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corne

nf (kor-n')
  • 1 Terme d'histoire naturelle. Nom d'éminences coniques et dures qui naissent sur le front des ruminants, sur le nez du rhinocéros. Les bêtes à cornes, les boeufs, les vaches, les chèvres, par opposition aux brebis et aux moutons. Un troupeau de bêtes à cornes. Son front large est orné de cornes menaçantes. [Racine, Phèdre] Un lièvre, apercevant l'ombre de ses oreilles, Craignit que quelque inquisiteur N'allât interpréter à cornes leur longueur, Ne les soutînt en tout à des cornes pareilles. [La Fontaine, Fables] On les fera passer [les oreilles du lièvre] pour cornes, Dit l'animal craintif, et cornes de licornes. [La Fontaine, ib.]

    Fig. Attaquer, prendre le taureau par les cornes, entamer une affaire par le côté le plus difficile, et aussi attaquer en face les difficultés.

    Montrer les cornes, se mettre en état de défense. M. de Fréjus commença, tout petit garçon qu'il était encore, à montrer les cornes au cardinal de Noailles. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Lever les cornes, se mettre en état d'agir contre son supérieur.

    Terme de vétérinaire. Catarrhe des cornes, affection de la membrane muqueuse des sinus frontaux du boeuf, caractérisée par l'inflammation et une sécrétion abondante de mucosités.

    Fig. Les cornes lui en sont venues à la tête, il en a été tout surpris.

    Il est aussi étonné que si les cornes lui venaient à la tête, se dit pour exprimer l'étonnement d'un homme pour quelque nouvelle, quelque événement. Contez cela au coadjuteur pour lui faire venir des cornes à la tête. [Sévigné, 161]

    Faire les cornes à quelqu'un, faire avec les doigts disposés de manière à représenter des cornes, un geste qui est un geste de raillerie et injurieux. On dit aussi dans le même sens : montrer les cornes.

    Mettre des cornes à un enfant qui ne sait pas ses leçons, qui fait mal ses devoirs, lui placer derrière les oreilles des feuillets de papier roulés en forme de cornes. Je n'ai dormi qu'un moment, Et voilà son rudiment, Le coquin m'en fait des cornes. [Béranger, Me d'école.]

    Fig. Porter des cornes, avoir des cornes, être trompé par sa femme, par allusion sans doute aux cornes, symbole de moquerie. Cocu de long et de travers, Sot au delà de toutes bornes, Comment te plains-tu de mes vers, Toi qui souffres si bien les cornes ? [Malherbe, IV, 15] Je ne veux point porter des cornes, si je puis. [Molière, L'école des maris] Voilà un hardi maraut de vouloir planter des cornes à Jupiter. [D'ablancourt, Lucien, t. I, dans RICHELET] Une femme qui ait déjà planté cornes au front de son mari. [Voltaire, Phil. III, 329]

  • 2Attribut que la mythologie donnait aux représentations des fleuves et aux satyres. Qui n'a vu dessous leurs combats Le Pô mettre les cornes bas ? [Malherbe, IV, 5]
  • 3Attribut que la légende chrétienne a donné aux diables. Le diable et ses cornes. Le Tasse, en donnant des cornes à Satan, l'a rendu presque ridicule. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Fig. Voilà qui fut fait, je lui trouvai des cornes [je le trouvai laid]. [Sévigné, 233]

    Il mangerait le diable et ses cornes, se dit l'un grand mangeur.

  • 4Corne de cerf, le bois du cerf lorsqu'il est employé dans les arts. Qui croirait avilir l'honneur de ses châteaux, Si de cinquante cerfs les cornes menaçantes N'ornaient pompeusement ses portes triomphantes ? [Delille, L'homme des champs, ou Les Géorgiques françaises]

    Terme de vénerie. Corne, la tête du chevreuil.

    Corne de narval ou de licorne de mer, dont conique, droite et longue de la mâchoire supérieure d'un cétacé.

    Terme de pathologie. Cornes cutanées, productions morbides qui s'observent chez l'homme, surtout chez les vieillards, à la face, aux mains et aux autres parties du corps habituellement découvertes.

  • 5Substance compacte, blanchâtre ou noirâtre, terne ou luisante, dure ou molle, qui revêt ordinairement des parties du corps de certains animaux.

    La partie dure qui est aux pieds du cheval, de l'âne, etc. Voyant son maître en joie, il [l'âne] s'en vient lourdement, Lève une corne tout usée, La lui porte au menton fort amoureusement. [La Fontaine, Fables]

    Substance cornée. Tabatière, peigne de corne. L'autre [porte des enfers] est faite de corne, et du sein des lieux sombres Elle donne passage aux véritables ombres. [Delille, Énéide]

    C'est de la corne, se dit d'une viande qui est dure.

  • 6Nom de différents ustensiles.

    Corne d'amorce, corne de boeuf façonnée en étui et renfermant de la poudre.

    Terme de jeux. Tenir la corne, avoir les dés et jouer pour son compte. Corne est ici pour cornet.

    Terme de vétérinaire. Donner un coup de corne à un cheval, le saigner au palais avec une corne de cerf ou de chevreuil dont le bout est pointu et affilé.

