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cours

nm (kour ; quelques personnes prononcent l's, disant kours', ce qui est mauvais ; l's ne se lie pas : kou-r éternel des astres ; cependant quelques personnes lient cette s : le kour-z éternel)
  • 1Action de courir, cheminement, progrès, au propre et au figuré. Que d'un cours si rapide La victoire vous ait ramené dans l'Aulide. [Racine, Iphigénie en Aulide] C'est pour vous qu'on l'a vu, vainqueur de tant de princes, D'un cours impétueux traverser nos provinces. [Racine, Alexandre le grand] Un entretien dont le cours m'importune. [Racine, Bérénice] Et pour trancher le cours de leurs dissensions. [Corneille, Don Sanche] Pour rompre le cours à toutes les dépenses. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Il faut, dis-je, pour rompre à toute chose cours.... [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Il a arrêté le cours d'une corruption publique. [Pascal, Les provinciales] La violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre.... La violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque. [Pascal, ib. 12] Quand ce grand Dieu a choisi quelqu'un pour être l'instrument de ses desseins, rien n'en arrête le cours. [Bossuet, Oraisons funèbres] Hé quoi ! votre courroux n'a-t-il pas eu son cours ? [Racine, Andromaque] J'ai cru que votre amour allait finir son cours. [Racine, Bérénice] De mes inimitiés le cours est achevé. [Racine, Andromaque] Des exemples qui arrêtent le cours de l'iniquité. [Fénelon, Télémaque] Toutes ses passions reprirent leurs cours. [Fénelon, ib. XVI]

    Interrompre le cours d'une chose, l'arrêter, l'empêcher. Les plaisirs dont jamais le moindre remords n'a interrompu le cours. [Pascal, Les provinciales] C'est ce qui nous apprend parfaitement la dépendance perpétuelle où nous sommes de Dieu, puisque, s'il en interrompt tant soit peu le cours, la sécheresse survient nécessairement. [Pascal, Lettres] De combien de soupirs interrompant le cours, Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours ! [Racine, Britannicus] Je te vis.... Toujours de ma fureur interrompre le cours. [Racine, Andromaque] Mais un trouble importun vient, depuis quelques jours, De mes prospérités interrompre le cours. [Racine, Athalie]

    Terme de marine. Voyage de long cours, par opposition au cabotage qui se fait sans presque quitter la côte, tandis qu'on s'en éloigne tous les jours dans le voyage de long cours. On est généralement plus longtemps à se rendre de Dunkerque à Cette que de Nantes à Terre-Neuve ; mais, quelle que soit la durée du voyage, le premier est nommé cabotage ou grand cabotage, et l'autre long cours. [Legoarant] Les deux souris s'embarquent dans un vaisseau qui allait faire un voyage de long cours. [Fénelon, XIX, 57]

    Capitaine au long cours, celui qui commande les navires qui font le long cours.

    Terme de filature. L'allée et la venue de la navette, dans les fabriques de soie.

  • 2Mouvement réel ou apparent des astres. Que puisses-tu, grand soleil de nos jours, Faire sans fin le même cours ! [Malherbe, III, 4] Je n'entends point le cours du ciel ni des planètes. [Régnier, Satires] L'astre qui commence son cours. [Racine, Hymne.] Son char vide [du soleil] faisait son cours ordinaire. [Fénelon, Télémaque]
  • 3Mouvement d'écoulement, et aussi étendue que parcourt le fleuve, etc. Cette rivière a un cours rapide. Les rivières ne sont guère navigables que dans la dernière moitié de leur cours. Une rivière dont le cours, Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille, Lui fit croire d'abord ce trajet fort facile. [La Fontaine, Fables] Les bateaux qui suivent le cours d'une rivière. [Descartes, Monde, 10] Les paroles de Mentor étaient semblables à ces paroles enchantées qui calment la mer irritée, font taire les vents et les flots, et suspendent le cours des fleuves. [Fénelon, Télémaque] Le commerce est comme certaines sources ; si vous voulez détourner leur cours, vous les faites tarir. [Fénelon, ib. III] Sur un ruisseau rapide Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné ; Dans ces champs qu'il regrette, Il sait qu'en peu de jours, Ces flots que rien n'arrête Promèneront leur cours. [Béranger, Exilé.]

    Un cours d'eau, un ruisseau, une rivière. Les grands cours d'eau qui traversent l'Amérique méridionale.

    Donner cours à l'eau, lui procurer de l'écoulement.

