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épancher

vt (é-pan-ché)
  • 1Dans le style élevé, verser. Épancher du vin. Ma main de cette coupe épanche les prémices. [Racine, Britannicus]

    Par extension. Tantôt un bois profond, sauvage, ténébreux Épanche une ombre immense, et tantôt, moins nombreux, Un plant d'arbres choisis forme un riant bocage. [Delille, Les jardins ou L'art d'embellir les paysages]

    Par une autre extension et fig. Mettre en dehors. Un vain désir de paraître, qui nous épanche au dehors et nous rend ennemis de toute retraite. [Bossuet, Vêture, Bouillon.] Lui seul, disaient-ils, savait dire et taire ce qu'il fallait, seul il savait épancher et retenir son discours. [Bossuet, Oraisons funèbres]

  • 2 Fig. Verser comme un liquide qu'on répand, produire libéralement. Les fruits que la terre épanchait de son sein. [Fénelon, Télémaque] Il épancha ses dons sur le globe fertile. [St-lamb. Saisons, I] Un grand coeur veut dans l'ombre épancher ses bienfaits. [Gilbert, Stances à M. d'Arnaud.] Alors [sous les païens] la religion n'était que soufferte, alors les prêtres ne demandaient pour elle aux maîtres du monde que de la laisser épancher dans le sein de l'homme ses bienfaits inestimables. [Mirabeau, Collection complète des travaux de M. Mirabeau l'aîné]
  • 3Verser, communiquer des choses intimes. Souffrez qu'en votre sein j'épanche mon secret. [Lamotte, Inès de Castro, II, 1]

    Épancher son coeur, exposer avec sincérité sa pensée, ses sentiments. Elle épancha son âme devant Dieu. [Fléchier, Oraisons funèbres] Il épanche son coeur dans celui de son ami. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

  • 4S'épancher, vpron Être épanché. Lorsqu'il est plein, ses eaux s'épanchent en cascades ; mais, dans les temps de sécheresse, ces épanchoirs n'en versent plus, et alors c'est du fond du réservoir qu'on les tire. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants] L'onde rafraîchit l'air ; l'air s'épanche en rosée. [Delille, L'homme des champs, ou Les Géorgiques françaises] Plus loin, sur la rive où s'épanche Un fleuve épris de ces coteaux.... [Lamartine, Méditations poétiques]

    Fig. Le sommeil sur ses yeux commence à s'épancher. [Boileau, Satires] Mon coeur vous fut ouvert tant qu'a vécu mon père ; C'était le seul présent que je pouvais vous faire : Et lorsque avec mon coeur ma main peut s'épancher, Vous fuyez mes bienfaits tout prêts à vous chercher. [Racine, Bérénice]

  • 5Il se dit, principalement en médecine, du sang, d'une humeur qui s'extravase. Le sang s'est épanché dans la poitrine.
  • 6Verser librement les sentiments de son coeur. Il s'épanchait en fils qui vient, en liberté, Dans le sein de sa mère oublier sa fierté. [Racine, Britannicus] Mon coeur pour s'épancher n'a que vous et les dieux. [Racine, Phèdre] Au lieu de vouloir vous cacher mes ennuis, je cherche à m'épancher et trouve une douceur secrète à vous découvrir mon âme. [Lesage, Le diable boiteux] Quand l'étourdi venait s'épancher à lui. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Je m'épanche avec vous, je ne dois rien vous taire. [La Chaussée, Préj. à la mode, v, 5]
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