repaître
- 1Manger, prendre sa réfection ; il se dit des hommes et des animaux, surtout en voyage.
Parce qu'il lui fallait faire [à M. le Prince] ce jour-là trente-cinq lieues sur les mêmes chevaux, la nécessité de repaître le fit retarder de quelques heures
. [La Rochefoucauld, Mémoires]Chacun repaît, le soir étant venu ; L'on mange peu, l'on boit en récompense
. [La Fontaine, Fiancée.]Mais, seigneur Trufaldin, songez-vous que peut-être Ce monsieur l'étranger a besoin de repaître ?
[Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]nm Terme de chasse. Faux repaître, se dit de l'action du cerf qui paît et n'avale pas, étant pressé par les chiens.
- 2 vt Nourrir, donner à manger. Il faut repaître ses animaux.
Fig.
Ces vieux contes d'honneur dont on repaît les dames
. [Régnier, Satires]J'ai plaint le faux espoir dont on vous repaissait
. [Molière, Le dépit amoureux]Pour souffrir qu'un valet de chansons me repaisse
. [Molière, L'amphytrion]Celui qui alluma le plus cette ardeur [de conquérir la Sicile] fut Alcibiade, en repaissant le peuple de magnifiques espérances
. [Rollin, Histoire ancienne]Repaître ses yeux d'un spectacle, le regarder avec avidité.
Viens voir mourir ta soeur dans les bras de ton père, Viens repaître tes yeux d'un spectacle si doux
. [Corneille, Horace]Et que devant sa porte, au lieu de Mardochée, Apaisant par sa mort et la terre et les cieux, De mes peuples vengés il [Aman] repaisse les yeux
. [Racine, Esther]Bellone et Mars, avec les Furies dégouttantes de sang, repaissaient leurs yeux cruels de ce spectacle [une bataille]
. [Fénelon, Télémaque]Se repaître l'esprit, repaître son esprit.
Se repaître plutôt l'esprit de la vanité des paroles que de la solidité des choses
. [Malebranche, De la Recherche de la vérité] - 3Se repaître, vpron Prendre sa réfection. Ces animaux se repaissent de chair.
Les uns [les démons, dieux des païens] gais et plus enjoués se laissaient gagner par des spectacles et des jeux ; l'humeur plus sombre des autres voulait l'odeur de la graisse, et se repaissait de sacrifices sanglants
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Du repos des humains implacable ennemie.... Je me repais de sang....
[Boileau, Énigme (une puce).]La brute se repaît, l'homme mange
. [Brillat-savarin, Phys. du goût, Aphorisme.]Par exagération. Il ne se repaît que de sang et de carnage, se dit d'un homme cruel et sanguinaire.
Fig.
....ce sont contes frivoles Dont se repaît le peuple....
[Régnier, Élégies]Mes yeux se repaîtront des horreurs de ta peine
. [Corneille, Médée]D'abord je me repus d'espérances frivoles
. [La Fontaine, Psyché, II, p. 197]Pour moi, je vous l'avoue, je me repais un peu de gloire
. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]On se repaît des vains projets d'une conversion imaginaire
. [Fléchier, Oraisons funèbres]Pour contenter une sainte ardeur de l'entendre, et pour se repaître de sa doctrine
. [Bourdaloue, 6e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 8]Hélas ! si cette paix dont vous vous repaissez Couvrait contre vos jours quelques piéges dressés
. [Racine, Britannicus]L'amour ne se repaît point de galanterie
. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]La vanité humaine, dit quelque part Marivaux lui-même, n'est pas difficile à nourrir, et se repaît des aliments les plus grossiers comme des plus délicats ; il en était la preuve
. [D'alembert, Éloges, Marivaux.]
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