mânes

• Nom que les anciens donnaient à l'ombre, à l'âme des morts. Aux mânes paternels je dois ce sacrifice. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Vengez la reine, immolez tous Ce traître à ses augustes mânes. [La Fontaine, Fables] Pensez-vous qu'après tout ses mânes en rougissent ? [Racine, Andromaque] Ô fils d'Ulysse ! me dit Aceste, je ne puis refuser votre sang aux mânes de tant de Troyens que votre père a précipités sur les rivages du noir Cocyte. [Fénelon, Télémaque] Ils [les Juifs] pensèrent, comme presque toutes les autres nations, que l'âme est quelque chose de délié, d'aérien, une substance légère, qui retenait quelque apparence du corps qu'elle avait animé ; c'est ce qu'on appelait les ombres, les mânes des corps. [Voltaire, Pol. et lég. Tolérance, Extr. tol. des Juifs.] Si je meurs pendant que vous serez en route, cela ne fait rien ; venez toujours, mes mânes en seront très flattés ; ils aiment passionnément la bonne compagnie. [Voltaire, Correspondance] Nous [Athéniens] n'avons à présent d'autre ressource que l'indulgence ou la pitié de ce prince [Philippe] ; la pitié ! mânes de Thémistocle et d'Aristide !... [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Ah ! vous pleurer est le bonheur suprême, Mânes chéris de quiconque a des pleurs ; Vous oublier, c'est s'oublier soi-même ; N'êtes-vous pas un débris de nos coeurs ? [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

  Fig. Laissons en paix les mânes de ses ouvrages [du P. Castel], ensevelis dans le journal de Trévoux. [Voltaire, Correspondance]

  Les anciens Romains disaient aussi les dieux mânes. Aux dieux mânes (Diis manibus), se trouve souvent sur les tombes.