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sottise

nf (so-ti-z')
  • 1Défaut de jugement. C'est une chose assez plaisante qu'aucune personne d'esprit ne voudrait d'un bonheur fondé sur la sottise ; il est clair pourtant qu'on ferait un très bon marché. [Voltaire, Correspondance] C'est une grande sottise de ne trouver rien d'estimable dans un ennemi estimé de tous. [Voltaire, Comm. Corn. Rem. Observ. de Scudéry.] La sottise et la vanité sont compagnes inséparables. [Beaumarchais, La mère coupable, ou L'autre Tartuffe] Ses amis [de Daniel de Foë] le blâmaient ; mais il leur répondit : Il ne dépend pas de moi de parler ou de me taire, et, lorsque l'esprit souffle, il faut lui obéir.... quant à moi, ce n'est pas l'esprit, c'est la sottise qui me fait aller en prison : j'ai cru bonnement à la charte.... [Courier, Rép. aux anonymes.]

    Sottise des deux parts, se dit en parlant de deux personnes qui, dans un débat, ont tort chacune de leur côté. Sottise des deux parts est, comme on sait, la devise de toutes les querelles. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

  • 2Parole sotte. Je vous puis assurer que je ne lui avais dit ni l'une ni l'autre de ces sottises. [Retz, Mémoires] Il rapporte une sottise triviale qu'a dite Agnès, comme la chose la plus belle du monde. [Molière, Critique de l'école des femmes] De dire des sottises par hasard et par faiblesse, c'est un mal ordinaire ; mais d'en dire par dessein, c'est ce qui n'est pas supportable. [Pascal, Pensées] Faire dire aux échos des sottises champêtres. [Boileau, Satires] Il y a je ne sais combien de sottises, que nous dirions si elles n'avaient pas été dites, et si on ne nous les avait pas, pour ainsi dire, enlevées. [Fontenelle, Dial. anc. mod. Oeuv. t. IV, p. 180, dans POUGENS] C'est assez qu'il faille absolument que je parle, pour que je dise une sottise infailliblement. [Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues] À quoi bon, disait un de ces hommes qui croient penser mieux que les autres parce qu'ils pensent autrement, à quoi bon s'embarrasser de toutes les sottises qu'on a dites et faites avant nous ? [D'alembert, Mélanges, t. V, Réflexions sur l'histoire.]
  • 3Action sotte, chose sotte. Que cela me fait de bien, me disait autrefois un excellent homme, de voir que les héros ont fui, que les sages ont fait des sottises ! [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] Dame mouche s'en va chanter à leurs oreilles, Et fait cent sottises pareilles. [La Fontaine, Fables] Hélas ! on voit que, de tout temps, Les petits ont pâti des sottises des grands. [La Fontaine, ib. II, 4] George Dandin, George Dandin, vous avez fait une sottise la plus grande du monde. [Molière, George Dandin] Le roi lui dit en riant : " Vardes, voilà une sottise, vous savez bien qu'on ne salue personne devant moi. " M. de Vardes, du même ton : " Sire, je ne sais plus rien, j'ai tout oublié, il faut que Votre Majesté me pardonne jusqu'à trente sottises. " - " Eh bien ! je le veux, dit le roi, reste à vingt-neuf ". [Sévigné, à Moulceau, 26 mai 1683] Elle est aimable sans être belle, elle fait cent petites sottises qui plaisent. [Sévigné, 144] Pour moi, pauvre petite femme, si j'avais fait une sottise, je n'y saurais pas d'autre invention que de la boire. [Sévigné, 23 janv. 1682] Des sottises d'autrui nous vivons au palais ; Messieurs, l'huître était bonne ; adieu, vivez en paix. [Boileau, Epîtres] Il n'y a rien qui rafraîchisse le sang comme d'avoir su éviter de faire une sottise. [La Bruyère, XI] Bien souvent on fait par hasard les plus heureuses sottises du monde. [Fontenelle, Dial. 6, morts anc.] Il n'y a personne qui n'entre tout neuf dans la vie, et les sottises des pères sont perdues pour les enfants. [Fontenelle, Dial. 3, morts. anc. mod.] Après tout, cette affaire [la forme du capuchon des cordeliers] n'ayant pas ébranlé de trônes et ruiné des provinces, on peut la mettre au rang des sottises paisibles. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] D'Alembert conforme sa conduite à ce principe ; il dit beaucoup de sottises, n'en écrit guères, et n'en fait point. [D'alembert, Portr. de l'aut.]
  • 4Composition littéraire sans mérite. Hé quoi ! vil complaisant, vous louez des sottises ! [Molière, Le misanthrope] Pourrez-vous toujours voir votre cabinet plein Et de pédants et de poëtes, Qui vous fatigueront avec un front serein Des sottises qu'ils auront faites ? [Deshoul. Poés. t. I, p. 38] Comme par une vague une vague est poussée, La sottise du jour est bientôt remplacée. [Delille, L'imagination]
  • 5Parole obscène. Il est indigne d'un honnête homme de dire des sottises devant une femme.

    Faire une sottise, faire quelque sottise, se dit, par euphémisme, d'accointances entre homme et femme. Celles qui font quelque sottise. [La Fontaine, Oies.] Je m'appréhendais fort, et craignais qu'avec toi Je n'eusse fait quelque sottise. [Molière, L'amphytrion] Chez lui [Hérodote], les dames, les princesses mènent boire leurs vaches ou celles du roi leur père à la fontaine voisine, trouvent là des jeunes gens, et font quelque sottise, toujours exprimée dans l'auteur avec le mot propre. [Courier, Prospect. d'une nouv. trad, d'Hérodote, Préf.]

  • 6Injure. Dire des sottises à quelqu'un.
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