dos
- 1Partie du corps de l'homme et des animaux depuis les épaules jusqu'aux reins ou lombes, et qui est postérieure chez l'homme et supérieure chez les animaux. Le dos d'un cheval. Porter sur le dos. Tomber, s'étendre sur le dos.
Il faut remettre encor le harnais sur le dos
. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin]Depuis plus d'une semaine Je n'ai trouvé personne à qui rompre les os ; La vertu de mon bras se perd dans le repos, Et je cherche quelque dos Pour me remettre en haleine
. [Molière, L'amphytrion]Les mains liées derrière le dos
. [Fénelon, Télémaque]Sur le dos des gens du village Après boire il cassait les pots
. [Béranger, Enfant de la maison.]L'épine du dos, la colonne vertébrale.
Le dos au feu, le ventre à table, se dit de ceux qui, en dînant, ont le dos tourné vers un bon feu ; et, figurément, de ceux qui se donnent toutes leurs aises.
Familièrement. Il n'a pas une chemise sur son dos, une chemise à se mettre sur le dos, il n'a rien à se mettre sur le dos, se dit d'une personne extrêmement pauvre.
Dans un sens opposé. C'est une femme qui met tout sur son dos, c'est une femme qui dépense en toilette tout ce qu'elle a ou gagne.
Fig. et familièrement. Le dos lui démange, se dit d'une personne qui fait tout ce qu'il faut pour qu'on la batte.
Faire le gros dos, se dit des chats lorsqu'ils relèvent leur dos en bosse, ce qui arrive le plus souvent lorsqu'on les caresse en leur passant la main sur le dos, dans le sens de la tête à la queue, et aussi lorsque l'animal est en colère.
Par extension.
Faire le gros dos, s'est dit d'une espèce de contorsion qu'affectaient les petits-maîtres à Paris, mettant une main dans la ceinture de la culotte, et l'autre dans la veste, et par là faisant un gros dos voûté, comme un matou
. [Leroux, Dict. comique.]Qui faisant le gros dos, la main dans la ceinture, Viennent pour tout mérite étaler leur figure
. [Regnard, Le joueur]Puis m'appuyant sur Scipion et faisant le gros dos, je gagnai une salle
. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane]Fig. et familièrement. Faire le gros dos, ou faire gros dos, faire l'important, l'homme capable.
Le fils de Saumery, à force de faire l'important et le gros dos, imposait à une partie de la cour
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Plier le dos, céder. Laissez passer la bourrasque, pliez le dos. Et aussi être humble devant ses supérieurs : il n'a jamais su plier le dos.
Mettre quelque chose sur le dos de quelqu'un, l'en rendre responsable.
Je suis bien aise de savoir que le pont d'Avignon est encore sur le dos du coadjuteur ; c'est donc lui qui vous y a fait passer
. [Sévigné, 35]Cela ira sur son dos, se dit d'une perte, d'un dommage qui sera mis au compte de quelqu'un.
Il faut que tout le mal tombe sur notre dos
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]Le roi s'était flatté toute sa vie de faire pénitence sur le dos d'autrui
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Battre quelqu'un sur le dos d'un autre, faire à quelqu'un des reproches, des critiques qui retombent sur un autre. C'est sur mon dos que vous avez battu Platon.
Il se laisse tondre la laine sur le dos, se dit d'un homme trop débonnaire ou insouciant qui se laisse dépouiller, voler. Dans le même sens, se laisser manger la laine sur le dos.
Il a été battu dos et ventre, on lui en a donné sur le dos et partout, se dit d'un homme qui a été violemment battu.
Un peuple qui le pousse à bout, Et qui, dos et ventre et partout, Le batte et toute sa cohorte
. [Scarron, Virgile travesti]Être sur le dos, être couché ou alité. Voilà trois semaines que je suis sur le dos.
Tourner le dos, présenter son dos, au lieu de présenter la partie antérieure du corps.
Les sages quelquefois, ainsi que l'écrevisse, Marchent à reculons, tournent le dos au port
. [La Fontaine, Fables]La noblesse supplie le roi de réformer l'immodestie de son clergé, qui cause et parle haut et tourne le dos à l'autel
. [Sévigné, Lett. 19 janv. 1674]Fig. Tourner le dos à la mangeoire, se mettre dans une situation contraire à la chose qu'on veut faire.
Tourner le dos dans une bataille, fuir devant l'ennemi.
Ils tournèrent le dos quand tu fus assailli
. [Malherbe, I, 4]Tourner le dos, s'éloigner un moment. Je n'ai fait que tourner le dos, il était déjà parti.
Dès que j'ai eu le dos tourné
. [Sévigné, 480]Tourner le dos à quelqu'un, lui témoigner, en lui tournant effectivement le dos, son mécontentement, son mépris.
Le roi, pour toute réponse, lui tourna le dos brusquement
. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]Il tourne le dos où il veut aller, se dit d'un homme qui, au lieu d'aller où il veut, prend un chemin tout opposé.
Fig. Tourner le dos, ne pas voir, dédaigner.
Je leur tournerai le dos, et non le visage, au jour de leur perte
. [Sacy, Bible, Jérémie, XVIII, 17]Lorsque Dieu courroucé vous tournera le dos, En des feux sans lumière, en des nuits sans repos Vous expierez vos vices
. [Racan, 2e psaume.]Nous tournons le dos à la vérité
. [Bossuet, Resp. 2]Que fait donc un poëte qui finit tout ? Il tourne le dos à la nature
. [Diderot, Salons de peinture]Avoir bon dos, avoir un dos sur lequel on peut frapper fortement ; et, figurément et familièrement, avoir bon dos, être en état de supporter une perte, ou bien être insensible aux railleries.
