enchanter

• 1Produire une opération surnaturelle sur quelqu'un ou quelque chose par des paroles magiques. Armide enchanta la forêt. Merlin enchanta le chevalier. Assoupis le dragon, enchante la princesse. [Corneille, La toison d'or] Quelque divinité ennemie avait enchanté mes yeux ; je croyais voir Ithaque. [Fénelon, Télémaque]
• 2Agir sur les hommes par une action comparée à un enchantement. Les faux prophètes les enchantent par les promesses d'un règne imaginaire. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Leur subtil conducteur [Cromwell], qui, en combattant, en mêlant mille personnages divers, vit qu'il avait tellement enchanté le monde qu'il était regardé de toute l'armée comme un chef envoyé de Dieu. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il faut d'un peuple fier enchanter les esprits. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Jeune, sensible, ardent, tel qu'il frappa mes yeux. Quand seul il enchantait et la terre et les cieux. [Ducis, Abufar ou La Famille arabe]

  Se laisser enchanter, ne pas résister à ce qui charme, captive.

  Il se dit des choses en un sens analogue. [Il] va de sa part enchanter ses ennuis. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin] Avant qu'elle enchantât ma vie, Devant moi l'amour s'envolait. [Béranger, Qu'elle est jolie.]

• 3Causer un très vif plaisir. Cette musique, cette pièce m'a enchanté. Vos paroles.... vos regards... votre action et votre ajustement ont je ne sais quel air de qualité qui enchante les gens. [Molière, Critique de l'école des femmes] Là pour nous enchanter tout est mis en usage ; Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage. [Boileau, L'art poétique]
• 4Rendre charmant. Il [l'amour] enchante ces lieux par un charme invincible. [Voltaire, La Henriade]
• 5S'enchanter, vpron Être ravi, enchanté. Il s'enchantait de l'idée qu'il était l'idole du peuple.

  Se plaire vivement l'un à l'autre. Dès la première entrevue, ils se sont enchantés tous les deux.