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amour

nm (a-mour)
  • 1Sentiment d'affection d'un sexe pour l'autre. Épris d'amour. Brûler d'amour. Un secret amour. Un amour partagé. L'amour des femmes. Lettre d'amour. Un amour violent aux raisons ne s'amuse. [Régnier, Élégies] En amour l'innocence est un savant mystère. [Régnier, Satires] Chloris et moi nous nous aimions d'amour. [La Fontaine, Quipr.] En un habit à donner de l'amour. [La Fontaine, Or.] Le duc de Richemont mourait d'amour pour elle. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Seigneur, l'amour toujours n'attend pas la raison. [Racine, Britannicus] L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en son âme ; Tout nous trahit. [Racine, Andromaque] À peine cependant Bajazet m'a parlé ; L'amour fit le serment, l'amour l'a violé. [Racine, Bajazet] L'amour le plus discret Laisse par quelque marque échapper son secret. [Racine, ib. III, 8] Un véritable amour brave la main des Parques. [Corneille, Horace] L'amour entre les rois ne fait pas l'hyménée. [Corneille, Nicomède] L'amour au désespoir fait gloire encor d'aimer. [Corneille, Agésilas] L'amour est un tyran qui n'épargne personne. [Corneille, Le Cid] Il n'y a point, dans le coeur d'une jeune personne, un si violent amour auquel l'intérêt ou l'ambition n'ajoute quelque chose. [La Bruyère, 3]

    Au féminin. Mais j'ai grand' peur, enfin, que l'amour soit plus forte. [Régnier, Élégies] Il disait qu'il m'aimait d'une amour sans seconde. [Molière, L'école des femmes] Vous ne pouvez aimer que d'une amour grossière. [Molière, Les femmes savantes] J'ignore le destin de mon amour ardente. [Molière, Le dépit amoureux] L'aimes-tu d'une amour qui soit si violente ? [Molière, La princesse d'Élide] C'est l'amour, jointe à la tristesse, qui cause la plupart des larmes. [Descartes, Pass. 117] Qu'une première amour est belle ! Qu'on a peine à s'en dégager ! Et qu'on doit plaindre un coeur fidèle, Lorsqu'il est forcé de changer ! [Quin. Atys, IV, 1] Outre que tant d'amour vous serait importune. [La Fontaine, Joconde.] Votre amour de la mienne eût dû se défier. [Racine, Bajazet] Amour ignorée. [Racine, Britannicus] De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse. [Racine, Bérénice] Avant que dans son coeur cette amour fût formée. [Racine, Bajazet] Ne l'a point averti de votre amour nouvelle. [Racine, ib. IV, 5] Possédant une amour qui me fut déniée. [Racine, Mithridate] Sur la foi d'une amour si saintement jurée. [Racine, Andromaque] Tant d'amour n'en peut être effacée. [Racine, Bérénice] Si d'une égale amour votre coeur est épris. [Voltaire, Zaïre] Que vos destins.... Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel, Et non sans quelque amour paisible et mutuelle. [Chénier, Élégies]

    Au pl. f. De mutuelles amours. Je redoutai du roi les cruelles amours. [Racine, Mithridate] Il déshonora son règne par ses amours monstrueuses. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

    Commerce amoureux. Mais ce n'est pas assez expier vos amours. [Racine, Bérénice] N'allez point par vos pleurs déclarer vos amours. [Racine, Bajazet] L'hymen va succéder à vos longues amours. [Racine, Bérénice] Pâris n'ignorait aucune de ses amours [d'Hélène] quand il lui sacrifia les siennes. [Courier, Lettres de France et d'Italie] Continuez vos amours avec eux tant qu'il vous plaira. [Molière, Les précieuses ridicules]

    Il se dit aussi dans ce sens au pl. m. Et mes premiers amours, et mes premiers serments. [Voltaire, Œdipe] Ces dieux justes vengeurs des malheureux amours. [Del. Énéide, IV] Et l'on revient toujours à ses premiers amours. [Étienne, Joconde.] Vient un danseur, nouveaux amours. [Béranger, Les cinq étages.]

