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permettre

vt (pèr-mè-tr')

Il se conjugue comme mettre.

  • 1Donner liberté, pouvoir de dire, de faire. Permettez qu'à mon tour je parle avec franchise. [Corneille, Sertorius] Je vous dis que vos auteurs permettent de tuer pour une pomme, quand il est honteux de la laisser perdre. [Pascal, Les provinciales] On ne leur laisse plus [aux peuples] rien à ménager, quand on leur permet de se rendre maîtres de leur religion. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il ne faut pas permettre à l'homme de se mépriser tout entier. [Bossuet, Oraisons funèbres] En Égypte, il n'était pas permis d'être inutile à l'État. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Et du temple bientôt on permettra l'entrée. [Racine, Athalie] Elle ne leur permet rien de ce qui passe l'amitié. [La Bruyère, III]

    Permettre, avec que, veut le verbe au subjonctif. Cependant Bossuet a mis le futur de l'indicatif : Dieu permettra que l'union se rétablira, Sermons, Char. frat. 2.

    Vous me permettrez ou permettez-moi de vous dire ou, simplement, permettez, formule de politesse quand on dit une chose contraire à l'opinion que quelqu'un vient de manifester. Permettez-moi, monsieur Trissotin, de vous dire Avec tout le respect que votre nom m'inspire. [Molière, Les femmes savantes] ....Mais permettez. - Je ne veux rien permettre. - Ce n'est pas un exploit. - Chanson ! [Racine, Les plaideurs]

    Permettez, se dit aussi quand on dérange quelqu'un pour faire quelque chose.

    S'il m'est permis de parler ainsi, se dit quand on se sert d'une locution qui n'est pas usitée, ou qui paraît trop forte dans une circonstance donnée.

    Il est permis, les convenances ne s'opposent pas à ce que. Mais comme il est permis Contre qui que ce soit de servir des amis. [Corneille, Nicomède] Et vous pauvres.... s'il m'était permis de vous introduire dans cette auguste assemblée.... [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Il m'est permis, on me pardonnera, on m'excusera. Elle convient qu'il n'est pas permis à un certain âge de faire la jeune. [La Bruyère, III]

    Il m'est permis, il est en mon pouvoir. Certes il [Charles Ier] a montré qu'il n'est pas permis aux rebelles de faire perdre la majesté à un roi qui sait se connaître. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Il m'est permis, j'ai la facilité, la faveur, le loisir de. Enfin elle arrive à Brest, où il lui fut permis de respirer un peu. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Il n'est pas permis à tout le monde de, tout le monde n'a pas l'avantage de. Il n'est pas permis à tout le monde de parler aussi bien que vous. [Dictionnaire de l'Académie Française] Il n'est pas permis d'avoir autant d'esprit que lui, il a beaucoup d'esprit, façon de parler de la cour. [De Caillières, 1690]

    Que ne m'est-il permis ? est employé par les orateurs dans la figure de rhétorique dite prétérition.

    Je vous permets de, se dit, par indifférence ou par mépris, pour : vous pouvez faire ou dire ce qu'il vous plaira, je ne m'en soucie pas.

    On dit de même : pensez-en ce qu'il vous plaira, je vous le permets.

  • 2Se permettre, permettre à soi, s'accorder, se donner la liberté de. Défendons-nous plutôt ce qui nous est permis, que de nous mettre en danger de nous permettre ce qui nous est défendu. [Bourdaloue, 3e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 385] Ces abus que tout le monde se permet. [Massillon, Carême, Élus.]

    Je me permettrai de vous dire, de vous représenter, formule de civilité ou d'adoucissement.

  • 3Autoriser à faire usage d'une chose. Les médecins lui ont permis le café. La loi de Mahomet permet la polygamie.
  • 4Tolérer. Il faut bien permettre ce qu'on ne peut empêcher.

    Il signifie aussi tolérer ce qu'on pourrait empêcher. Quand, pour punir les scandales ou pour éveiller les peuples et les pasteurs, il [Dieu] permet à l'esprit de séduction de tromper les âmes hautaines. [Bossuet, Oraisons funèbres] Va, dis-leur qu'à ce prix je leur permets de vivre. [Racine, Athalie] Il [Dieu] punit les forfaits que leurs mains [des princes] ont commis, Ceux qu'ils n'ont point vengés, et ceux qu'ils ont permis. [Voltaire, La Henriade] Ah ! j'ai quitté des dieux dont la bonté facile Me permettait la mort, la mort, mon seul asile. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

    Dieu a permis que, l'ordre de la Providence, de la justice divine a voulu que.

    Si Dieu le permet, sorte d'exclamation qui condamne, réprouve, exprimant qu'il faudrait une permission de Dieu pour accepter ce dont il s'agit. Avec cela [les bassesses de Cranmer à l'égard des princes], si Dieu le permet, on nous vantera encore la vigueur de ce perpétuel flatteur des rois. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

  • 5Donner le moyen, le loisir de, avec un nom de chose pour sujet. Les affaires du roi ne permettant pas que cette sage régente [Anne d'Autriche] pût proportionner le remède au mal. [Bossuet, Oraisons funèbres] Ni les conseils de la Providence, ni l'état de la princesse ne permettaient qu'elle partageât tant soit peu son coeur. [Bossuet, Oraisons funèbres] Vanité des vanités, et tout est vanité.... c'est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur. [Bossuet, Oraisons funèbres] L'ambition ne permettait pas à la justice de régner dans leurs conseils [des Romains]. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]
  • 6Se permettre, vpron Être permis. Ces choses-là ne se permettent pas.

REMARQUE

1. Quand permettre a un régime indirect, il demande de et l'infinitif : On nous permet de sortir. S'il n'a pas de régime, il demande que et le subjonctif : Votre père a permis que vous sortissiez.

2. Régnier a dit permettre sans de : Ta vertu.... te permet écouter les chansons. [Régnier, Satires]

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