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ménagement

nm (mé-na-je-man)
  • 1Art de conduire, de diriger, de manier. Le ménagement des esprits, des affaires. Ils y admiraient les ménagements ineffables de sa Providence. [Massillon, Mystères, Soumission.]
  • 2 Par extension du sens moral au sens physique, action de bien régler, bien disposer. Plusieurs petites ouvertures [dans un four à incubation artificielle] servant de registre pour le ménagement de la chaleur. [Buffon, Oiseaux]
  • 3Mesure qu'on doit avoir dans les actions, dans les discours, à l'égard des personnes ou des choses. Je me sens des ménagements pour la Provence qui me font croire que j'y retournerai quelque jour. [Sévigné, 27 nov. 1689] J'ai reçu une lettre du marquis de Charost toute pleine d'amitié et de ménagement. [Sévigné, 29 juillet 1674] Il [le pape Honorius I] entra avec eux [les monothélites] dans un dangereux ménagement. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] On a des ménagements avec ses ennemis mêmes. [Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des Mondes] User de ces timides ménagements avec le monde, c'est n'être pas encore chrétien. [Massillon, Carême, Resp. hum.] Tâchez de parler de votre maître avec un peu plus de ménagement que vous ne faites. [Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard] Vous n'êtes point surpris sans doute de la conduite de Desfontaines.... tous vos ménagements n'ont jamais servi qu'à nourrir ses poisons et son insolence. [Voltaire, Correspondance] Les plaisirs les plus lascifs y sont peints sans ménagement [dans un épisode de la Lusiade] ; chaque Portugais embrasse une néréide. [Voltaire, Ess. poés. ép. ch. 6] Les égards supposent, dans ceux pour qui on les a, des qualités réelles ; les ménagements, de la puissance ou de la faiblesse ; les attentions, des liens qui les attachent à nous ; la circonspection, des motifs particuliers ou généraux de s'en défier. [D'alembert, Synon. Oeuv. t. III, p. 316, dans POUGENS] M. Rousseau demande jusqu'où peuvent aller les ménagements d'un homme vrai ? je lui réponds : exclusivement jusqu'à l'équivoque. [Marmontel, Apolog. théât. Oeuv. t. XVI, p. 423, dans POUGENS] Il n'importe, mon cher ; avec Mme Évrard J'ai des ménagements à garder.... [Collin D'harleville, Le vieux célibataire] Il y a des ménagements que l'esprit même et l'usage du monde n'apprennent pas. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

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- REM. On dit avoir des ménagements pour quelqu'un : il a de grands ménagements pour elle. Cette façon de parler est de la cour ; mais elle n'est pas fort établie, et les plus savants dans la langue ne la peuvent ouïr qu'avec peine, BOUHOURS, Entretiens d'Ariste et d'Eugène, 1671, p. 119. La locution a triomphé de Bouhours.

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