    Il n'a pas besoin qu'on lui donne un coup de corne pour avoir de l'appétit, se dit d'un homme qui mange de grand appétit.

    Petite palette en corne, dite aussi chausse-pied, dont on se sert pour mettre ses souliers.

    Instrument à vent, dont se servent les vachers et qui est ordinairement fait d'une corne. Les Romains se formaient en bataille aux éclats de la corne et du lituus. [Chateaubriand, Les martyrs, ou Le triomphe de la religion chrétienne]

  • 7Appendice assimilé à une corne.

    Petites touffes de plumes qui sont sur la tête du duc, sorte d'oiseau de nuit.

    Éminences pointues que le céraste d'Égypte [serpent] porte au-dessus de chaque oeil.

    Prolongement qui surmonte la tête ou le corselet de divers insectes. Ce cerf-volant a de belles cornes.

    Pédicules qui supportent les yeux des limaçons. Les limaçons montrent leurs cornes. À peine étais-je assis sur une de ces bornes Que deux gros limaçons me présentent les cornes. [Boursault, Merc. gal. III, 4]

    Terme de botanique. Appendices qui naissent sur la fructification de certains cryptogames. Éperons de certaines fleurs.

    Terme d'anatomie. Nom de diverses parties plus ou moins saillantes à la surface des organes dont elles dépendent. Les cornes de l'os hyoïde. Les cornes de l'utérus.

  • 8Terme du langage poétique. Corne d'abondance, corne de la chèvre Amalthée, nourrice de Jupiter, de laquelle il avait voulu, pour récompense, qu'il sortît sans cesse une abondance de toutes sortes de biens. Il le dépeignait tenant en main la corne d'abondance. [Fénelon, Télémaque] D'augustes déités Qui viennent sur les pas de la belle espérance Verser la corne d'or où fleurit l'abondance. [Chénier, Élégies]

    Corne d'or ou d'abondance. On nommait ainsi autrefois le port de Constantinople, parce que le commerce y transportait tous les produits de l'univers.

  • 9Angle saillant et recourbé comme une corne. Les cornes d'un autel antique.

    Les cornes de la charrue, nom donné au manche de la charrue, parce qu'il présente en effet deux bâtons qui vont en s'écartant l'un de l'autre comme des cornes. Nouveau Cincinnatus, on l'a vu [M. Lullin de Châteauvieux] tenir alternativement les rênes du gouvernement et les cornes de la charrue. [Bonnet, Usage des feuilles, 5e mém.]

    Chapeau à trois cornes, chapeau dont le bord a été relevé en trois parties, de manière à présenter trois pointes ou cornes. Il n'est guère en usage que chez les ecclésiastiques. Dans le chapeau d'ordonnance qu'on nomme souvent à trois cornes par suite d'anciennes habitudes, une des cornes s'est aplatie et a disparu ; il n'en reste vraiment que deux. Le capuce et la toque à trois cornes Ont extorqué des hommages sans bornes. [Voltaire, Le pauvre diable]

    Corne ducale, bonnet que portait le doge de Venise et qui avait une pointe arrondie sur le derrière.

    Faire une corne à un livre, y faire une marque en pliant le coin d'une page.

    Cornes du croissant de la lune, les parties du croissant qui sont tournées vers la région du ciel opposée au soleil. Voilà deux grandes cornes [le Péloponnèse et l'Égypte] arrachées au croissant des Turcs. [Voltaire, Correspondance]

    Terme de marine. Corne d'artimon, vergue qui porte la voile du mât de ce nom.

    Terme de géographie. Sommet anguleux d'une montagne, dit aussi aiguille et dent.

  • 10 Terme de fortification. Ouvrage à cornes, pièce extérieure, dont la tête est fortifiée de deux demi-bastions, joints par une courtine, et fermés de deux côtés par deux ailes parallèles l'une à l'autre. Prendre les dehors du plus bel ouvrage à cornes. [Sévigné, 301] C'est la prise d'un ouvrage à cornes. [Sévigné, 472]
  • 11 Terme d'architecture. Corne d'abaque, encoignure du tailloir des chapiteaux corinthiens.

    Corne de bélier, ornement qui sert de volute au chapiteau ionique composé.

    Corne de vache, espèce de voûte, en cône tronqué.

    Maison corne en coin, maison mal orientée.

  • 12 Terme de botanique. Corne de cerf, nom vulgaire de la sénebière corne de cerf et du plantain.
  • 13Corne d'Ammon, genre de coquillage fossile, en forme de corne de bélier. Voir AMMON.
  • 14 Terme de métiers. Éminence qui dépasse le rebord d'un réchaud.

    Nom de plusieurs outils de tonnelier et de charron.

    Raie blanche sur la tranche de cuir indiquant qu'il a été mal tanné.

PROVERBES

Il entend de corne, il a mangé de la vache, se dit de quelqu'un qui a mal entendu.

On prend les hommes par les paroles et les bêtes par les cornes.

+

15Synonyme de croissant, petit pain ou gâteau ainsi nommé pour sa forme.
16Nom donné dans le Midi aux bras principaux de la vigne, sur lesquels naissent les sarments fructifères.
3La Corne (avec un grand C) se dit de certains caps. Constantin qui rendit si célèbre par tout l'univers le golfe de la Corne d'or. [Journal officiel]
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