    Donner cours à ses larmes, les laisser couler. De ses premiers sanglots laissez passer le cours. [Racine, Bérénice] Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes ; à nos sanglots donnons un libre cours. [Racine, Esther]

    Fig. Donner cours à ses transports, à sa fureur. Et laisse-moi, de grâce, attendant Émilie, Donner un libre cours à ma mélancolie. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Je veux pour donner cours à mon ardente haine.... [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Nos habitudes ouvrent nos organes et donnent aux esprits un cours facile et prompt. [Vauvenargues. Pénétration.]

    Prendre son cours, se dit d'une eau qui prend sa pente. Et fig. avoir origine. Et de là prend son cours mon déplaisir secret. [Corneille, Le Cid] La source d'où la grâce a pris son cours. [Bossuet, Dév. 1]

    Laisser passer le cours, attendre qu'une eau soit écoulée ; et fig. attendre que quelque chose ait cessé. Ulysse.... De ce premier torrent laissa passer le cours. [Racine, Iphigénie en Aulide]

    Par comparaison avec le cours d'un fleuve, on dit le cours d'une chaîne de montagnes. L'idée qu'il avait d'établir le véritable cours de la ligne des montagnes qui commence à la mer Noire, va parallèlement au Danube jusqu'au mont St-Gothard et continue jusqu'à la Méditerranée. [Fontenelle, Marsigli.]

  • 4 Par analogie. Le cours du sang. Il faut que cette humeur ait son cours. Je voudrais que du ciel le barbare secours De mon sang dans mon coeur eût arrêté le cours. [Voltaire, Zaïre]
  • 5Cours de ventre, diarrhée.
  • 6Développement, enchaînement. Le cours des saisons, des événements. Je lui prête mon bras sans engager mon âme ; Je m'abandonne au cours de sa félicité, Tandis que tous mes voeux sont pour la liberté. [Corneille, Sertorius] Les choses quelquefois prennent un autre cours. [Corneille, Nicomède] .... Mon sang rompt le cours du mal que j'avais fait. [Corneille, ib. V, 10] J'observe comme vous cent choses tous les jours, Qui pourraient mieux aller prenant un autre cours. [Molière, Le misanthrope] Ils ne peuvent prévoir le cours que prendra l'avenir. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Ce serait à moi qu'il se faudrait prendre du cours qu'ont pris vos deux lettres. [Bossuet, Lett. quiét. 141] Il n'y a qu'à laisser aller les choses leur cours naturel. [Massillon, Car. F. conf.] Il suit le cours des révolutions humaines. [Massillon, ib. Voc.] Laissant au hasard le cours des siècles et des saisons. [Massillon, Av. Noël.] Vous ne sauriez.... Conter vos malheurs sans conter mon histoire ; Et lorsque, ce matin, j'en écoutais le cours, Mon coeur vous répondait tous vos mêmes discours. [Racine, Mithridate] Désormais que ma muse, aussi bien que mes jours, Touche de son déclin l'inévitable cours. [La Fontaine, Poésies mêlées, LXIX.] Quand on est au cours des plus grandes affaires, rarement tombe-t-on dans certaines petitesses. [Vauvenargues. Sujétion de l'esprit.]
  • 7Durée. La nuit est au milieu de son cours. Le cours de notre existence. Dans le cours de la guerre. J'en romprai bien le cours [de sa vie]. [Corneille, Horace] Dans le cours d'une seule journée Je suis Héraclius, Léonce et Martian. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Mais enfin ce héros, sujet au cours des ans, A trop longtemps vaincu pour vaincre encor longtemps. [Corneille, Sertorius] Tout est vain en l'homme si nous regardons le cours de sa vie mortelle. [Bossuet, Oraisons funèbres] Puisqu'à l'âge de 99 ans j'ai assez vécu pour connaître les hommes, et que j'ai vu pendant ce cours toute sorte de personnes. [La Bruyère, Théophr. Av. propos.] Dans le cours d'environ trente ans, Marivaux donna sur la scène française et sur la scène italienne environ trente pièces, qu'il partagea à peu près également entre les deux théâtres. [D'alembert, Éloges, Marivaux.]

    Cours de la lune, le temps qui s'écoule depuis le premier quartier jusqu'à la pleine lune.

