contenterai de dire que....
[Bossuet, Libre arb. II] Cette tournure n'est pas reçue aujourd'hui : cela est dommage ; car elle facilite beaucoup la construction de certaines phrases.
2. Les grammairiens condamnent la locution lequel qui au lieu de quel que soit celui qui. Cependant elle est de l'ancienne langue, est restée dans l'usage populaire, et se trouve dans de bons écrivains : Lequel des trois que l'on ôte, tout s'en va
. [Bossuet, Élévation à Dieu sur tous les mystères de la religion chrétienne] Mais lequel des deux qui vienne, qu'il tâche surtout de venir seul
. [Rousseau, Correspondance] Cette locution, que l'on n'admet plus, est-elle en effet fautive ? Elle offre deux choses à considérer : quel... qui ou que, au lieu de quelque... que, et l'article défini devant ce quel... qui. Quant au premier point, non-seulement quel... qui ou que pour quelque.... qui ou que, n'est point incorrect, mais est seul correct ; le que dans quelque est parasite ; l'ancienne langue ne commettait pas cette faute, disant : quel livre que tu lises, etc. (voir QUELQUE... QUE). Quant à l'article défini, il se construit régulièrement avec quel ici comme ailleurs. La locution lequel... qui ou que est donc non pas une faute, mais un archaïsme meilleur que la locution lourde quel que soit celui qui, et à recommander d'après Bossuet et J. J. Rousseau.
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