  • 2Locutions diverses. Faire l'amour, courtiser, être en commerce amoureux. Ah ! lâche, fais l'amour et renonce à l'empire. [Racine, Bérénice] Non, non, faites l'amour, et vendez aux amants Vos accueils.... [Régnier, Satires] Comme en faisant l'amour on se doit maintenir. [Régnier, Epît. I] Qui fussent retournés un jour à Mycènes faire l'amour. [Malherbe, VI, 17] Qu'ils viennent vous faire l'amour. [Molière, Les précieuses ridicules] Du temps qu'il faisait l'amour à Mme sa femme. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il faisait l'amour avec Mlle de N.... [Sévigné, 534] Il est peu à craindre qu'ils ne sachent pas faire l'amour sans lui. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Est-ce que vous croyez qu'on puisse faire l'amour sans proférer une parole ? [Voltaire, Microm. 6] Raimond fit publiquement l'amour à cette princesse [Éléonore, femme de Louis le Jeune]. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Familièrement. Filer le parfait amour, s'aimer longtemps et constamment. La maison de Mme de Mortagne tomba fort ; ils [M. et Mme de Mortagne] s'en consolèrent par l'abondance et par filer le parfait amour. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    C'est un vrai remède d'amour, se dit d'une femme fort laide.

    En termes de culture, la terre est en amour, elle est dans un état propre à la végétation.

    Être en amour, se dit des femelles des animaux, et signifie être en chaleur.

    Maison d'amour, maison de filles. On trouve dans Paris d'autres maisons d'amour. [Régn. Sat. X]

  • 3En général, affection profonde. L'amour des parents pour leurs enfants. Pour un fils jusqu'où va notre amour. [Racine, Andromaque] Ne vous assurez point sur l'amour qu'il vous porte. [Racine, Mithridate] Même de mon amour craignant la violence, Autant que je le puis, j'évite sa présence. [Racine, Athalie] Pour le sang de nos rois vous savez son amour. [Racine, ib. II, 6] Son amour [de la fortune pour certaines femmes] est fragile et se rompt comme verre, Et fait aux plus matois donner du nez en terre. [Régnier, Satires] J'assigne l'envieux cent ans après la vie, Où l'on dit qu'en amour se convertit l'envie. [Régnier, ib. X]

    Au féminin. L'empereur qui lui montre une amour infinie [à Sévère]. [Régnier, Poly. I, 4] Excusez l'ardeur d'une amour fraternelle. [Régnier, Hor. I, 5] Le baiser d'amour fraternelle. [La Fontaine, Fables] C'est à bon droit Que, seul entre les tiens, par amour singulière, Je t'ai toujours choyé.... [La Fontaine, ib. VIII, 22] Cette amour est extrêmement bonne. [Pascal, Pass. 139]

    Pour l'amour de quelqu'un, par affection, par considération pour lui. Il le fit pour l'amour de moi. Je me purgerai pour l'amour de vous. [Sévigné, 382]

    Amour de Dieu, amour que la créature doit porter à son créateur. L'âme est faite pour Dieu, et c'est à lui qu'elle devait se tenir attachée et comme suspendue par sa connaissance et par son amour. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Pour l'amour de Dieu, dans la seule vue de plaire à Dieu, sans aucune vue d'intérêt ; et aussi, ironiquement, sans soin, mal. Cela est fait pour l'amour de Dieu, cela est mal fait.

    Ironiquement. Comme pour l'amour de Dieu, se dit pour exprimer une chose faite à contre-coeur, avec lésinerie.

  • 4En parlant des choses, sentiment vif, attachement qu'on éprouve pour une chose. Amour du plaisir, du jeu. Si l'amour des grandeurs, la soif de commander.... [Racine, Athalie] C'est l'amour des grandeurs qui vous rend importune. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Tout ce que j'ai d'amour pour la vertu. [Fénelon, Télémaque] Elle a mis son amour à la dévotion. [Régnier, Satires] .... quelque excès d'amour qu'il porte à notre bien. [Malherbe, II, 1]

    Au féminin. Une certaine amour naturelle qu'on a pour ses sentiments. [Vaugelas, Q. C. VII, 4] L'amour du bien lui était assez naturelle. [Stévrem. II, 183]

