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déborder

vi (dé-bor-dé)
  • 1Dépasser les bords, sortir de son lit. La Seine avait débordé et inondait les prairies. .... Le Tibre en rougit [de sang romain] et déborda des pleurs Qu'ils nous faisaient verser au fort de nos malheurs. [Mairet, La mort d'Asdrubal] Pourquoi croyez-vous plutôt que je suis malade, que de comprendre que toutes les rivières sont débordées ? [Sévigné, Lett. 12 février 1690]

    Par extension, faire éruption hors du corps. Les humeurs débordent. La bile déborde.

    Fig. La colère déborde de son coeur. Son coeur est plein, il faut qu'il déborde. Les mauvaises moeurs débordent et menacent de tout envahir.

  • 2Accourir en foule, en multitude. De là vient que Paris voit chez lui [le libraire] de tous temps Les auteurs à grands flots déborder tous les ans. [Boileau, Satires] Pour l'étouffer [la liberté] en vain la tyrannie Fait signe au nord de déborder sur nous. [Béranger, Malade.]
  • 3Dépasser le bord d'une autre chose. La plante du pied de l'éléphant est revêtue d'une semelle de cuir dur comme la corne et qui déborde tout autour. [Buffon, Éléphant.]
  • 4 Terme de marine. Quitter le bord d'un navire, en parlant des embarcations. Les chaloupes débordèrent, dès qu'elles virent le feu au brûlot.

    Déborde, terme de commandement pour ordonner à la chaloupe de s'éloigner du vaisseau.

  • 5 vt Pousser hors du lit, en parlant des eaux. C'est la Seine en fureur qui déborde son onde Sur les quais de Paris. [Malherbe, VI, 12]

    Peu usité aujourd'hui en ce sens.

  • 6Dépasser par le bord une chose. Cette pierre déborde l'autre de trois centimètres. Les eaux du Gange qui débordaient déjà leurs rivages. [Bernardin de Saint-pierre, La chaumière indienne]
  • 7Terme militaire. Dépasser le flanc d'un corps de troupes. L'avant-garde de notre flotte débordant celle de l'ennemi. Mais César, accouru des champs de la Mésie, De votre propre armée a débordé le flanc. [Rotrou, Bélisaire] Déjà, à sa gauche et a sa droite, il [Napoléon] voyait le prince Eugène et Poniatowski déborder la ville ennemie [Moscou]. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]
  • 8 Fig. Dépasser, aller au delà. Si vous soulevez le flot populaire, il vous débordera. Les chefs de l'assemblée constituante furent débordés par les sociétés des Jacobins.
  • 9Ôter la bordure. Déborder une robe, des souliers.

    Déborder un lit, faire sortir le bord de la couverture repliée sous les matelas ou au dedans du bois du lit.

  • 10Étendre ou étaler les bords d'une peau destinée à faire des gants.
  • 11Les plombiers disent déborder une table de plomb, pour dire la dresser en la coupant des deux côtés.
  • 12 Terme de marine. Déborder les avirons, les ôter des tolets.

    Déborder les voiles, en larguer les écoutes.

    Déborder un vaisseau, en enlever le bordage.

    Déborder une embarcation, la pousser au large.

  • 13Se déborder, vpron Monter au-dessus de ses bords. La mer a beau se remplir de fleuves, elle ne se déborde point. [Maucroix, Homélies, dans RICHELET] Le Rhin s'était débordé tout à coup. [Racine, Lettre à Boileau, 28 sept. 1694] Quand il [Sardanapale] vit que le Tigre, en se débordant avec violence, avait abattu vingt stades du mur et ouvert un passage aux ennemis, il comprit le sens de l'oracle et se crut perdu. [Rollin, Histoire ancienne]

    Par extension, faire éruption hors du corps. La bile se déborde.

    Fig. Cet amour-propre s'est étendu et débordé dans le vide que l'amour de Dieu a quitté. [Pascal, dans COUSIN] Le socinianisme s'y déborde comme un torrent sous le nom de tolérance. [Bossuet, Avert. 6] Pour arrêter la malice qui se déborde. [Fléchier, Oraisons funèbres] Voilà de quelle source ont dérivé tous nos malheurs ; nous allons les voir se grossir et se déborder par torrents, jusqu'à nous entraîner dans la plus profonde ruine. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]

  • 14Faire irruption, en parlant des multitudes. Ils savent que, sur eux prêt à se déborder, Ce torrent, s'il m'entraîne, ira tout inonder. [Racine, Mithridate] Il ne put d'abord arrêter le torrent qui se débordait sur sa patrie. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] C'est de la Suède que se débordèrent ces multitudes de Goths qui inondèrent l'Europe. [Voltaire, Histoire de Charles XII]
  • 15Se laisser aller à l'expansion, à des effusions. Je me déborde quand il est question de parler de vous. [Guez de Balzac, Correspondance]

    Se déborder en injures contre quelqu'un, l'en accabler. Se déborder en paroles impures et licencieuses. [Maucroix, Homélie VIII, dans RICHELET] Leur éloquence s'est débordée en invectives. [Bossuet, Bern. 2] Tant qu'ils [les comédiens italiens] n'avaient fait que se déborder en ordures sur leur théâtre, on n'avait fait qu'en rire. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 16Faire sortir, en se remuant dans son lit, le bord de la couverture de dessous les matelas. Cet enfant se déborde toujours.

    Terme de marine. Se détacher, en parlant d'un vaisseau, du bord d'un autre qui l'avait abordé ou du bord d'un brûlot. Voyant le danger où il était, il se déborda vigoureusement.

REMARQUE

Déborder, v. n., se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand il exprime l'action : la rivière a débordé aujourd'hui ; avec l'auxiliaire être, quand il exprime l'état : la riviere est débordée depuis hier.

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17Écarter du bord les bois de flottage qui s'y sont arrêtés. On déborde, à l'aide des mêmes instruments [crocs], les derniers bois restés le long du ruisseau, en commençant par le haut, Mém. de la Soc. centr. d'Agric. 1873, p. 259.
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