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son [3]

nm (son)
  • 1Ce qui frappe l'ouïe, par l'effet de mouvements vibratoires rhythmiques et pendant quelque temps semblables à eux-mêmes, par opposition au bruit, où les mouvements sont confus, de durée et d'intensité inégales. Sans être étourdi ni par le son des trompettes, ni par le bruit des canons, ni par le cri des blessés. [Bossuet, Oraisons funèbres] Ces esprits frivoles Que tout flatteur endort au son de ses paroles. [Boileau, Epîtres] Quelques-uns dansaient au son du chalumeau. [Fénelon, Télémaque] Jusqu'au son de sa voix, tout me pénètre en elle. [Piron, La métromanie, ou Le poète] J'entends de tous côtés les clameurs des soldats, Et les sons de la guerre, et les cris du trépas. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin] Les longues phrases ont une expression, les courtes en ont une autre ; et l'expression est la plus grande, lorsque les mots y contribuent, non seulement comme signes des idées, mais encore comme sons. [Condillac, Harmonie du style, 3] Ces causes réunies rendaient les sons remarquablement faibles sur la cime du Mont-Blanc ; un coup de pistolet n'y fit pas plus de bruit qu'un petit pétard de la Chine n'en fait dans une chambre. [Saussure, Voir Alpes, p. 338, dans POUGENS] Le son parcourt plus de 325 mètres par seconde. [Fourcroy, Conn. chim. t. I, p. 116] Non toutefois que l'évêque de Clermont n'ait en partage que la tendresse du génie ; il sait aussi faire entendre des sons mâles et vigoureux. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Sons de combinaison, sons que l'on entend lorsqu'on produit simultanément deux sons de hauteur différente, intenses et soutenus ; sons de différence, sons caractérisés par ceci que leur nombre de vibrations est égal à la différence des nombres de vibrations des sons primaires ; sons de sommation, sons ayant un nombre de vibrations égal à la somme des nombres de vibrations des sons primaires (dénominations dues à Helmholz).

    Le son d'un écu, le bruit de l'argent. Et tenez celles-là trop indignes de vous, Que le son d'un écu rend traitables à tous. [Corneille, Le menteur]

    Fig. Prendre les lièvres au son du tambour, ne pas faire une chose avec tout le secret qu'elle demande.

    Son, par opposition à ce qui est effectif. Quand on tient de pareils discours, où il n'y a qu'un son éclatant et des couleurs spécieuses.... [Bossuet, Avert. Repr. idolâtrie, 9] Il [un orateur] aurait beau faire de longues périodes ; ce seraient des sons contre des vérités. [Voltaire, Correspondance]

  • 2 Particulièrement. Le son considéré au point de vue musical. Les propriétés du son les plus remarquables sont deux, savoir, ses différences considérées par rapport au temps ou à la durée, et par rapport à la force ou à l'intensité du son considéré en tant que grave ou aigu. [Descartes, Musique, objet.] Lévites, de vos sons prêtez-moi les accords. [Racine, Athalie] Ce n'est point proprement par les sons que nous sommes touchés ; c'est par les rapports qu'ils ont entre eux, et c'est uniquement par le choix de ces rapports charmants, qu'une belle composition peut émouvoir le coeur en flattant l'oreille. [Rousseau, Dissert. sur la mus. mod.] Sons filés sans art, mais enflés avec âme, sons enchanteurs et pénétrants, vrais soupirs d'amour et de volupté, qui semblent sortir du coeur et font palpiter tous les coeurs. [Guéneau de Montb. le Rossignol]

    Sons harmoniques, voir HARMONIQUE.

    Sons antiphones, ceux qui, à la distance d'une ou plusieurs octaves, font consonnance entre eux.

    Sons ouverts, sons bouchés. Le cor ne donne comme sons justes que ceux de l'accord parfait, ut, mi, sol ; c'est ce qu'on nomme les sons ouverts. Pour obtenir les autres bien justes, il faut mettre la main droite dans le pavillon de l'instrument ; c'est ce qu'on appelle les sons bouchés ; ils sont moins clairs que les autres. Après la difficulté d'attaquer les sons avec netteté et celle d'exécuter les traits avec facilité et volubilité, il n'en est pas de plus grande que d'égaliser la force des sons ouverts et des sons bouchés. [Fétis, la Musique à la portée de tout le monde, ch. XVIII]

    La langue des sons, la musique.

  • 3Il se dit des articulations d'une langue. En vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre, ou le tour vicieux. [Boileau, L'art poétique] Fuyez des mauvais sons le concours odieux. [Boileau, ib.] Là, plus d'un bourg fameux par son antique nom Vient offrir à l'oreille un agréable son. [Boileau, Epîtres] C'est un défaut qu'un même son soit représenté par plusieurs caractères différents. [Dumars. Oeuv. t. IV, p. 129] Il [l'abbé de Dangeau] s'occupa surtout très longtemps du soin délicat et pénible de faire l'énumération exacte des sons de notre langue. [D'alembert, Dangeau. chap. 3]

    Ne faire aucun son, ne pas être prononcée, en parlant d'une lettre. Nous prononçons l's de quatre diverses manières : tantôt nous l'aspirons comme en ces mots peste, chaste ; tantôt elle allonge la syllabe, comme en ceux-ci paste, teste ; tantôt elle ne fait aucun son, comme à esblouir, esbranler, il estoit ; et tantôt elle se prononce comme un z, comme à présider, présumer, Théât. de P. Corneille, édit. de 1682, Préface.

  • 4 Terme de médecine. En plessimétrie, son fémoral, la matité absolue, comme celle que donne la percussion de la cuisse.

    Son humorique, celui que donne une cavité remplie d'humeur.

    Son intestinal, celui que rend l'intestin contenant des gaz.

    Son jécoral, la matité du foie.

    PROVERBE

    Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son, il faut entendre les deux adversaires.
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