mélancolique
adj. (mé-lan-ko-li-k')
- 1 Terme de médecine. Qui est relatif au genre de folie dit mélancolie.
Substantivement. Un mélancolique, une mélancolique, personne affectée de mélancolie.
- 2En qui domine la mélancolie, la disposition triste.
Vaine compassion des douleurs d'Angélique, Qui penses triompher d'un coeur mélancolique
. [Corneille, la Place roy. IV, 5]Je suis mélancolique, et je le suis à un point que, depuis trois ou quatre ans, à peine m'a-t-on vu rire trois ou quatre fois
. [La Rochefoucauld, Portrait]Le mélancolique animal [lièvre].... Entend un léger bruit ; ce lui fut un signal Pour s'enfuir devers sa tanière
. [La Fontaine, Fables]....Ces auteurs toujours froids et mélancoliques, Qui, dans leur sombre humeur, se croiraient faire affront, Si les Grâces jamais leur déridaient le front
. [Boileau, L'art poétique]Vous êtes à la fois gaie et mélancolique, mais gaie par votre naturel, et mélancolique encore par réflexion
. [D'alembert, Portr. de Mlle de l'Espinasse.]Substantivement. Un mélancolique, un homme livré à la disposition triste, et à ce qu'on appelle vulgairement vapeurs du cerveau.
Le parti formé dans la cour par M. de Beaufort n'était composé que par quatre ou cinq mélancoliques qui avaient la mine de penser creux
. [Retz, II, 64] - 3En quoi domine la mélancolie, la disposition triste.
Vision mélancolique
. [Tristan, La Marianne]Sentiments mélancoliques
. [Tristan, ib. V, 3]Parmi ces grands sujets d'allégresse publique, Vous portez sur le front un air mélancolique
. [Corneille, La toison d'or]J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien Qui ne me soit souverain bien, Jusqu'au sombre plaisir d'un coeur mélancolique
. [La Fontaine, Psyché, II, p. 217]Sa joie est plus mélancolique que la tristesse des autres
. [Maintenon, Lettres] - 4Qui inspire la mélancolie. Lieu, entretien mélancolique. Écrire sur des sujets mélancoliques.
La bière est un séjour par trop mélancolique
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]La clarinette n'était pas [en 1745] l'instrument aux sons doux et mélancoliques que nous entendons aujourd'hui
. [Ad. Adam, Souvenirs d'un musicien, t. II, p. 181, Gossec.] - 5Qui a rapport à la tristesse vague dite mélancolie.
Que je repose en paix sous le gazon rustique, Sur les bords du ruisseau pur et mélancolique !
[Chénier M. J. la Promenade.]Ils étaient ravis de voir ainsi les sentiments mélancoliques exprimés avec l'imagination italienne
. [Staël, Corinne, ou l'Italie]La poésie la plus mélancolique doit être inspirée par une sorte de verve qui suppose et de la force et des jouissances intellectuelles
. [Staël, ib. XVIII, 4]Il [Chateaubriand] a comme engendré cet ennui incurable, mélancolique, sans cause, si souvent doux et enchanteur dans son expression, sauvage et desséchant au fond, et mortel au coeur, mortel à la bonne et saine pratique des vertus, le mal de René, qui a été celui de tout notre âge, maladie morale qui, après avoir régné cinquante ans plus ou moins, et avec des variantes sans nombre, est aujourd'hui à peu près disparue....
[Ste-beuve, Chateaubriand et son groupe, t. I, p. 99]
SYNONYME
MÉLANCOLIQUE, ATRABILAIRE. Ces deux mots signifient : qui est affecté de bile noire ; atrabilaire est la traduction latine de mélancolique. Pourtant l'usage a mis quelque distinction entre eux, du moins quand on les applique au moral. Le mélancolique est triste ; l'atrabilaire est acerbe.
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