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étonner

vt (é-to-né)
  • 1Causer un ébranlement. Le coup lui a étonné la tête.

    Terme de vétérinaire. Se dit du sabot d'un cheval qui se heurte violemment à quelque obstacle. Ce cheval s'est étonné le pied.

    Terme de mineur. Étonner la roche, allumer un bûcher auprès, afin d'en rendre l'abattage plus facile.

    Terme de métier. Faire fendiller, en le chauffant, le sable destiné à la fabrication du cristal.

    Étonner un diamant, y faire une fêlure.

    Il se dit aussi du drap qu'on tire trop. Si on étonne la pièce entière à force de la tirer, et si on en dissout tout l'assemblage en la contraignant par une extension violente à donner 24 aunes au lieu de 18 ou 20. Dict. des arts et m. Drapier]

  • 2 Fig. Causer un ébranlement moral. Va la voir de ma part, et tâche à l'étonner ; Dis-lui qu'à tout le peuple on va l'abandonner. [Corneille, Théodore et Héraclius] Trop de vérité nous étonne. [Pascal, dans COUSIN] Ma faiblesse n'a point étonné mon ambition. [Pascal, ib.] On le vit étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. [Bossuet, Oraisons funèbres] Au conseil comme au sceau, la multitude, la variété, la difficulté des affaires n'étonnaient jamais ce grand magistrat. [Bossuet, Oraisons funèbres] Mon Dieu, pourquoi vois-je devant moi ce visage dont vous étonnez les réprouvés ? [Bossuet, Sermons] Pour moi qu'en santé même un autre monde étonne. [Boileau, Satires] Ah ! qu'un si rude coup étonna mes esprits ! [Boileau, Poésies div. 6] Observons Bajazet, étonnons Atalide. [Racine, Bajazet] Le sang d'Alcide est beau, mais n'a rien qui m'étonne. [Voltaire, La méroppe française] L'aspect du souverain n'étonna point ce traître. [Voltaire, La Henriade] La Grèce avait été bien étonnée par le premier Philippe, Alexandre et Antipater, mais non pas subjuguée. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]

    Absolument. Les grandes choses étonnent et les petites rebutent. [La Bruyère, XII]

  • 3Causer, en qualité d'extraordinaire, de singulier, d'inattendu, une certaine sensation. Les exploits de ce héros étonnent l'univers. Ils [les philosophes] étonnent le commun des hommes ; ils [les chrétiens] étonnent les philosophes. [Pascal, dans COUSIN] L'éternité des choses en elles-mêmes ou en Dieu doit encore étonner notre petite durée. [Pascal, ib.] .... La nouvelle en ce cas M'étonne bien un peu, mais ne me change pas. [Piron, La métromanie, ou Le poète]

    Absolument. Ces oeuvres marquaient le pouvoir de bien faire plutôt que la volonté d'étonner ; c'étaient des vertus plus que des miracles. [Rousseau, Lettres écrites sur la montagne]

  • 4S'étonner, vpron Se dit d'une voûte, lorsque étant surchargée, elle paraît s'affaiblir par le poids.
  • 5Ressentir un ébranlement moral, hésiter, s'effrayer. Encore voyons-nous des gens qui attendent pour s'étonner que la mauvaise fortune soit venue. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] Ne vous étonnez point de ce qui est arrivé ; mais au nom de Dieu, que cela vous serve pour prévoir et prévenir à l'avenir semblables inconvénients. [Richelieu, Lett. à M. de Châtillon, 14 juin 1638] Quoique le mien [courage] s'étonne à ces rudes alarmes. [Corneille, Horace] Quoi ! déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne ! [Racine, Athalie] Le monstre [Jacques Clément] au même instant tire son coutelas, L'en frappe, et dans le flanc l'enfonce avec furie ; Le sang coule, on s'étonne, on s'avance, on s'écrie. [Voltaire, La Henriade]
  • 6Trouver étrange, singulier. Je m'étonne de vos manières. Je m'étonne comment je la puis souffrir [une maladie]. [Voiture, Lettres] On ne devrait s'étonner que de pouvoir encore s'étonner. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] Vous faut-il étonner de ce que je l'ignore ? [Corneille, Horace] C'est de quoi s'étonner. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] J'ai cédé mon amant, tu t'étonnes du reste. [Racine, Bajazet] Je me suis étonné de son peu d'allégresse. [Racine, Phèdre]

    Ne pas s'étonner si, ne pas s'étonner de ce que. Je ne m'étonne pas s'il n'a pu venir. Faut-il s'étonner s'il n'a pu venir ? Je ne m'étonne pas si je romps tes attentes. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles de toute la famille, car j'y prends beaucoup d'intérêt. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Ne vous étonnez pas si je m'adresse à vous. [Racine, Athalie] Faut-il s'étonner s'ils ne sont point aimés, puisqu'ils n'aiment rien que leurs grandeurs et leurs plaisirs ? [Fénelon, Télémaque]

    S'étonner que, avec le verbe suivant au subjonctif. Faut-il s'étonner qu'il ne soit pas aimé ? Je m'étonne que vous n'ayez pas prévu cet accident. Il fallait qu'elle [cette feinte] cessât bientôt sans doute, et je m'étonne seulement qu'elle ait pu durer la moitié d'un jour. [Molière, La princesse d'Élide] Je ne m'étonne pas que des hommes qui s'appuient sur un atome chancellent dans les moindres efforts qu'ils font pour sonder la vérité. [La Bruyère, XVI] Mais je m'étonne enfin que pour reconnaissance, Pour prix de tant d'amour, de tant de confiance, Vous ayez si longtemps par des détours si bas.... [Racine, Bajazet] Ne faut-il pas s'étonner au contraire Qu'il en en ait si longtemps différé le salaire ? [Racine, Esther]

    Il peut se dire aussi avec l'indicatif. Il s'est étonné que je n'ai rien vu de tout cela. [Guez de Balzac, Correspondance]

    S'étonner de, avec le verbe à l'infinitif. [Les gens] S'étonnaient de voir que Martin Chassât les lions au moulin. [La Fontaine, Fables]

    PROVERBE

    Cet homme est bon cheval de trompette, il ne s'étonne pas du bruit, se dit d'un homme qui ne se trouble pas pour peu de chose, que les cris, les reproches n'émeuvent pas.

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- REM. Étonner a été employé impersonnellement. Ah ! voilà.... il vous étonne que j'aie pu découvrir cela ? c'est toute une histoire... Revue des Deux-Mondes, 1er avril 1872, p. 679] Il vous étonne, c'est-à-dire vous vous étonnez. Cet emploi est peu usité ; mais il n'a rien d'incorrect ; il est même élégant ; comparez : il vous ennuie que....

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