perfide

• 1Qui manque de foi. Ce perfide ennemi de la grandeur romaine. [Corneille, Nicomède] Je crois, en vérité, comme vous, que le roi et la reine d'Angleterre sont bien mieux à Saint-Germain que dans leur perfide royaume. [Sévigné, 511] Fabrice renvoya au roi [Pyrrhus] son perfide médecin, qui était venu lui offrir d'empoisonner son maître. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Une femme infidèle, si elle est connue pour telle de la personne intéressée, n'est qu'infidèle ; s'il la croit fidèle, elle est perfide. [La Bruyère, III]

  Être perfide à quelqu'un, lui manquer de foi. Ceux dont vous observez les discours et les pas, Ou sont vos ennemis ou bien ne le sont pas ; S'ils sont vos ennemis, la passion vous guide ; Si ce sont vos amis, c'est leur être perfide. [Boursault, Ésope à la cour, I, 5]

  Il se dit aussi des choses. Et me jurer enfin, d'une bouche perfide, Tout ce que tu ne sens que pour ton Atalide. [Racine, Bajazet] Le perfide intérêt, l'aveugle jalousie. [Racine, Esther] Ô douleur ! dans ses mains [d'ève] il [Adam] voit les pommes d'or, Et la branche où pendait ce perfide trésor. [Delille, Paradis perdu]

• 2 nm et nf Celui, celle qui agit avec perfidie. Perfide généreux, hâte-toi d'embrasser Deux princes impuissants à te récompenser. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Je lui donne ma fille et tout le bien que j'ai ; Et, dans le même temps, le perfide, l'infâme Tente le noir dessein de suborner ma femme. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] En vous nommant à moi la perfide a tremblé. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin]

  Familièrement. Un petit perfide, un homme qu'on accuse d'une petite perfidie. Est-il possible que Le Brun, qui m'adressait de si belles odes pour m'engager à prendre Mlle Corneille, et m'envoie souvent de si jolis vers, ne soit qu'un petit perfide ? [Voltaire, Correspondance]