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obstiner

vt (ob-sti-ner. D'après Ménage, au XVIIe siècle, on prononçait ostiner ; ce qui est aujourd'hui la prononciation populaire)
  • 1Faire qu'une personne s'attache avec ténacité à quelque chose. Mais ce flatteur espoir.... Me fait plaire en ma peine et m'obstine à souffrir. [Corneille, Mélite] ....Dis-moi quelle espérance Doit obstiner mon maître à la persévérance. [Corneille, Le menteur] Dompte sous une exacte et forte discipline Ces inséparables flatteurs Que l'amour de toi-même à te séduire obstine. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Que le goût du bien souverain Déracine en mon coeur l'attachement humain, Et, faisant aux faux biens une immortelle guerre, M'obstine au généreux dédain De tout ce qu'on voit sur la terre. [Corneille, ib. III, 23]

    Absolument. Obstiner quelqu'un, le contredire et, par là, l'enfoncer davantage en son opinion. C'est une volonté dure et opiniâtre ; et il suffit qu'on nous contredise, pour nous obstiner davantage. [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 483] Ne l'obstinez point ; je connais son esprit, Il le ferait, monsieur, tout comme il vous le dit. [Regnard, Le légataire universel]

  • 2S'obstiner, vpron S'attacher avec ténacité à. Ne vous obstinez point en cette humeur étrange. [Corneille, Le Cid] Cinna seul dans sa rage s'obstine. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Que ferez-vous enfin si toujours il s'obstine ? [Corneille, Polyeucte] Puis, tout triste et pensif, il s'obstine au silence. [Corneille, La mort de Pompée] Je ne recherche plus la damnable origine De cette aveugle amour où Placide s'obstine. [Corneille, Théodore et Héraclius]

    Il prend à, avec un verbe à l'infinitif. L'affliction s'obstine à suivre qui l'évite. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Quiconque s'obstine à n'avoir point d'autre fin dans le mal que le mal même, nous rompons avec lui. [Pascal, Les provinciales] L'Académie en corps a beau le censurer [le Cid] ; Le public révolté s'obstine à l'admirer. [Boileau, Satires] Je voulus m'obstiner à vous être fidèle. [Racine, Andromaque]

    Fig. Sa Chine [d'un géographe] et sa Tartarie s'obstinaient à demeurer mal placées et mal disposées contre le témoignage de relations indubitables. [Fontenelle, Delisle.]

    Il se dit aussi quelquefois avec de et un infinitif. Ne vous obstinez point d'aimer si hautement. [Tristan, Panthée] Si vous vous obstinez de vivre au milieu des périls. [Massillon, Avent, Concept.]

    Il se dit d'un mal qui résiste aux remèdes et au temps. Mon rhume s'obstinait, et ma bruyante haleine Par secousse, en sifflant, s'exhalait avec peine. [Delavigne, Ép. à Lamartine.]

REMARQUE

Cet imbécile de sir Thomas m'obstine que vous arriverez le dix. [Mme Riccoboni, Lett. de Fanny Butler, lett. 86] Cela signifie : me soutient obstinément que..., et est du langage populaire.

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OBSTINER. - REM. Ajoutez :
2Obstiner sa persévérance, pour persévérer obstinément, est une phrase de Malherbe : Qu'un amant flatté d'espérance Obstine sa persévérance, Lexique, éd. L. Lalanne.
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