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rimer

vi (ri-mé)
  • 1Avoir le même son, en parlant des finales des mots. C'est par l'honneur qu'il [Trissotin] a de rimer à latin, Qu'il a sur son rival emporté l'avantage. [Molière, Les femmes savantes] Quand je veux d'un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer trouve l'abbé de Pure. [Boileau, Satires] Une brève, à la rigueur, ne doit rimer qu'avec une brève, ni une longue qu'avec une longue. [D'olivet, Prosodie franç. V, I]

    Rimer à l'oreille, aux oreilles, se dit de deux finales dont le son est le même.

    Rimer aux yeux, se dit de deux finales qui ont même orthographe et non même son. Monsieur et seigneur riment aux yeux, et non à l'oreille.

    Fig. et familièrement. Ces deux choses ne riment pas ensemble, elles n'ont aucun rapport. Il se trouve aujourd'hui que leur coeur et leur convention ne riment pas ensemble, et qu'on est fort embarrassé de savoir ce qu'on fera de vous. [Marivaux, Les serments indiscrets]

    Cela ne rime à rien, ne signifie rien, est dépourvu de sens.

  • 2Il se dit aussi en parlant du poëte occupé à faire rimer les mots. Ce poëte rime bien, rime mal. C'est des Arabes, à mon avis, que nous tenons l'art de rimer ; et je vois assez d'apparence que les vers léonins ont été faits à l'exemple des leurs. [Huet, De l'origine des romans, p. 19, dans POUGENS] Il faut que ceux qui ne sauraient pas que le poëte a été obligé de rimer ne s'en aperçoivent pas ; et que ceux qui le savent soient surpris de ne pas s'en apercevoir. [Fontenelle, Réfl. poét. Oeuv. t. III, p. 203, dans POUGENS] Autrefois, quand je faisais des vers, je ne rimais pas trop pour les yeux, mais j'avais grand soin de l'oreille. [Voltaire, Correspondance]

    Rimer en Dieu, jurer, blasphémer. C'est là que l'on rime très richement en Dieu. [Scarron, Le Roman comique]

  • 3Faire des vers. Et, lorsque d'en mieux faire [des vers] on n'a pas le bonheur, On ne doit de rimer avoir aucune envie, Qu'on n'y soit condamné sur peine de la vie. [Molière, Le misanthrope] Il est vrai, s'il [Chapelain] m'eût cru, qu'il n'eût point fait de vers ; Il se tue à rimer ; que n'écrit-il en prose ? [Boileau, Satires] Tout n'en irait que mieux, Quand de ces médisants [les satiriques] l'engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. [Boileau, ib.] Persuadé que l'harmonie Ne verse ses heureux présents Que sur le matin de la vie, Et que, sans un peu de folie, On ne rime plus à trente ans. [Gresset, La Chartreuse] Et Despréaux rima contre les plats rimeurs. [Delille, Les trois règles de la Nature]
  • 4 vt Faire rimer. S'ils font quelque chose, C'est proser de la rime, et rimer de la prose. [Régnier, Satires] Mais je ne puis souffrir qu'un esprit de travers Qui, pour rimer des mots, pense faire des vers.... [Boileau, Disc. au roi.]
  • 5Mettre en vers. Puis dessus le papier mes caprices je rime. [Régnier, Satires] Certain conte, Que j'ai rimé comme vous allez voir. [La Fontaine, Mazet.] Muse, c'est donc en vain que la main vous démange ; S'il faut rimer ici, rimons quelque louange. [Boileau, Satires] Et pour rimer ici ma pensée en deux mots. [Boileau, ib. IV] Marot bientôt après fit fleurir les ballades, Tourna des triolets, rima des mascarades. [Boileau, L'art poétique] Seul en un coin, pensif et consterné, Rimant une ode et n'ayant point dîné. [Voltaire, Le pauvre diable]

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2. RIMER (ri-mé), vi Se dit, dans le sud et le sud-ouest de la France, de tout aliment qu'on laisse prendre au fond d'une poêle ou d'une casserole ; ce qui lui communique une saveur et une odeur désagréables. Cette viande rime. Des pommes de terre rimées.
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