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quoique

conj. (koi-k')
  • 1Il exprime une opposition et gouverne toujours le subjonctif. Notre père Lamy prouve fort bien cette doctrine, quoique, par un trait d'humilité, il la soumette aux lecteurs prudents. [Pascal, Les provinciales] Quoique Dieu et la nature aient fait tous les hommes égaux, en les formant d'une même boue, la vanité humaine ne peut souffrir cette égalité. [Bossuet, Gornay.] Quoique M. de Montausier aimât la gloire, il la cherchait dans ses actions, non pas dans le témoignage des hommes. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    On peut dire quoique en faisant ellipse du verbe être. Et, quoique amis enfin, je suis tout des premiers... [Molière, Le misanthrope] Le bon père dont je souffre toujours les discours, quoique avec bien de la peine. [Pascal, Les provinciales] Quoique invisibles, il est toujours deux témoins qui nous regardent : Dieu et la conscience. [Fénelon, Dial. Dion et Gélon.]

    Quoique, au lieu de se répéter, peut être remplacé par que. J'y reçus une de vos lettres ; et, quoiqu'il ne soit que lundi et que celle-ci ne parte que mercredi, je commence à causer avec vous. [Sévigné, 19 juillet 1677]

  • 2 Populairement. Quoique ça, néanmoins. Il me trompe ; quoique ça, je l'aime.

    Peut-être la locution doit-elle s'interpréter autrement : quoi que ça, quoi que ça soit !

REMARQUE

1. L'e de quoique ne s'élide que lorsqu'il est suivi de il, ils, elle, elles, on, un, une. Mais on écrit sans apostrophe : Quoique amis, ils ne se voient pas souvent.

2. Quoique s'unit avec un participe présent : Quoique souffrant, je suis sorti ; mais l'usage n'admet pas qu'il s'unisse à un participe passé. On ne dit pas : Quoique n'ayant pu le voir, je... mais : Quoique je n'aie pu le voir, je....

3. On a dit qu'il ne doit pas non plus se construire avec le participe passé, et qu'il ne faut pas dire : quoique aimé de tous, mais : quoiqu'il soit aimé. Cette remarque n'est pas fondée ; car ce qui empêche la construction avec le participe présent, c'est qu'on ne peut sous-entendre le verbe être ; cette raison n'existe pas pour le participe passé. Seigneur, ainsi qu'à vous la liberté m'est chère : Quoique né sous un roi, j'en goûte les appas. [Voltaire, Brutus]

4. Vaugelas a employé quoique avec le conditionnel : Quoique quelques-uns seraient d'avis, etc. On le trouve aussi avec le futur : En attendant, on laissera tout faire au cardinal, quoique l'on parera plusieurs de ses coups les plus impertinents et les plus nuisibles, Mém. d'Argenson, t. III, p. 357 (in-8°, 1860).

5. Dans le XVIIe siècle, on le trouve quelquefois avec l'indicatif ; ce qui n'est plus usité. Il [Ménage] apporte un endroit de M. d'Ablancourt où quoique est mis avec l'indicatif d'une manière agréable, mais c'est qu'il y a deux ou trois mots entre quoique et le verbe : Quoiqu'à dire vrai je ne suis guère en état de le faire. [Vaugelas, Remarques sur la langue française] Quoiqu'il est superflu de dire. [Bussy-rabutin, Hist. amour. des Gaules, t. I, p. 50 (éd. in-12).] La mienne, quoique aux yeux elle n'est pas si forte. [Molière, L'école des femmes] (dans les éditions du vivant de Molière ; les éditions posthumes de 1682 ont corrigé elle semble moins forte). Jamais les Pères ne l'ont reprochée [une certaine loi], ni pendant la vie ni après la mort, ni à Valentinien, ni à Justine, cette prétendue seconde femme, quoique, devenue arienne et persécutrice des catholiques, elle n'avait pas mérité d'être flatée. [Bossuet, Déf. Var. 1er disc. 63]

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