    On dit qu'une maladie a son cours quand elle passe inévitablement par certaines périodes. Je pense qu'il fallait que le mal eût son cours. [Régnier, Satires] Il faut que le reste [du mal] ait son cours, et nous comptons sur trois semaines. [Sévigné, 245]

  • 8Enseignement suivi sur une matière. Suivre un cours de chimie, d'algèbre, de littérature. Apprenez, ma fille ; faites votre cours [de médecine]. [Sévigné, 387] Outre les leçons publiques, M. Chirac faisait chez lui des cours particuliers. [Fontenelle, Chirac]

    Traité spécial sur un enseignement. Ce professeur a publié un cours de philosophie.

    Études universitaires. Ce jeune homme a fini ses cours.

    Ancien terme de jurisprudence. Recueil de lois, de canons. Cours civil. Cours canonique.

  • 9Circulation, crédit. Cette monnaie n'a plus cours. Donner cours forcé aux billets, obliger de les recevoir comme argent. Une monnaie de cuivre qui avait cours il y a deux mille ans. [Montesquieu, Lettres persanes] Semblable à une monnaie qui n'a point de cours. [Ja Bruy. I]

    Par extension, se dit des écrits ou idées qui ont circulation et crédit. Plusieurs copies qui eurent cours par la ville. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Ces ouvrages [de parti] ont cela de particulier qu'ils ne méritent ni le cours prodigieux qu'ils ont pendant un certain temps, ni le profond oubli où ils tombent. [La Bruyère, I] Les choses qui ont cours [qui sont usuelles]. [La Bruyère, XIII] Un ouvrage qui n'ait nul cours [nulle vogue]. [La Bruyère, XII] Jusqu'à ce qu'ils aient vu le cours que l'ouvrage aura dans le monde. [La Bruyère, I] Les erreurs qui ont aujourd'hui cours dans le monde. [Massillon, Myst. Visit.] Il m'apprend un jargon qui a cours dans l'Europe. [Voltaire, Les lettres d'Amabed, traduites par l'abbé Tamponet] En général la satire a peu de cours dans les grandes villes. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Donner cours à une monnaie, à un papier ; et, par extension, donner cours à un bruit, à une opinion. Le commerce de tant de peuples divers, autrefois étrangers les uns aux autres, et depuis réunis sous la domination romaine, a été un des principaux moyens dont la Providence se soit servie pour donner cours à l'Évangile. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Les manières polies donnent cours au mérite. [La Bruyère, V]

  • 10 Terme de commerce. Valeur sur le marché. Acheter des marchandises au cours de la place ou du marché. Rien n'eut cours ni crédit. [La Fontaine, Fables]

    Fig. C'est le cours du marché des affaires humaines. [Régnier, Satires] La vertu.... Se transforme aux humeurs, suit le cours du marché. [Régnier, Satires]

  • 11 Terme de bourse. Le cours est ouvert. Le cours du change, de la rente, des obligations. Les cours sont élevés, les fonds sont en hausse. Puisque le change, dans son cours, éprouve nécessairement des hausses et des baisses alternatives, il est évident que les marchands, tour à tour, donneront tantôt une plus grande somme pour une plus petite, tantôt une plus petite pour une plus grande. [Condillac, Comm. gouv. I, 17]

    Cours moyen, cours également distant du plus haut et du plus bas de la bourse courante Acheter de la rente au cours moyen.

  • 12L'étendue d'une chose en longueur. Une tapisserie de dix mètres de cours.
  • 13 Terme d'architecture. Cours de plinthe, plinthe de pierre ou de plâtre continuée dans les murs de face, à l'effet de marquer la continuation des étages.

    Cours de pannes, réunion de toutes les pannes pour faire la longueur du comble.

    Cours d'assise, rang continu de pierres dans une bâtisse.

  • 14Lieu agréable qui est un rendez-vous pour se promener à certaines heures à cheval ou en voiture, et qui est ordinairement en dehors de la ville. Au XVIIe siècle, le cours du mardi gras se tenait au bout du faubourg St-Antoine. Hyde-Park, comme on sait, est le cours de Londres. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il se promène avec des femmes à la plaine ou au cours. [La Bruyère, VII] En revenant à Paris, nous trouvâmes au cours presque toutes les filles de qualité à marier. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Nom de promenades publiques dans des villes.

  • 15 Terme de liturgie. Cours ecclésiastique, heures canoniales ou bréviaire.

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- REM. J. J. Rousseau écrit couper cours au lieu de couper court, qui est la véritable orthographe. Un avis très important et propre à couper cours au mal qu'on aura pu prévenir, J. J. ROUSS., Lett. au prince de Wirtemberg, 10 nov. 1763. Ce n'est pas couper le cours, c'est couper court, c'est-à-dire couper très court.

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