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mais

(mê ; l's se lie : mê-z un homme, mê-z aussi)
  • 1Adv. qui signifie plus, et qui, usité en ce sens dans l'ancienne langue, ne se conserve plus aujourd'hui que dans la locution suivante : pouvoir mais, avec une négation ou une interrogation, n'être pas cause de, n'être pas responsable de. Souvent nous imputons nos fautes au malheur Qui n'en peut mais. [Régnier, Satires] Le malheureux lion.... Bat l'air qui n'en peut mais. [La Fontaine, Fables] [Le vent] Siffle, souffle, tempête, et brise en son passage Maint toit qui n'en peut mais, fait périr maint bateau. [La Fontaine, ib. VI, 3] Sacrifiant à sa mélancolie Mainte perdrix qui, las ! ne pouvait mais Des cruautés de madame Clitie. [La Fontaine, Faucon.] Faut-il de vos chagrins sans cesse à moi vous prendre, Et puis-je mais des soins qu'on ne va pas vous rendre ? [Molière, Le misanthrope] Enfin, après cent tours, ayant de la manière Sur ce qui n'en peut mais déchargé sa colère.... [Molière, L'école des femmes] Si mon maître est ingrat, puis-je mais de cela ? [Regnard, Le distrait]
  • 2Dans le sens de oui, certes, qui est une extension du sens de plus. Elle y fut reçue très bien, mais très bien, c'est-à-dire que le roi la fit mettre dans sa calèche avec les dames. [Sévigné, 43] Je trouve le petit-fils fort joli, mais fort joli. [Sévigné, 3 avr. 1680] Parlerai-je d'Iris ? chacun la prône et l'aime, C'est un coeur, mais un coeur.... c'est l'humanité même. [Gilbert, Le XVIIIe siècle]

    Il se dit familièrement avec oui servant de réponse, et ne fait que renforcer l'affirmation. Viendrez-vous ? - Mais oui.

  • 3Conjonc. servant à marquer opposition, restriction, différence parce que le sens fondamental de plus qui y est, met en regard deux propositions, et les lie entre elles, soit passant de la plus faible à une autre plus forte, soit par différence ou opposition. Il est riche, mais avare. D'autre sang, mais plus vil, expiera l'attentat. [Corneille Th. Le comte d'Essex] J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer. [Racine, Britannicus] Vous ne faites que ce que font les autres ? mais c'est ce que l'Écriture vous défend. [Massillon, Carême, Élus.] Heureux, mais gouvernés, libres, mais sous des maîtres. [Voltaire, Brutus] Tu nous laissas le jour, mais pour nous avilir. [Voltaire, La mort de César] Ils ont dit que le mien serait assez beau, si.... ; que celui de Denis serait assez bien ; mais.... eh ! bien, si, mais ? [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]
  • 4Il s'emploie pour rendre raison de quelque chose. Je l'ai, il est vrai, maltraité, mais j'en avais sujet.
  • 5Il peut se répéter pour donner plus de force à l'opposition. Immolez, non à moi, mais à votre couronne, Mais à votre grandeur, mais à votre personne... [Corneille, Le Cid] Ce n'est point parce que ses passions le rendent contraire à Dieu, mais parce qu'elles troublent son repos, mais parce qu'elles lui causent de mortels chagrins, mais parce qu'il se voit souvent dans l'impuissance de les satisfaire... [Bourdaloue, Myst. Concept. de la Vierge, t. II, p. 14] À l'instant il s'éleva dans tout Israël un seul cri, mais éclatant, mais unanime. [Rousseau, Lév. d'Éphr. ch. 3]
  • 6Mais.... mais.... à la fin d'une objection, se dit pour faire pressentir des objections, des restrictions qu'on ne veut pas exprimer. Les soupers du roi [de Prusse] sont délicieux ; on y parle raison, esprit, science ; la liberté y règne, il est l'âme de tout cela ; point de mauvaise humeur, point de nuage, du moins point d'orages ; ma vie est libre et occupée ; mais.... mais... ; je suis en train de dire des mais. [Voltaire, Correspondance]
  • 7Il peut se joindre à cependant et ne fait que le renforcer. Mais cependant ce jour il épouse Andromaque. [Racine, Andromaque]
  • 8Mais avec non exprime une négation sous forme d'objection. Le peuple [juif] pour qui Dieu a fait des choses si étonnantes va sans doute être le maître de l'univers ; mais non, le fruit de tant de merveilles est de souffrir la disette et la faim dans des sables arides. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 9Mais s'emploie, dans la conversation, au commencement d'une phrase, qui a quelque rapport à ce qui précède. Mais, dites-moi, que voulez-vous faire de tous ces livres ? Mais encore quel parti prenez-vous ? Mais, qu'avez-vous dit ? Mais enfin, à quoi en voulez-vous venir ?

    Il sert quelquefois de transition pour revenir à un sujet qu'on avait laissé, ou pour quitter celui dont on parlait. Mais revenons à notre propos. Mais c'est trop parler de cela.

  • 10Mais s'oppose à non-seulement, dans deux membres de phrases qui se correspondent, et exprime une addition à ce qui est signifié par non-seulement. Non-seulement il est bon, mais encore il est généreux. Non-seulement on le blâme, mais même on l'accuse.
  • 11Il s'emploie sans verbe, d'une manière exclamative, pour exprimer la surprise, le blâme. Cela est bon pour une demoiselle de St-Cyr : mais une véritable abbesse ! [Maintenon, Lettres]
  • 12Mais ne vous en déplaise, se dit quand on veut contredire quelqu'un.
  • 13Eh mais, se dit pour exprimer le doute, l'hésitation, la suspension. Que dit-elle ? une affaire, où je suis Intéressée !... eh mais ! à ceci je ne puis Rien comprendre... [Collin D'harleville, Optimiste, V, 7]

    Il marque aussi l'étonnement. Eh mais ? qu'y a-t-il là-dedans ?

  • 14 nm Objection, difficulté. Mais.... - Achevez, seigneur : ce mais que veut-il dire ? [Corneille, Nicomède] Que le diable t'emporte avec tes si et tes mais ! [Regnard, Le retour imprévu] Dorval : Mais...Géronte : Mais, mais, voyons votre mais. [Goldoni, Bourru bienfais. II, 1]

    C'est un homme qui n'a ni si ni mais, un homme franc, qui ne cherche ni excuse ni prétexte.

    Des mais, des si, des car, se dit des objections, des difficultés qu'on oppose à une chose simple.

    Il y a un mais se dit pour signifier qu'il y a des critiques à faire.

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15Mais que, ancienne conjonction qui est aujourd'hui hors d'usage, et qui signifiait dès que. Vous pouvez penser comme il fera, mais qu'il soit [dès qu'il sera] doyen des cardinaux. [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.] L'affection avec laquelle j'embrasserai votre affaire, mais que je sache [dès que je saurai] ce que c'est, vous témoignera... [Malherbe, ib.] Cette conjonction est encore très usitée dans les campagnes normandes.
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