souiller

• 1Couvrir de ce qui fait tache, de ce qui est ordure. Souiller de boue ses vêtements. Souiller ses mains de sang. [Il] Souille ses cheveux blancs d'une horrible poussière. [Delille, Énéide]

  Fig. Souiller ses mains du sang innocent, faire mourir un innocent.

• 2 Fig. Gâter par une sorte de souillure. Participe à ma gloire au lieu de la souiller. [Corneille, Horace] Ne crains point de succès qui souille ta mémoire. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais c'est ce qui sort de la bouche de l'homme qui le souille. [Sacy, Bible, Évang. St Matthieu XV, 11] Elle était naturellement libérale, même dans son extrême vieillesse, quoique cet âge soit ordinairement souillé des ordures de l'avarice. [Bossuet, Oraisons funèbres] Que ce style [le burlesque] jamais ne souille votre ouvrage. [Boileau, L'art poétique] Et nous, dont cette femme impie et meurtrière A souillé les regards et troublé la prière.... [Racine, Athalie] Si vous en exceptez Julien et deux ou trois autres, quel empereur ne souilla pas le trône d'abominations et de crimes ? [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Le corps de l'histoire est souillé de contes qu'une vieille femme rougirait de répéter aujourd'hui. [Voltaire, Pyrrh. hist. 3] Oui, c'est pitié.... D'entendre autour de lui [du peuple] mille bouches mielleuses, Souillant le nom de citoyen, Lui dire que le sang orne des mains calleuses. [Barbier, Ïambes et poésies]

  Souiller le lit nuptial, la couche nuptiale, commettre un adultère.

• 3Se souiller, vpron Se rendre coupable de quelque chose qui souille. Tout se souille, tout se corrompt dans cette tête [d'un pédant]. [Guez de Balzac, Le Barbon] Le jour même qu'ils se sont souillés par des péchés. [Pascal, Les provinciales] J'ignore si la nature a défait un grand homme [le czar Pierre Ier] d'un fils qui ne l'eût pas imité, ou si le père s'est souillé d'un crime horrible. [Voltaire, Correspondance]