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mercenaire

adj. (mèr-se-nê-r')
  • 1Qui se fait seulement pour le salaire. Oeuvre mercenaire. [Rotrou, Venceslas] L'esprit mercenaire [suivant les quiétistes], c'est-à-dire le désir des récompenses. [Bossuet, 5e écrit, 2] Et font d'un art divin [la poésie] un métier mercenaire. [Boileau, L'art poétique] De là vint cet amas d'ouvrages mercenaires, Stances, odes, sonnets, épîtres liminaires. [Boileau, Epîtres]

    Fig. et en mauvaise part. Le véritable amour jamais n'est mercenaire, Il n'est jamais souillé de l'espoir du salaire, Il ne veut que servir, et n'a point d'intérêt Qu'il n'immole à celui de l'objet qui lui plaît. [Corneille, Pertharite, roi des Lombards] Loin de nous une piété faible et mercenaire ! attachons-nous à Dieu pour Dieu même. [Fénelon, t. XVII, p. 347] Ici le coeur fait tout, ici l'on vit pour soi ; D'un mercenaire hymen on ignore la loi. [Voltaire, Les Scythes] Ils pourront aujourd'hui Vendre au fils de Pompée un mercenaire appui. [Voltaire, Octave et le jeune Pompée, ou Le triumvirat]

  • 2En parlant des personnes, qui travaille pour de l'argent. N'employons point les mains d'un soldat mercenaire. [Voltaire, Olymp. IV, 2]

    Troupes mercenaires, troupes étrangères dont on achète le service.

    Fig. À qui l'on fait faire tout ce qu'on veut pour de l'argent. Cet homme est mercenaire. C'est [une armée] une multitude d'âmes pour la plupart viles et mercenaires qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants. [Fléchier, Oraisons funèbres] Gorgé de honte et d'or, un impudent Maurice, Du pouvoir, quel qu'il soit, adorant le caprice, De tout parti vaincu mercenaire apostat, Peut vendre ses amis comme il vendit l'État. [Chénier M. J. Essai sur la satire.]

  • 3 nm Ouvrier, artisan qui travaille pour de l'argent. Celui qui répand le sang et celui qui prive le mercenaire de sa récompense sont frères. [Sacy, Bible, Ecclésiastiq. XXXIV, 27] Faire propriétaire, sans dépouiller personne, l'homme qui n'est que mercenaire, donner la terre au laboureur, c'est le plus grand bien qui se puisse faire en France, depuis qu'il n'y a plus de serfs à affranchir. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Travailler comme un mercenaire, travailler beaucoup.

  • 4En général, tout homme qui travaille pour de l'argent, mais avec l'idée dépréciative qu'il n'a aucune indépendance de caractère. Dieu nous préserve de penser que vous sacrifiez la vérité à un vil intérêt ; que vous êtes du nombre de ces malheureux mercenaires qui combattent par des arguments, pour assurer et pour faire respecter les immenses fortunes de leurs maîtres. [Voltaire, Philos. Cons.]À M. Bergier, XX., Je ne vous ai point abandonné au soin du mercenaire ; je vous ai appris moi-même à parler, à penser, à sentir, DIDER. Père de famille, II, 6. Des esclaves et des mercenaires ne sont pas faits pour élever des Spartiates ; c'est la patrie elle-même qui remplit cette fonction importante. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]
  • 5Nom donné aux étrangers qui servent dans une armée pour de l'argent. Pour t'en donner avis ce lâche mercenaire S'en vint dedans ton camp en faveur de la nuit. [Mairet, La mort d'Asdrubal]

    Guerre des mercenaires, guerre terrible que Carthage eut à soutenir contre les troupes étrangères à sa solde, entre la première guerre punique et la seconde.

  • 6 Fig. Homme intéressé et facile à corrompre pour de l'argent. C'est un vil mercenaire.
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