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enfiler

vt (an-fi-lé)
  • 1Passer un fil dans le trou d'une aiguille, d'une perle, etc. Enfiler une aiguille, un chapelet.

    Fig. et familièrement. Ce n'est pas pour enfiler des perles, c'est-à-dire ce n'est pas en vain, ce n'est pas sans quelque motif caché. Est-il temps d'enfiler des perles, Et d'aller à la chasse aux merles ? [Scarron, Virgile travesti]

    Cela ne s'enfile pas comme des perles, se dit de certaines choses qui sont plus difficiles à faire qu'elles ne paraissent.

    Terme d'épinglier. Passer la tête d'une épingle à l'endroit où elle doit être rivée.

  • 2Percer de part en part. Macartney, qui lui servait de second [à Mohun], enfila le duc d'Hamilton par derrière et s'enfuit. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]
  • 3Enfiler un chemin, une rue, s'y engager. Vous enfiliez tout droit, sans mon instruction, Le grand chemin d'enfer et de perdition. [Molière, L'école des femmes] Vous vous imaginez bien qu'au lieu de prendre la route du cheval noir, nous enfilâmes celle de la maison où était Ortiz. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane]

    Enfiler la venelle, se sauver vite.

    Absolument. Enfiler à droite, à gauche, prendre le chemin qui est à droite, à gauche.

    Fig. Heureusement que je m'aperçus que j'enfilais une fausse route qui m'égarait dans un labyrinthe immense. [Rousseau, Les confessions]

  • 4Raconter, débiter. Quand un plaideur s'en vient m'enfiler son procès, Quelque cause aussitôt m'épargne un mal de tête. [La Fontaine, l'Eun. v, 2] Si le mari ne s'était fait connaître, Elle en allait enfiler beaucoup plus ; Courte n'était, pour sûr, la kyrielle. [La Fontaine, Mari confess.] Tandis qu'Éneas enfila Le discours civil que voilà. [Scarron, Virgile travesti] Parlez, sotte ; enfilez la harangue. [Corneille Th. Geôlier de soi-même, IV, 4] Madame proteste qu'elle n'a jamais rien dit ni fait qui pût déplaire, et enfile des plaintes et des protestations. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Habiller la fable en histoire, Et, causant toujours de mémoire, Propos sur propos enfiler, Vous croirez que ce caractère Est facilité de parler ; C'est impuissance de se taire. [Rousseau J.-b. Lettres, t. I, p. 207, dans RICHELET] À l'appui de ce mensonge j'en enfilai cent autres. [Rousseau, Les confessions] Si je t'enfile encore celle-là [cette histoire], tu n'en seras jamais quitte. [Courier, Lettres de France et d'Italie]
  • 5 Familièrement. Engager dans une partie de jeu désavantageuse. Un escroc l'a enfilé dans un tripot et lui a fait perdre dix mille francs.

    Populairement. Tromper, enjôler. Noailles, Effiat et Canillac avaient enfilé les moeurs faciles du régent à la servitude du parlement. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Le comte à part : Il veut rester ; j'entends.... Suzanne m'a trahi. - Figaro : Je l'enfile et le paye en sa monnaie. [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]

  • 6 Terme de trictrac. Prendre de suite, et comme s'ils étaient attachés ensemble, un grand nombre de trous. Je sais dans un trictrac, quand il faut un sonnez, Glisser des dés heureux, ou chargés, ou pipés ; Et quand mon plein est fait, gardant mes avantages, J'en substitue aussi d'autres prudents et sages, Qui, n'offrant à mon gré que des as à tous coups, Me font en un instant enfiler douze trous. [Regnard, Le joueur]
  • 7 Terme d'artillerie. Battre dans le sens de la longueur. Le feu de la place enfile cette tranchée. Enfiler la face, le flanc d'un bastion. Enfiler le chemin couvert.

    Terme de marine. Tirer en enfilade sur un bâtiment.

    Par extension. Lorsque ces combes se trouvent situées de manière à être enfilées par les vents froids et humides.... [Buffon, Exp. sur les végét. 2e mém.]

  • 8Donner sur, être ouvert sur, en parlant de communications. Vis-à-vis les pieds du lit une porte, puis un fort grand cabinet qui donnait dans l'appartement de jour de monseigneur le duc de Bourgogne, que cette porte enfilait. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]
  • 9S'enfiler, vpron Être enfilé. Cela s'enfile de la sorte.

    Se percer l'un l'autre d'une épée, d'une arme. Les deux adversaires, se précipitant l'un sur l'autre, se sont enfilés.

    Terme de jeu. S'engager dans une mauvaise veine, s'engager dans une perte considérable.

    Terme de trictrac. S'enfiler, se faire enfiler, se laisser enfiler, disposer son jeu de telle sorte qu'on ne puisse plus jouer soi-même, et qu'on soit constamment battu, tandis que l'adversaire prend de suite un grand nombre de trous. Il se laissait enfiler, que c'était une bénédiction. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

+

ENFILER.
9Ajoutez :

S'enfiler, s'engager à tort dans quelque entreprise. Que lui prend-il à Ribot de s'enfiler dans les sujets sacrés ? [Bürger, Salons de 1861 à 1868, t. II p. 191]

10Enfiler, faire suivre, rattacher, composer de choses qui se suivent. Il se trouvera toujours quelque origine de l'origine, qui nous enfilera de sorte les uns aux autres que jamais il ne s'y trouvera de fin. [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne] La suite de nos cupidités est comme celle des causes, de qui les stoïciens tiennent que les destins sont enfilés. [Malherbe, ib.]

vpron Il ne peut ni prévoir les choses futures, ni se ramentevoir les passées, et partant il n'en peut savoir les conséquences ; or c'est de cela que s'enfile l'ordre et l'entresuite des choses. [Malherbe, ib.]

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