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accoutumer

(a-kou-tu-mé)
  • 1 vt Faire prendre une coutume. Vous avez accoutumé votre fils à ne point vous cacher ses secrets. Accoutumer un taureau à la charrue. Accoutumer un État libre à la servitude. Il accoutuma ses troupes à.... La bonne éducation des enfants qu'on accoutumait à l'obéissance, au travail, à la sobriété, à l'amour des arts ou des lettres. [Fénelon, Télémaque] Accoutumez vos peuples à suivre inviolablement les règles. [Fénelon, ib. III] D'autres peuples, profitant de votre imprudence, attirent chez eux les étrangers et les accoutument à se passer de vous. [Fénelon, ib.] Il trouve moyen de nous apaiser, de nous accoutumer insensiblement au discours de sa passion. [Molière, Les précieuses ridicules] Et l'indigne prison où je suis renfermé, A la voir de plus près m'a même accoutumé. [Racine, Bajazet] La main qui vous opprime et que vous soutenez, Les accoutume au joug que vous leur destinez. [Corneille, Sertorius]
  • 2Avoir accoutumé, v. n. (Usité seulement aux temps composés : j'ai accoutumé, j'aurai accoutumé, que j'aie accoutumé, que j'eusse accoutumé ; il veut, avec un infinitif, la préposition de) Avoir coutume. Il cite ce passage selon les Septante, comme il avait accoutumé. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Les hommes n'ayant pas accoutumé de former le mérite. [Pascal, Rel. 51] Je n'ai point accoutumé de dissimuler mes défauts. [Corneille, Ex. d'Hor.] La colère du roi, comme dit Salomon, Est terrible, et surtout celle du roi lion ; Mais ce cerf n'avait pas accoutumé de lire. [La Fontaine, Fables] Allez, monsieur, on voit bien que vous n'avez pas accoutumé de parler à des visages. [Molière, Le malade imaginaire] Comme les rois, par grandeur et par dignité, ont accoutumé de traiter leurs grandes affaires par l'entremise de leurs ministres. [Fléchier, Panég. I, 279] Ils sont accablés d'un fardeau qu'ils n'ont pas accoutumé de porter. [Fléchier, ib. II, 354] Quelles précautions n'avait-il pas accoutumé de prendre ! [Fléchier, Oraisons funèbres] Je ne sais ; mais vous n'avez pas accoutumé d'être ainsi. [Brueys, le Muet, III, 2] Les animaux qui ont accoutumé de ne sortir que pendant la nuit. [Fénelon, Télémaque] Thalès avait accoutumé de remercier les dieux de trois choses : d'être né raisonnable plutôt que bête ; homme plutôt que femme ; grec plutôt que barbare. [Fénelon, Philosoph. Thalès.] L'ambition dont il était dévoré se trouvant jointe à une vanité excessive, il prit le chemin qu'ont accoutumé de tenir ceux qui affectent la tyrannie. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] L'avocat ou conseil qu'on avait accoutumé de donner aux accusés. [Voltaire, L. XV, chap. 42] Une terre sur laquelle nous avions accoutumé de lever le cens. [Montesquieu, L'esprit des lois] Les vierges avaient accoutumé de laver leurs robes d'écorce dans ce lieu. [Chateaubriand, Atala, ou Les amours de deux sauvages dans le désert]

    En ce sens, accoutumer prend aussi pour sujet un nom de chose. La connaissance des premiers principes n'a pas accoutumé d'être appelée science. [Descartes, Rép. 2] Mes lettres n'avaient pas accoutumé de se suivre de si près ni d'être si étendues. [Pascal, Les provinciales]

    Construit ordinairement avec l'auxiliaire avoir, il peut prendre aussi l'auxiliaire être : On est accoutumé de se laisser aller au péché par les caresses des femmes. [Pascal, Les provinciales] Le soin qu'on eut de garnir la salle d'une foule de docteurs, moines et mendiants, qui n'étaient pas accoutumés de s'y trouver, fit dire à Pascal.... [Voltaire, L. XIV, chap. 37] Cette solitude, il [le duc d'Orléans] était trop accoutumé du bruit pour la pouvoir supporter. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Des grammairiens ont signalé comme une locution vicieuse l'emploi de l'auxiliaire être ; on voit que de très bons auteurs s'en sont servis, et il ne peut y avoir aucun scrupule à s'en servir aussi après eux.

    On remarquera que, neutre, ce verbe n'est employé qu'aux temps composés ; mais il n'en faut pas conclure qu'il ne soit pas verbe neutre ; l'emploi que nous en faisons de cette manière n'est qu'un débris de l'ancien usage, suivant lequel accoutumer pouvait être neutre aux temps simples comme aux temps composés (voir HISTORIQUE).

    S'ACCOUTUMER, vpron Contracter une habitude. S'accoutumer aux armes. Il s'était accoutumé à se contenter de peu. Une volonté indocile qui ne peut s'accoutumer au joug. [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 74] Ses yeux même pourront s'accoutumer aux miens. [Racine, Bérénice] Ah ! ma soeur, puisqu'enfin mon destin éclairci Veut que je m'accoutume à vous nommer ainsi.... [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Bientôt on s'accoutume à des maîtres nouveaux. [Voltaire, Irène, v, 6] Descends du haut des cieux, auguste vérité, Que l'oreille des rois s'accoutume à t'entendre. [Voltaire, La Henriade] Comment avez-vous pu vous accoutumer au secret dans une si grande jeunesse ? [Fénelon, Télémaque] Ils deviendraient comme un homme qui a de bonnes jambes et qui, perdant l'habitude de marcher, s'accoutume enfin au besoin d'être toujours porté comme un malade. [Fénelon, ib. VIII] Mais du nom des Césars Rome toujours charmée, Sous un si noble joug s'est trop accoutumée. [M. de Néron, V, 1]

    S'accoutumer veut d'ordinaire à avec l'infinitif ; mais on dit aussi de. On s'accoutume de donner, comme le monde, à toutes les passions, des noms adoucis. [Massillon, Conf. Fuite du monde.] Il vous importe de vous accoutumer de bonne heure de haïr l'injustice. [Voiture, Lettres]

    S'accoutumer avec. Il a eu beaucoup de peine à s'accoutumer avec ce voisin que le hasard lui a donné. Il faut s'accoutumer de bonne heure avec ces sortes d'idées, si l'on veut se les rendre familières.

SYNONYME

S'ACCOUTUMER à, S'ACCOUTUMER AVEC. On emploiera de préférence avec, quand s'accoutumer s'approchera du sens de se familiariser. On s'accoutume avec quelqu'un, quand on se fait à ses manières. S'accoutumer avec le péril, c'est devenir familier avec le péril et en faire une sorte de connaissance ; s'accoutumer au péril, c'est, y étant souvent exposé, le considérer comme une chose habituelle et qui ne surprend plus. S'accoutumer avec exprime donc quelque chose de plus intime, de plus étroit.

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