épandre

• 1Étendre en versant, en dispersant, en éparpillant. Ce fleuve épand ses eaux dans la campagne. Épandre du fumier dans un champ. Où Polycrène épand ses libérales eaux. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses] Océan, qui sur tes rives Épands tes vagues plaintives. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

  Fig. La terreur de son nom qui devance ses armes Épandit dans les rangs de si vives alarmes.... [Perrault, Poëme de la peinture.]

• 2Verser, faire couler. J'épandrais mon sang Plutôt que de rien faire indigne de mon rang. [Corneille, Le Cid] J'abandonne mon sang à qui voudra l'épandre. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]
• 3 Fig. Verser, donner, accorder en abondance. L'astre qui luit aux grands... Épandit dessus moi tant d'heur et de puissance. [Malherbe, V, 30] Daigne du juste ciel la bonté souveraine.... n'épandre sur vous que des prospérités. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Une majesté douce épand sur son visage De quoi s'assujettir le plus noble courage. [Corneille, La mort de Pompée] Je ne sais d'homme nécessaire Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien. [La Fontaine, Fables] C'est un parterre où Flore épand ses biens. [La Fontaine, ib. x, 1]
• 4S'épandre, vpron Être épandu. Les eaux s'épandent dans la campagne. Un peuple inconnu et renfermé jusqu'alors entre le fleuve Tanaïs et la Mer Glaciale sortit de son pays, et s'épandit comme un torrent dans toutes les provinces voisines. [Fléchier, Histoire de Théodose le Grand] Tes cheveux déliés, soudain Par anneaux flottants s'épandirent, Et comme un nuage couvrirent L'ivoire poli de ton sein. [Bernard, Poés. div. Ép. x, à Batilde.]

  Fig. Pour ce trait de douceur le nom de Constantin S'épandra désormais du couchant au matin. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin] J'ai couru vers les lieux où le bruit s'épandait. [Tristan, La Marianne] Retournez vite au camp où s'épand un murmure. [Mairet, Soliman] Et si l'erreur s'épand jusqu'en nos garnisons. [Corneille, Sertorius] Un bruit s'épand qu'Enghien et Condé sont passés. [Boileau, Epîtres] Un embrasement qui s'épand au loin dans une forêt. [La Bruyère, I]

  S'épandre en, produire avec abondance. En superfluités s'épandant d'ordinaire, Et poussant trop abondamment, Il [le blé] ôte à son fruit l'aliment. [La Fontaine, Fables]

• 5Se promener au loin, en parlant des regards. En voyant ses regards s'épandre sur les eaux Pour jouir et juger d'un combat de vaisseaux. [Corneille, Andromède]
• 6Être versé, donné libéralement. Je souhaiterais.... que vos bontés s'épandissent sur quelques personnes. [Méré, Oeuv. post. t. II, p. 125]