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licence

nf (li-san-s')
  • 1Liberté de faire donnée par permission. N'ai-je point à rougir de cette déférence Qui d'un combat illustre achète la licence ? [Corneille, Don Sanche] Faites parler les droits qu'on a dessus mon coeur, Je vous en donne la licence. [Molière, Le dépit amoureux] Et je vous viens, monsieur, avec votre licence, Signifier l'exploit de certaine ordonnance.... [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Hélas ! Ils se voyaient avec pleine licence ; Le ciel de leurs soupirs approuvait l'innocence. [Racine, Phèdre]

    Il vieillit en ce sens. Cependant on dirait encore très bien, comme Racine, pleine licence.

  • 2Permission spéciale pour exporter ou importer ou pour vendre certaines marchandises. Lors du blocus continental, Napoléon 1er donnait des licences pour introduire les marchandises anglaises.

    Terme de pêche. Concession faite de gré à gré par les agents de l'administration des eaux et forêts, du droit d'exploiter un cantonnement de pêche sur un fleuve ou sur une rivière navigable.

  • 3Terme universitaire. Degré entre celui de bachelier et celui de docteur. Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à avoir ses licences. [Molière, Le malade imaginaire]

    Aujourd'hui, on ne dit plus ses licences, on dit sa licence, à moins qu'il ne s'agisse collectivement de la licence ès lettres, de la licence ès sciences, etc. Les quatre licences.

    Temps que l'on passait sur les bancs avant de pouvoir devenir licencié.

    Licence, nom donné, dans la faculté de théologie, aux deux ans que les bacheliers passaient sur les bancs, pour fournir des preuves de leur capacité avant d'être reçus docteurs. Le cardinal de Guise n'a jamais été que sous-diacre et n'avait jamais songé à entrer en licence. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Il [le cardinal de Fleury] commença sa licence en 1676 ; mais il ne prit le bonnet de docteur que longtemps après. [Mairan, Élog. du card. Fleury.]

    Les licences universitaires ont été ainsi nommées parce qu'elles donnaient la licence, la permission d'enseigner, de plaider, de traiter les malades, etc.

  • 4Trop grande liberté, contraire au respect, à la retenue, à la modestie. Il faut qu'enfin quelqu'un réprime ses licences. [Rotrou, Venceslas] Qui donc est ce coquin qui prend tant de licence Que de chanter et m'étourdir ainsi ? [Molière, L'amphytrion] Ils vous l'ont dit [qu'ils vous aimaient] ? - Aucun n'a pris cette licence. [Molière, Les femmes savantes] Mon mari avait le fonds excellent ; je l'avais corrigé de ses licences. [Maintenon, Lettres] Je sais sur ma conduite et contre ma puissance Jusqu'où de leurs discours ils portent la licence. [Racine, Athalie]
  • 5Déréglement moral, insubordination. Arrêter la licence par la terreur des supplices. [Patru, Plaid. 10, dans RICHELET] La licence qu'on a prise d'ébranler les règles. [Pascal, Les provinciales] Comme la république avait son faible inévitable, c'est-à-dire la jalousie entre le peuple et le sénat, la monarchie des Césars avait aussi le sien, et le faible était la licence des soldats qui les avaient faits. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] N'a-t-il pas eu, dans la licence même de la guerre, une constante et scrupuleuse retenue ? [Fléchier, Oraisons funèbres] Enfin de la licence [de la comédie] on arrêta le cours. [Boileau, L'art poétique] Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés ; Et jamais on n'a vu la timide innocence Passer subitement à l'extrême licence. [Racine, Phèdre] Quel frein pourrait d'un peuple arrêter la licence ? [Racine, IV, 4] Cette jeunesse vécut avec une licence sans bornes. [Fénelon, Télémaque] Cette ville est toujours dans la licence. [Montesquieu, L'esprit des lois] Turenne laissa toujours à ses soldats une assez grande licence. [Voltaire, Correspondance] Plongé dans la licence, au vice abandonné. [Voltaire, Octave et le jeune Pompée, ou Le triumvirat] La liberté n'est pas toujours licence. [Voltaire, la Prude, II, 1]
  • 6 Terme de littérature. Ce qui se fait contre les règles exactes de l'art. Il y a d'heureuses licences qui plaisent plus que l'observation des règles. Alors qu'une oeuvre brille, et d'art et de science, La verve quelquefois s'égare en la licence. [Régnier, Satires] C'est sur ces exemples [de Grotius et la Passion, de Buchanan et l'histoire de Jephté] que j'ai hasardé ce poëme, où je me suis donné des licences qu'ils n'ont pas prises. [Corneille, Exam. de Poly.] Purger notre théâtre des ordures que les premiers siècles y avaient comme incorporées, et des licences que les derniers y avaient souffertes. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Si l'on veut s'arrêter aux licences de la conversation, c'est le vrai moyen d'estropier la langue à tout moment. [D'olivet, Ess. gramm. 2e sect. § 6]

    Licence poétique, impropriété dans les termes, irrégularité dans la construction, la dérivation et la syntaxe qu'on tolère chez les poëtes, comme : est-ce pas vous ? pour n'est-ce pas vous ? Monsieur, la poésie a ses licences, mais Celle-ci passe un peu les bornes que j'y mets. [Piron, La métromanie, ou Le poète]

    Fig. et familièrement. Gardez-vous bien de lâcher le moindre mot qui puisse faire connaître au bon d'Hacqueville que je vous ai envoyé sa lettre ; vous le connaissez, la rigueur de son exactitude ne comprendrait point cette licence poétique. [Sévigné, 1er janv. 1676]

    Il se dit avec le même sens, en peinture, en sculpture, en architecture, en musique. Les colonnes accouplées ont été une licence en architecture.

  • 7 Au pl. Traits de plume hardis, composés pour orner les pages d'écriture.
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