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rogner

vt (ro-gné)
  • 1Retrancher sur la longueur, sur la largeur, sur les extrémités. Rogner du papier. Rogner la marge d'un livre, ou rogner un livre. Permettez donc [vous, lion] qu'à chaque patte On vous les rogne [les ongles] ; et pour les dents Qu'on vous les lime en même temps. [La Fontaine, Fables] Il [le chantre] saisit, en pleurant, ce rochet qu'autrefois Le prélat trop jaloux lui rogna de trois doigts. [Boileau, Le lutrin] Ne pourrait-il pas me dire, comme Diogène à celui qui lui reprochait d'avoir rogné les espèces : il est vrai ; ce que tu es à présent, je le fus autrefois, mais tu ne deviendras jamais ce que je suis. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

    Fig. Rogner les ongles à quelqu'un, les lui rogner de près, lui diminuer, lui retrancher son pouvoir, son profit, sa fortune. Les opérations de finances .... m'ont rogné les ongles. [Mme Du Deffant, Lett. à H. Walpole, t. IV, p. 307, dans POUGENS] On a rogné jusqu'au vif les griffes de l'inquisition ; elle n'est plus qu'un fantôme. [Voltaire, Correspondance] Si Balthazar Beker s'en était tenu à rogner les ongles au diable. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Fig. Rogner les ailes, empêcher d'agir, de s'élever. Si je ne vous fais pas aussi bonne chère que je voudrais, c'est la faute de monsieur votre intendant qui m'a rogné les ailes avec les ciseaux de son économie. [Molière, L'avare] Puisque vous êtes, monsieur, à portée de rendre service aux belles-lettres, ne rognez pas de si près les ailes à nos écrivains. [Voltaire, Mél. litt. à un premier commis.] Platon dit que les âmes avaient autrefois des ailes ; je crois qu'elles en ont encore aujourd'hui, mais on nous les rogne. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. et absolument. Taillez et rognez comme il vous plaira, je vous laisse le maître absolu. Que chacun taille, rogne et glose sur mes vers. [Régnier, Satires] Je me mis à tailler et à rogner à ma fantaisie ; et tout ce que je fis fut trouvé fort bien. [Lesage, Guzman d'Alfarache] Lui seul dans la maison taille, rogne, gouverne. [Rousseau J.-b. Flatteur, I, 1]

  • 2 Terme rural. Couper des branches, des racines.
  • 3Rogner le pied d'un cheval, abattre la mauvaise corne.
  • 4 Fig. et familièrement. Ôter, retrancher à quelqu'un une partie de ce qui lui est dévolu. M. de Louvois, à la mort du duc du Lude, voulut rogner l'office du grand maître de l'artillerie en faveur de sa charge de secrétaire d'État. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Le lansquenet défendu va rogner ses rentes et son équipage. [Dancourt, Désol. des joueuses, sc. 1]

    Il se dit aussi pour dépenser, entamer. Mon fils par vous accoutumé à rogner ce grand héritage. [Voltaire, Poèmes et épîtres]

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