    Absolument. Nos peines ne deviennent si douloureuses que par les attachements outrés qui nous liaient aux objets perdus.... l'excès de nos afflictions est toujours la peine de nos amours injustes. [Massillon, Avent, Afflict.] La nature a mis en nous des haines et des amours. [Massillon, Car. Offenses.] Telle est la première source de nos amours et de nos haines : l'injustice et la bizarrerie de notre goût. [Massillon, ib.] Pour que deux hommes soient parfaits amis, il faut qu'ils aient des opinions opposées, des principes semblables, des haines et des amours diverses. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne] Il semblait que toutes les amours du peuple romain fussent courtes et malheureuses. [Perrot D'abl. Tacite, 97]

    Dans le langage des arts. Cet ouvrage est fait avec amour, l'artiste s'est complu à le faire.

  • 5Objet aimé. J'ai vu mon amour ; mais son visage était pâle. [Chateaubriand, Dargo, chant I] De quel ennui secret ton âme est-elle atteinte ? Me dis-tu : cher amour, épanche ta douleur. [Lamartine, Méditations poétiques] S'il parle à de certaines filles Dont il fit longtemps ses amours. [Béranger, Av. de Bagn.] Enfant, rêve encore ! Dors, ô mes amours ! [Hugo, Les feuilles d'automne] Les rois qui avaient été l'amour de leurs peuples. [Fénelon, Télémaque] Et fussiez-vous du monde et l'amour et l'effroi.... [Corneille, Nicomède] Cette Esther, l'innocence et la sagesse même, Que je croyais du ciel les plus chères amours. [Racine, Esther] Un jeune lis, l'amour de la nature. [Racine, Athalie]

    M'amour pour ma amour, au féminin. Terme caressant dont on se sert envers son mari, sa femme, sa fille, sa maîtresse. Allez, m'amour, et passez chez votre notaire, afin qu'il expédie ce que vous savez. [Molière, Le malade imaginaire]

  • 6L'Amour, les Amours, divinités de la Fable. L'Amour n'enfante que des larmes ; Les Amours sont frères des ris. [Hugo, Odes et ballades] Fuyez, fuyez, oiseaux d'un noir présage ; Cette nacelle appartient aux Amours. [Béranger, Comm. du Voyage.] Je vous revois ; et le temps, trop rapide, Ternit ces yeux où riaient les Amours. [Béranger, Déesse.] Dans une taille contrefaite, mais qui s'apercevait peu, sa figure [de Mme la Duchesse] était formée par les plus tendres Amours. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Fig. et familièrement. C'est un amour, se dit d'une jeune femme très jolie, d'un enfant très joli, et aussi de quelque objet très joli.

  • 7Amour de soi, sentiment naturel qui attache chaque homme à ce qui lui est personnel. L'amour de soi est irrépréhensible, utile, et content quand nos vrais besoins sont satisfaits. Ce sont deux sortes d'amours qui sont ici toutes choses : l'un est l'amour de soi-même poussé jusqu'au mépris de Dieu, c'est ce qui fait la vie ancienne et la vie du monde ; l'autre, c'est l'amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi-même, c'est ce qui fait la vie nouvelle du christianisme, et c'est ce qui, étant porté à la perfection, fait la vie religieuse. [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 8Amour-propre, amour de soi, considéré comme un sentiment excessif pour soi et de préférence sur les autres ; opinion avantageuse de soi-même. Cet homme est pétri d'amour-propre. C'est [l'amour de la patrie] un véritable amour-propre. [St-évrem. II, 399] Depuis, le péché étant arrivé, l'homme a perdu le premier de ses amours [l'amour pour Dieu] ; et l'amour pour soi-même étant resté seul dans cette grande âme capable d'un amour infini, cet amour-propre s'est étendu et débordé dans le vide que l'amour de Dieu a laissé ; et ainsi il s'est aimé tout seul, et toutes choses pour soi, c'est-à-dire infiniment : voilà l'origine de l'amour-propre. [Pascal, Pensées] Faut-il que l'amour-propre aveugle les esprits ! [La Fontaine, Fables] L'amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions. [La Rochefoucauld, ib. 13] Si l'amour-propre était un peu plus délicat, on ne compterait pour louanges que celles qui auraient de pareils assaisonnements. [Fontenelle, Dodart.] L'homme que vous voyez si attaché à lui-même par son amour-propre, n'a pas été créé avec ce défaut. [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 9En peinture, amour, un certain duvet qui rend la toile très propre à recevoir la colle.
  • 10En maçonnerie, espèce d'onctuosité que le plâtre laisse dans les doigts.
  • 11Jeu de l'amour, sorte de jeu qui ressemble au jeu de l'oie, et qui se joue avec des tableaux et des dés.
  • 12 En termes de fauconnerie, voler d'amour se dit des oiseaux qu'on laisse voler en liberté, afin qu'ils soutiennent les chiens.
  • 13Amour en cage, nm Terme de botanique. Nom, dans certaines localités, de l'alkékenge et de son fruit.

