dégoût
nm (dé-goû, ou long, ce qui le distingue de dégout ; le t se lie : un dé-goû-t affreux ; au pluriel, l's se lie : des dé-goû-z affreux)
- 1Manque de goût, d'appétit.
Le soir elle eut un grand dégoût
. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]À quoi bon ce dégoût et ce zèle inutile ? Est-il donc, pour jeûner, quatre-temps ou vigile ?
[Boileau, Le lutrin] - 2Répugnance qu'on a pour certains aliments. Il avait un dégoût pour les choux.
Mon parrain, dès qu'il l'eut apprise [cette histoire], Me prédit le dégoût du vin
. [Béranger, Nourrice.] - 3Aversion, répugnance pour une personne ou pour une chose.
C'est donc là le dégoût qu'apporte l'hyménée
. [Corneille, Polyeucte]Il ne faut qu'un soupçon, un dégoût, un caprice, Pour en faire à sa haine un soudain sacrifice
. [Corneille, Attila]Et guérir aisément d'un dégoût qu'elle a pris
. [Rotrou, Venceslas]Il conçoit du dégoût pour les délices du péché
. [Pascal, Les provinciales]Qu'attendez-vous, chrétiens, à vous convertir ? ... ne craignez ni la maladie, ni les dégoûts, ni les tentations, ni les peines les plus cruelles
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Si vous avez un dégoût général de tout ce qui vous éloigne de Dieu
. [Fléchier, Sermons de morale]M. de Louvois paraît désolé de ce que son crédit commence à tomber ; il m'envie ma faveur et m'attribue les dégoûts du roi
. [Maintenon, Lettres]Ce dégoût naturel que nous avons de la prière
. [Massillon, Car. Prière, 1].... L'outrage qu'elle [une religieuse infidèle] ajoute à ses infidélités, et au dégoût où elle est tombée de son état
. [Massillon, Profess. relig. 2]Cette raison [le peu d'usage de la prière] n'est pas si générale, qu'on ne voie souvent les âmes les plus fidèles à la prière éprouver constamment ces dégoûts
. [Massillon, Car. Prière, 1]Je n'ai lu qu'avec un extrême dégoût ses vers grossiers [d'Horace] contre des vieilles et contre des sorcières
. [Voltaire, Candide, ou L'optimiste]C'est là le point de l'ennui le plus profond, de cet horrible dégoût de soi-même, qui ne nous laisse d'autre désir que celui de cesser d'être
. [Buffon, Nature des animaux.]Mais comment expliquer ces lugubres accès, Ce dégoût des humains, cette pâleur mortelle ?
[Ducis, Hamlet] - 4Déplaisir, mortification.
M. de Coulanges a essuyé un violent dégoût
. [Sévigné, 235]On ne voudra pas donner un tel dégoût à notre gouverneur
. [Sévigné, 511]Mille dégoûts viendront, dit le prophète ermite ; Il en vint en effet, l'ermite n'eut pas tort ; Mainte peste de cour fit tant par maint ressort Que la candeur du juge, ainsi que son mérite, Furent suspects au prince....
[La Fontaine, Fables]N'admirez-vous point que nous nous trouvons heureux d'avoir repassé le Rhin, et que ce qui serait un dégoût s'il [Turenne] était au monde, nous paraît une prospérité, parce que nous ne l'avons plus ?
[Sévigné, 203]Combien d'âmes ont été comme arrachées à Jésus-Christ par ces dégoûts qu'on leur a donnés ?
[Fléchier, Sermons de morale]Notre premier duc de Piney est fort connu par ses deux ambassades à Rome où il reçut tant de dégoûts
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Le monde a ses dégoûts comme la vertu
. [Massillon, Car. Dégoûts.]Les confrères [les conseillers] les accablaient de dégoûts
. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]Afin que la cour de Turin, qui n'a pas voulu le retenir, et qui est pourtant fâchée de l'avoir perdu, ne s'imagine pas que M. de la Grange, en arrivant à Berlin, ait commencé par essuyer un dégoût apparent
. [D'alembert, Lett. au roi de Prusse, 12 sept. 1766]
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