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possession

nf (po-sè-sion ; en vers, de quatre syllabes)
  • 1État, action par laquelle on a la propriété de.... Dans sa possession [de l'empire] j'ai trouvé pour tous charmes D'effroyables soucis, d'éternelles alarmes. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] L'usage seulement fait la possession. [La Fontaine, Fables] Elle [la princesse d'Orange] a donné procuration à son mari pour prendre possession du royaume d'Angleterre, dont elle dit qu'elle est héritière ; et, si son mari est tué.... elle la donne à M. de Schomberg pour en prendre la possession pour elle. [Sévigné, 8 nov. 1688] Les environs dont ils étaient en possession depuis tant de siècles. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Il se maintient dans la possession du royaume. [Bossuet, I, 9] Quatre-vingts ans après la prise de Troie, les Héraclides se mirent en possession du Péloponnèse, ayant défait les Pélopides. [Rollin, Histoire ancienne] Les musulmans en possession de ce commerce [des Indes]. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Fig. Il n'y a qu'à voir ces messieurs [les médecins] pour ne vouloir jamais les mettre en possession de son corps. [Sévigné, 315] Elle [Mme de Coulanges] a pris possession de ma personne, elle me nourrit, elle me mène. [Sévigné, 6 mai 1680] Je suis fort affligée de cette colique de Mme de Coulanges... il ne faut point laisser prendre possession de nos pauvres machines à des maux si dangereux et si douloureux. [Sévigné, à M. de Coulanges, 19 juin 1695]

    Possession de famille, possession qui vient par hérédité.

    Fig. Que ses pères avaient toujours été fidèles serviteurs des rois leurs maîtres, mais qu'ils n'avaient jamais été leurs flatteurs ; que cette honnête liberté dont il faisait profession était un droit acquis et une possession de famille. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Prendre possession, prise de possession, se dit de l'acte par lequel un État, un souverain s'assure la possession d'un territoire. Le 28 février 1766, M. Ulloa arriva dans la colonie avec quatre-vingts hommes de sa nation ; la prise de possession devait, dans les règles ordinaires, suivre son débarquement. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 2 Terme de jurisprudence. Action ou droit de posséder à titre de propriétaire. La possession est la détention ou la jouissance d'une chose ou d'un droit que nous tenons ou que nous exerçons par nous-mêmes ou par un autre qui la tient ou qui l'exerce en notre nom. [Code Napoléonien] En fait de meubles la possession vaut titre. ib. art. 2279] La possession utile ne commence que lorsque la violence a cessé. ib. art. 2233]

    Envoi en possession, acte judiciaire par lequel les ayants droit sont mis en possession de biens ou de titres qui leur sont dévolus.

    Possession de fait, action de détenir une chose sans avoir l'intention de se l'approprier : un dépositaire, un commodataire, un fermier, ont une possession de fait.

    Possession d'état, notoriété qui résulte d'une suite non interrompue d'actes faits par la même personne en une même qualité. La possession d'état s'établit par une réunion suffisante de faits qui indiquent le rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il prétend appartenir. [Code Napoléonien]

  • 3Il se dit, par extension, des charges, des dignités dont on est revêtu, des biens moraux ou autres qu'on possède. Elle [l'histoire] ne dit point ce que devin : Rodogune après la mort de Démétrius, qui vraisemblablement l'amenait en Syrie prendre possession de sa couronne. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Nous disions avec joie que le ciel l'avait arrachée, comme par miracle, des mains des ennemis du roi son père, pour la donner à la France ; don précieux, inestimable présent, si seulement la possession en avait été plus durable. [Bossuet, Oraisons funèbres] Ces anciennes et illustres familles qui sont dans une si longue possession [héréditaire] des premiers honneurs. [Fénelon, Télémaque]

    Être en possession de l'estime publique, la posséder pleinement.