    Pomme d'amour, tomate.

PROVERBES

Il n'y a pas de belles prisons ni de laides amours.

Froides mains, chaudes amours ; la fraîcheur des mains passe pour annoncer un tempérament ardent.

REMARQUE

1. Amour, suivi d'un complément de personne, se dit de celui qui éprouve l'affection et de celui qui l'inspire : Une mère entourée de l'amour de ses enfants ; ce sont les enfants qui aiment. Cette mère inspirée par un amour aveugle de ses enfants ; ce sont les enfants qui sont aimés.

2. Amour a été masculin et féminin dans les deux siècles derniers. Aujourd'hui il n'est susceptible de recevoir les deux genres que quand il signifie la passion d'un sexe pour l'autre ; ailleurs il est masculin. L'Amour, dieu de la Fable, est toujours masculin. Amour au singulier n'est féminin qu'en poésie. Au pluriel, il est féminin non-seulement en poésie, mais dans le parler ordinaire et dans certaines locutions. Des grammairiens ont réclamé contre la conservation de ces deux genres, disant qu'il est temps de ramener partout le singulier et le pluriel au même genre. L'Académie ne prendra pas un tel parti, et il serait fâcheux qu'elle le prît ; car cela ferait aussitôt considérer par le gros des lecteurs comme des fautes les passages de nos auteurs où amour est du féminin, grave dommage pour leur mémoire et pour notre plaisir, comme on le voit en plus d'un cas où le rigorisme mal entendu des grammairiens l'a emporté. Amour au féminin est un archaïsme ; amour, venant de amor, était féminin dans l'ancienne langue, comme tous les noms ainsi dérivés l'étaient et le sont encore : douleur, peur, etc. L'ancien français avait un excellent substantif, amorie, substantif féminin, pour exprimer le règne d'amour, les choses d'amour. Ce mot est regrettable.

SYNONYME

1° AMOUR DE SOI, AMOUR-PROPRE. Aucune distinction entre ces deux termes n'existait au XVIIe siècle, qui confondait dans une commune réprobation l'amour de soi et l'amour-propre. Mais depuis on a distingué entre ces deux expressions : l'une n'implique aucun blâme et indique simplement l'intérêt légitime qu'un homme prend à soi-même ; l'autre indique que l'amour de soi tend à passer les bornes et à s'approcher de l'égoïsme.

2° AMOUR, AMOURETTE., La différence qu'il y a du sérieux au badin, à l'égard d'un même objet, fait celle de l'amour et de l'amourette. Celle-ci amuse simplement, et celui-là occupe, GUIZOT.

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14Arbre d'amour, le cercis siliquastrum, BAILLON, Dict. de botanique, p. 247.

REMARQUE

Dans l'Ecole des maris, III, 9, Léonor, pour exprimer qu'elle a quitté le bal à cause de l'ennui qu'elle ressentait des assiduités des jeunes gens à la mode, dit : Je me suis dérobée au bal pour l'amour d'eux. Pour l'amour de signifie ici simplement : à cause d'eux. De même Malherbe : Un homme m'ayant fait un plaisir et depuis une injure.... je dois être quitte du bienfait pour l'amour de l'injure, et lui de l'injure pour l'amour du bienfait, Oeuvres, éd. Ad. Regnier, t. II, p. 173. M. A. Espagne (Rev. des langues romanes, 2e série, t. II, p. 80), qui cite ces exemples, dit que ce sont des provençalismes, le provençal disant per amor et, par contraction, parmor, pramo, à cause de : il cite aussi le patois messin où l'on trouve pr' amou que, vu que, attendu que.

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