distinction
nf (di-stin-ksion ; en vers, de quatre syllabes)
- 1Action de distinguer.
Il fait transporter les blessés sans distinction de Français ou d'ennemis
. [Massillon, Oraisons funèbres et sermons]Tu sais trop la distinction des péchés véniels d'avec les mortels
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Si vous savez faire la distinction de l'état des uns et des autres
. [Bossuet, Anges.]Dans la guerre la distinction entre le héros et le grand homme est délicate
. [La Bruyère, II]Vous me trouverez sur les livres de Platon, qui traitent de la spiritualité de l'âme, de la distinction d'avec le corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter
. [La Bruyère, VI]D'où est venue dans l'Église cette distinction de ceux qui sont du monde d'avec ceux qui n'en sont pas ?
[Massillon, Car. Samar.]Si l'Évangile avait des distinctions à faire....
[Massillon, ib. Immut.]L'universalité, jointe à l'éminence des vertus guerrières, était le caractère de distinction de l'invincible Condé
. [Bouhours, Nouv. rem.]Rien n'y manque que l'intelligence et le pinceau de Rubens, la magie de l'art, la distinction des plans
. [Diderot, Salons de peinture]La distinction du bien et du mal, connaissance morale de ce qui est bon et de ce qui est mauvais.
- 2 Terme de logique. Explication des sens divers d'une proposition. Par le moyen d'une distinction, il échappera à la difficulté qu'on lui fait.
Vous n'avez pu désavouer cela, mais vous y faites une distinction
. [Pascal, Les provinciales]On a vu un semblable succès de l'opinion de tuer pour des médisances ; car elle est aujourd'hui arrivée à une permission pareille sans aucune distinction
. [Pascal, ib. 13]Que d'inutiles questions, Que de distinctions frivoles !
[Chaul. Contre l'esprit.]Les distinctions du dialecticien sont utiles dans le cours de la vie
. [Diderot, Opinions des anciens philosophes]. Entre le conseil, l'approbation et le silence, n'est-il point de distinction à faire ?
[Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]Terme de droit canonique. Titre contenant plusieurs questions.
- 3Ce qui établit une préférence, une prérogative. La distinction des rangs. Traiter quelqu'un avec distinction. Les distinctions qui plaisent à ceux qui les reçoivent offensent les autres, Trévoux.
De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Il y avait entre eux des distinctions extérieures qui empêchaient qu'on ne prît la femme du praticien pour celle du magistrat et le roturier ou le simple valet pour le gentilhomme
. [La Bruyère, VII]Il n'y a que les distinctions qui affligent dans les communautés, parce qu'elles humilient
. [Maintenon, Lettres]C'était une grande distinction, lorsque quelqu'un pouvait avoir le bonheur d'entretenir un moment Pythagore
. [Fénelon, Pyth.]Toutes les petites distinctions furent pour lui
. [Voltaire, Zadig, ou La destinée]Content de son sort, il ne désirait ni fortune ni distinctions ; et il n'en avait point obtenu, parce qu'il est plus commode de les accorder à ceux qui les demandent qu'à ceux qui savent les mériter
. [Condorcet, d'Alembert.]Un officier de distinction, officier remarqué pour son mérite.
Un personnage de distinction, personnage d'un rang élevé.
Emploi, charge de distinction, emploi important, honorable.
En un sens ironique et défavorable.
À quelles marques peut-on ici vous reconnaître, qu'à des distinctions de crime et d'ignominie ?
[Massillon, Car. Passion.] - 4Ce qui, dans la tenue, a un caractère d'élégance, de noblesse et de bon ton. Avoir de la distinction, un air de distinction. La distinction des manières.
Ce sens paraît être récent ; car on ne le trouve pas dans les auteurs anciens.
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