    Être en possession du théâtre, n'avoir point de rival dans la composition des pièces dramatiques. Il [Sophocle] était âgé de 28 ans ; il concourait avec Eschyle, qui était en possession du théâtre. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

    Prendre possession, entrer en charge. Je suis ravie, Monseigneur, de ce que vous prendrez possession jeudi ; je joindrai mes prières aux vôtres, pour que Dieu donne sa bénédiction à tout ce que vous allez faire. [Maintenon, Lettres]

  • 4 Fig. Être en possession de, avec un nom de personne pour sujet, avoir le droit, la coutume de. Il établit une nouvelle troupe de comédiens à Paris, malgré le mérite de celle qui était en possession de s'y voir l'unique. [Corneille, Mélite] Le comte de Grammont, qui est en possession de dire toutes choses sans qu'on ose s'en fâcher. [Sévigné, à Bussy, 6 août 1675] Je parle de ceux qui.... par oubli de la religion, se sont mis dans la possession malheureuse de ne plus prier. [Bourdaloue, Serm. pour le 5e dim. après Pâques, 1] La journée de Lens, encore plus triomphante, acheva de mettre ce prince dans la juste et incontestable possession où il se vit alors d'être le héros de son siècle. [Bourdaloue, Oraison funèbre de Condé.] Les troupes de France étaient partout en possession d'avoir de l'avantage. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il y a plus de mille ans que les femmes sont en possession de se brûler [en Orient]. [Voltaire, Zadig, ou La destinée] Il y a environ quarante-cinq ans que monseigneur est en possession de se moquer de son humble serviteur. [Voltaire, Correspondance]

    Être en possession de, avec un nom de chose pour sujet, produire habituellement tel ou tel effet. Ne cherchez point dans cette tragédie les agréments qui sont en possession de faire réussir au théâtre les poëmes de cette nature. [Corneille, Sertorius] Les oiseaux ont toujours été en possession de fournir aux peuples policés, comme aux peuples sauvages, une partie de leur parure. [Buffon, Oiseaux]

  • 5 En termes de grammaire, la qualité des adjectifs ou pronoms possessifs. Le sujet à qui convient la possession, si par accident ce n'est pas une personne, est cependant regardé toujours comme une personne. [D'olivet, Ess. gramm. III, 2]
  • 6 Fig. Empire qu'on a sur les affections de quelqu'un. Quelle possession vous avez prise de mon coeur ! [Sévigné, 27 sept. 1679] L'esprit de Jésus-Christ a pris possession de leur coeur. [Massillon, Myst. Pentecôte.]
  • 7Il se dit de la jouissance de la vue de Dieu. Dieu, dit saint Augustin, ne nous a point promis d'autre héritage que la possession de lui-même. [Bourdaloue, Concep. de la Vierge, Mystères, t. II, p. 35]
  • 8La chose même qu'on possède. Venez voir vous-mêmes cette terre délicieuse que le Seigneur vous propose et qui doit être votre possession éternelle. [Massillon, Carême, Samaritaine.]

    Au pl. Terres possédées par un État, par un particulier. Les Anglais avaient attaqué les possessions de la France en Amérique et en Asie. [Voltaire, Précis du siècle de Louis XV] Philotas avait, dans l'île de Samos, des possessions qui exigeaient sa présence. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

  • 9Jouissance de certaines choses qu'on a recherchées avec ardeur. La possession diminue ordinairement le prix des choses qu'on a le plus désirées.
  • 10Il se dit d'une femme que l'on obtient en mariage. Et [l'honneur] te fait renoncer, malgré ta passion, à l'espoir le plus doux de ma possession. [Corneille, Le Cid]

    Jouissance des faveurs d'une femme. Le roi était alors dans la première ardeur de la possession de la Vallière. [La Fayette, Hist. Henr. d'Anglet. Oeuv. t. III, p. 112, dans POUGENS.] La possession de beaucoup de femmes ne prévient pas toujours les désirs pour celle d'un autre. [Montesquieu, L'esprit des lois] Le moment de la possession est une crise de l'amour. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Une possession s'est dit quelquefois d'une pièce de vers pour célébrer la possession d'une femme.

  • 11 Terme de liturgie. État d'une personne qui est actuellement sous le pouvoir du diable, et dans le corps de laquelle il habite réellement. Toutes les maladies lui sont des possessions ; et, où il ne faut que des médecins, elle emploie les exorcistes. [Guez de Balzac, Le Prince]
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