Il ne s'agit que de mille écus ; M. Turcaret a bon dos, il portera bien encore cette charge-là
. [Lesage, Turcaret]Avoir bon dos signifie aussi ne pas s'épouvanter des reproches. Mettez les fautes sur moi, j'ai bon dos. Dans une autre nuance : On s'en prend toujours à moi [on m'accuse de tout] ; il est vrai que j'ai bon dos [que je suis souvent en faute].
Avoir le dos solide se dit comme avoir les reins solides, avoir de grandes ressources. C'est un homme qui fait cent entreprises à la fois, mais il a le dos solide, c'est-à-dire il a les capitaux suffisants.
Dos à dos, figure de danse dans laquelle le danseur et son vis-à-vis passent l'un derrière l'autre sans se regarder.
Fig. et familièrement. Mettre les gens dos à dos, renvoyer deux personnes qui sont en différend, sans donner aucun avantage à l'une ni à l'autre. Il se dit souvent dans les comptes rendus de procès : On les a renvoyés dos à dos.
Porter sur le dos, porter une charge qui est placée sur le dos. Il avait un sac sur le dos.
On dit au dos dans cette locution : avoir le sac au dos, c'est-à-dire porter le sac militaire, être soldat.
Fig. Avoir, porter quelqu'un sur son dos, en être obsédé, ennuyé.
Populairement. J'en ai plein le dos, j'en suis très fatigué, ennuyé.
Être sur le dos de quelqu'un, l'importuner, l'obséder. Il est toujours sur mon dos.
Populairement. Scier le dos de quelqu'un, l'ennuyer, le fatiguer. Il me scie le dos.
À dos, derrière soi.
J'avais à dos une campagne immense qui ne m'avait été annoncée que par l'habitude d'apprécier les distances entre des objets interposés
. [Diderot, Salons de peinture]Fig. Se mettre tout le monde à dos, avoir chacun contre soi.
Quoi, volage, prenez-vous donc Pour vous mettre à dos les jésuites.... Coquilles, rosaire et bourdon
. [Béranger, Pèler. de Lisette.]Avoir quelque chose à dos, ne pouvoir s'en séparer.
Quittons-nous cette ville unique, Nous voyageons Paris à dos
. [Béranger, J. de Paris.] - 2 Terme d'anatomie. Partie postérieure chez l'homme, supérieure chez les animaux, du tronc depuis la dernière vertèbre cervicale jusqu'à la dernière lombaire.
- 3 Terme de manége. Dos de carpe, ou de mulet, dos convexe. Dos double, dos de cheval, dans lequel on remarque un léger sillon médian.
Le dos présente une légère concavité ; s'il est trop concave, l'animal est dit ensellé. Le dos large accuse un fort développement des muscles et l'ampleur de la poitrine. Le dos court annonce beaucoup de force. Le dos long est moins fort que le dos court.
- 4 Par analogie, la partie postérieure de certaines choses. Le dos d'un habit, d'une chaise.
Qui prenaient, sur le dos de leurs chaises, de ces postures aisées et galantes qui marquent qu'on est au fait des bons airs
. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]Le dos d'un couteau, le dos d'un rasoir, la partie opposée au tranchant.
Le dos d'un billet, d'un acte, le revers.
Le dos du nez, de la main, du pied, de la langue, la partie supérieure du nez, de la main, du pied, de la langue.
Terme de botanique. Le dos d'une strie, la partie saillante. Le dos d'une graine, celle des faces qui est comprimée et tournée du côté des parois du péricarpe. Le dos d'une feuille, sa face inférieure.
Terme d'entomologie. La partie supérieure du mésothorax et du prothorax ; l'une ou l'autre de ces parties.
Le dos d'un livre, la partie opposée à la tranche.
Terme de reliure. Dos brisé, dos d'un livre tellement fait, que le livre que l'on ouvre demeure de lui-même tout ouvert.
Il leur faut des livres à dos brisés, des livres qui se tiennent ouverts sur la table
. [Lesné, la Reliure, p. 113, 1820]L'époque de l'introduction des dos brisés en France est très incertaine.... il y a à peu près cinquante ans que cette espèce de reliure est devenue de mode
. [Lesné, ib. p. 186] - 5Dans le style élevé et dans la poésie, la partie supérieure.
Cependant sur le dos de la plaine liquide....
[Racine, Phèdre]Nous montions sur le dos des vagues
. [Fénelon, Télémaque] - 6En dos d'âne, en configuration du dos d'un âne, c'est-à-dire telle qu'il y ait un talus incliné des deux côtés. Toit, pont en dos d'âne.
Les rues étroites et sans pente, quoique le terrain soit en dos d'âne, sont toujours bourbeuses
. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]Dos d'âne, ustensile dont se servent les bouchers.
Terme de marine. Dos d'âne, ouverture en demi-cercle, faite à certains bâtiments, pour couvrir le bout de la manivelle du gouvernail.
- 7 Terme de jardinage. Dos de bahut ou dos de carpe, se dit d'une certaine manière de relever le terrain d'un parterre.
- 8Dos brûlé, quadrupède du genre paresseux (achée aï).
Dos bleu, un des noms de la sittelle.
Dos rouge, nom d'un oiseau de la Guyane, le tangara septicolore (granivores).
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