ralentir
- 1Rendre plus lent.
Un mouvement, quelque lent qu'il soit, ne peut-il pas être ralenti de moitié, en sorte qu'il parcoure le même espace dans le double de temps ?
[Pascal, Pensées]La nuit a ralenti les heures ; Le sommeil s'étend sur Paris
. [Béranger, Rossignols.]Terme de manége. Ralentir un cheval, modérer son mouvement.
- 2 Fig. Rendre moins vif, moins actif, moins intense.
On commence à ralentir l'espérance que l'on avait d'avoir Perpignan si tôt
. [Voiture, Lettres]Le sang qu'il a perdu ralentit sa vigueur
. [Corneille, Horace]Ce grand feu des Romains en paraît ralenti
. [Corneille, Sophonisbe]Assez instruit de vos maximes, et bien résolu de les pousser autant que je croirai que Dieu m'y engagera, sans qu'aucune considération humaine puisse arrêter ni ralentir mes poursuites
. [Pascal, Les provinciales]La raison alors dans sa force devrait produire, mais elle est refroidie et ralentie par les années, par la maladie et la douleur
. [La Bruyère, XI]Le souvenir de l'échec qu'il avait reçu ralentit beaucoup son courage
. [Rollin, Histoire ancienne]L'absence ralentit les liaisons les plus vives
. [Massillon, Avent, Dispos.]La charité opère partout où elle est.... c'est un feu céleste.... il peut être à la vérité quelquefois couvert et comme ralenti par la multitude de nos faiblesses
. [Massillon, Carême, Fautes légères.]Un aveu si terrible et si capable de ralentir la fureur de ces juges, est pour le Sauveur une réponse de mort
. [Massillon, Carême, Passion.] - 3 vi Devenir plus lent, moins vif.
Ma mauvaise santé me rend si faible, que j'ai un peu ralenti de mon ardeur pour ces belles-lettres qui m'ont fait une illusion si longue, et qui m'ont souvent consolé dans mes afflictions
. [Voltaire, Correspondance] - 4Se ralentir, vpron Devenir plus lent.
Le combat s'était ralenti tout à coup
. [Vaugelas, Q. C. IV, 16]Leur fougue impétueuse [de chevaux ayant le mors aux dents] enfin se ralentit
. [Racine, Phèdre]Le cheval élevé pour la course.... pourra faire une lieue en six ou sept minutes, mais bientôt sa vitesse se ralentit
. [Buffon, Oiseaux] - 5 Fig. Devenir moins vif, moins vigilant, en parlant des personnes.
Je ne sais si nous avons aussi remarqué que David s'était un peu ralenti de ce côté-là [du côté de la justice], durant qu'il était occupé de Bethsabée
. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte]On se ralentit, on se dérange à l'égard de tous les autres exercices
. [Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 328]Il s'était tellement ralenti sur cette poursuite que....
[Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]Il se dit des choses en un sens analogue.
À l'arrivée de la reine, la rigueur de la persécution se ralentit
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Les sentiments humains perdent par l'habitude, toute leur pointe ; ils se ralentissent, et, n'ayant plus de quoi piquer une âme, ils viennent enfin à s'amortir tout à fait et à s'éteindre
. [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 44]Sa passion ne s'est jamais ralentie d'un instant
. [Lamotte, Matr. d'Éph. sc. 11]Les chaleurs et les malheurs ne font-ils pas un tort horrible au tripot [au théâtre] ?... nos souscriptions [au Commentaire sur Corneille] pourraient bien se ralentir
. [Voltaire, Correspondance]Avec ellipse du pronom personnel.
Il ne songea qu'à profiter de cette première ardeur de la faction, qu'il ne fallait pas laisser ralentir
. [Voltaire, dans le Dict. de BESCHERELLE.]
REMARQUE
Pourquoi l'Académie écrit-elle ralentir par une seule l. tandis qu'elle écrit par deux l rallonger ? La bonne règle serait de ne mettre qu'une l là où la prononciation n'en met qu'une.
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